Communiqué des fils et filles de Deir et Zor

Article  •  Publié sur Souria Houria le 9 janvier 2017

Communiqué des fils et filles de Deir et Zor

A propos de la protection des civils de cette zone contre la mort causée par les opérations militaires

 

Au Secrétaire Général des Nations Unies

Aux membres du Conseil de Sécurité

A M. Staffan De Mistura, représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Syrie

A la présidence de la Ligue arabe et aux représentants des Etats arabes en son sein

Au gouvernement de la République turque, garant de l’opposition syrienne dans l’accord de cessez-le-feu

Aux garants du cessez-le-feu en Syrie

A la direction de la Coalition contre l’« Etat islamique »

 

 

Nous les fils, les activistes, les élites de Deir e Zor, ainsi que ses structures civiles, sociales, médiatiques, populaires, religieuses, politiques et révolutionnaires

 

Nous vous adressons cet appel pour arrêter le massacre de nos frères et de nos femmes à Deir e Zor :

 

« Notre ville souffre d’un double siège, d’une part le siège imposé par le régime syrien et d’autre part celui imposé par Daach. Les civils sont pris pour cible par ces deux forces, que ce soit par le siège ou par le bombardement sous toutes ses formes, y compris par des armes interdites internationalement, comme les bombes à sous-munitions, le phosphore, ou par des mises à mort à l’arme blanche, par le feu ou encore sous la torture par Daach, qui pratique contre ce peuple toutes les formes du meurtre, des disparitions forcées et de la violence physique et psychologique.

 

Nous vous transmettons les souffrances et le besoin de secours de 600,000 civils pris au piège du siège imposé par le régime et par Daach. Il y a environ 100,000 personnes assiégés dans les zones tenues par le régime à Deir e Zor, et les autres sont pris sous le feu de Daach, qui fauche des enfants, des femmes et des personnes âgées chaque jour. Ils se trouvent sans refuge, sans nourriture, sans eau, sans aucune des nécessités de base pour une vie humaine avec un tant soit peu de dignité.

 

C’est pourquoi nous vous demandons instamment, selon les normes humaines et d’après les accords internationaux comme les Conventions de Genève sur les Droits de l’Homme, d’intervenir et d’agir pour empêcher ces massacres et pour garantir la protection des civils dans les zones de conflit. Ceci d’autant plus que Daach a pris les civils comme boucliers humains et a établi ses bases parmi les maisons des civils, et a emprisonné des centaines de personnes. Malgré les efforts des Nations Unies pour fournir une aide aéroportée aux zones assiégées, la majorité des aides a été détournée par le régime et ses alliés, tandis que les civils continuaient à souffrir du siège. Nous sommes au 21ème siècle, qui devait être le siècle de l’humanité, de la liberté, mais ce peuple entier est massacré, pris en otage par un régime criminel qui ne fait pas la différence entre les humains et les pierres, et ne recule pas devant le meurtre sous quelque nom que ce soit, et sans aucun frein juridique ou moral.

Ce peuple est massacré y compris à l’arme blanche, par le feu, par le démembrement, sous les yeux du monde entier, puis ce sont les avions du régime et de ses alliés, ainsi que la coalition internationale contre Daach, qui achèvent le travail sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. Or le terrorisme, c’est bien le peuple de Deir e Zor eux-mêmes qui en souffre le plus. C’est pour cela que nous répétons notre demande de protection pour les civils, qui ne sont en aucune manière un soutien pour Daach et son idéologie. Nous vous plaçons devant vos responsabilités humaines, morales et juridiques, face aux civils pris au piège dans cette zone de Syrie, et face aux Syriens dans leur ensemble, dans toutes les régions, sur la base de votre compréhension profonde de ce à quoi aspire le peuple syrien : une vie libre, digne, en partenariat avec le reste de l’humanité. »