Bilan mitigé pour les «Amis de la Syrie» à Istanbul – Par Anaïs Leleux
Malgré l’approbation par le président Bachar al-Assad du plan Annan, la répression se poursuit en Syrie. Réunis à Istanbul ce dimanche, les 74 pays « Amis de la Syrie » ont cherché, avec le Conseil national syrien, des moyens de sortir de l’impasse. La Russie et la Chine, elles, avaient décliné l’invitation.
« Bachar nous mène en bateau » lance, dimanche, à Istanbul Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères. Il est nécessaire de « soutenir le droit à la légitime défense du peuple syrien » renchérit Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc. Certes. Mais, concrètement, comment s’y prendre ? Retour sur une conférence au bilan pour le moins mitigé.
Les avancées
– Un salaire pour les militaires : Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition a annoncé qu’il verserait désormais un salaire aux membres de l’Armée syrienne libre (ASL): « Le CNS va prendre en charge le paiement des salaires fixes de tous les officiers, soldats et résistants membres de l’ASL » a-t-il déclaré.
-L’amélioration des moyens de communication : Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, l’a affirmé : les États-Unis fourniront du matériel de communication à l’opposition syrienne, « notamment dans les zones coupées du reste du monde ».
-Les limites du plan Annan : « Nous sommes tous d’accord là-dessus, il faut fixer une limite dans le temps à l’action » de Kofi Annan, a estimé Alain Juppé. Si le chef de la diplomatie française n’a pas souhaité donner d’échéance précise, il a indiqué en revanche qu’il ne serait pas question « de mois, ni de semaines, mais de quelques jours. »
Les déconvenues
-La reconnaissance : Le Conseil national syrien (CNS), qui attendait des « Amis de la Syrie » qu’ils le reconnaissent comme «unique interlocuteur syrien de la communauté internationale» a rapidement déchanté. Les 74 pays en présence n’en ont fait que leur « principal interlocuteur ». Ils appellent néanmoins tous les opposants à rejoindre cette coalition.
-L’armement : Pays occidentaux et arabes sont toujours divisés sur la question de l’armement. Alors que le CNS continue à réclamer des armes, de nombreux pays –États-Unis en tête- refusent de leur en fournir. Pour Ammar al-Wawi, le secrétaire du conseil militaire de l’ASL, ceci ne fait que « prolonger la vie » du régime.
-L’arrêt des violences : Aucune mesure concrète permettant l’arrêt immédiat des violences n’a été prise. Preuve s’il en est, lundi, le régime syrien pilonnait toujours les bastions rebelles. « La réunion des ‘ennemis de la Syrie’, malgré tout le tapage médiatique (…) a montré qu’elle était incapable d’ébranler la détermination des Syriens et leur refus d’une intervention étrangère », écrit Al-Baas, journal du parti au pouvoir.
Bilan
Les pays présents n’ont pas exclu un retour devant le Conseil de sécurité de l’ONU, « si les tueries continuent » (elles durent depuis un an). Mais c’est sans compter l’obstination de Moscou et Pékin, qui ont déjà opposé leurs vétos à deux reprises. Voir les résolutions condamnant la répression annulées par leur intervention est à nouveau envisageable. Ce qui pourrait faire les affaires du régime syrien. Comme l’a justement fait remarquer Burhan Ghalioun, tant que la communauté internationale sera divisée, Bachar Al Assad pourra continuer à bombarder la population. Plus que jamais, il apparait donc nécessaire de coordonner les sanctions américaines, européennes et celles de la Ligue arabe.