Deir ez-Zor, la “capitale alternative” de Dâ‘esh par Caroline Akoum

Article  •  Publié sur Souria Houria le 21 janvier 2017

L’organisation fanatique livre depuis quelques jours des combats acharnés pour s’emparer de la ville de Deir ez-Zor et de sa région… Leur chute serait une perte considérable pour le régime Assad.

in Al-Sharq al-Awsat, 21 janvier 2017

traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier

Jadis symbole de la ville de Deir ez-Zor, l’élégante passerelle piétonnière [encore] appelée « Pont des Français », qui enjambait l’Euphrate, a été détruite…

Tandis que l’organisation Da ‘esh connaissait revers sur revers à Mossoul, en Irak, elle lançait sa bataille « décisive » à Deir ez-Zor (sur l’Euphrate, en Syrie), la plus grande ville de l’est syrien, il y a de cela environ une semaine, au cours d’une offensive qui a été qualifiée de « la plus violente depuis près d’un an », tandis que l’organisation terroriste parvenait à prendre en tenaille les réduits du régime syrien dans cette ville (notamment son aéroport militaire). La perte de cette région qualifiée par Dâ‘esh de « vilayet de Cocagne »  a laissé des traces, pour le régime, quelques jours seulement avant la réunion du « sommet d’Astana » et quelques semaines après ce qu’il a considéré être « sa » « victoire » à Alep…

Le quotidien américain Wall Street Journal a considéré que le fait que Dâ‘esh ait réussi à couper les lignes d’approvisionnement du régime syrien en seulement quelques jours dans la région orientale de la Syrie riche en pétrole et à isoler l’aéroport militaire de Deir ez-Zor des autres quartiers de la ville constitue une pression supplémentaire pesant sur le régime syrien et un « répit » pour une organisation islamiste aujourd’hui à l’agonie dans d’autres lieux du monde arabe. Cette bataille « ajournée » a mis le régime syrien, qui se voit contraint de disperser ses « efforts guerriers » entre de multiples fronts face à une nouvelle impasse, ce qui l’a (même) amené à solliciter l’aide de la population locale (!), tandis que l’organisation islamiste recourt pour l’essentiel à l’envoi de kamikazes lors d’attaques tous azimuts, indique l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme.

 

L’intervention du « Hezbollah »

En face, les alliés du régime Assad se sont mis en état d’alerte ces dernières heures, afin de le soutenir à Deir ez-Zor. L’on a noté une arrivée importante d’hommes de ce qu’il est convenu d’appeler le « parti de Dieu » (Hezbollah) libanais sur cette ligne de front, concomitamment à une intensification des bombardements russes, notamment après que Dâ‘esh eut été à deux doigts de pénétrer sur l’aéroport militaire. L’agence de presse italienne AGI (Agenzia Giornalistica Italiana) a fait état de l’envoi par le soi-disant « Hezbollah » de « renforts prélevés dans la région d’Alep, ainsi que dans d’autres régions syriennes, dans les environs de l’aéroport [de Deir ez-Zor] afin d’en empêcher la chute [aux mains de Dâ‘esh] ». Cette même agence a également évoqué « une avancée de Dâ‘esh dans plusieurs quartiers de la ville, mettant plusieurs d’entre eux en état de siège et coupant la route reliant cette ville à son aéroport militaire ». Selon un expert militaire libanais, le colonel (à la retraite) Khalil al-Hélou, il y a plusieurs explications possibles à cette offensive de Dâ‘esh contre Deir ez-Zor dans le contexte actuel. Il a expliqué à notre journal [Al-Sharq al-Awsat], lorsque nous l’avons rencontré, que « cette région est d’une grande importance stratégique pour l’organisation Dâ’esh, le désert oriental syrien occupant une position médiane entre la ville [irakienne] de Mossoul (encore en partie occupée par Dâ’esh, ndt) et la ville [syrienne] de Raqqa (« capitale » du « califat » autoproclamé du chef de Dâ’esh Al-Baghdâdî, ndt). Par conséquent, il est possible que l’organisation vise à faire de Deir ez-Zor une capitale de remplacement après la perte de Mossoul. La ville de Deir ez-Zor est tout aussi stratégique pour le régime syrien, qui y contrôle une base aérienne dans l’enceinte de l’aéroport militaire, où se trouvent également plusieurs centres de la Garde républicaine, de la Défense populaire et d’autres milices [supplétives] qui combattent à ses côtés, dans la ville et dans sa région. La prise pour cible de l’aéroport de Deir ez-Zor par Dâ’esh s’explique ainsi au premier chef par sa volonté de couper l’acheminement [exclusivement aérien] en vivres [pour la ville de Deir ez-Zor] qui passe obligatoirement par cet aéroport. Les bombardements d’artillerie intensif que ses pistes ont subis ces derniers jours ont d’ailleurs entraîné sa mise hors service totale ».

De son côté, un expert ès-stratégie, le Dr Sâmî Nâdir, qualifie la région de Deir ez-Zor « de toute première importance stratégiquement » en raison de sa position proche de la frontière irakienne, et ce, d’autant plus que la question de la principale influence qui s’exerce (historiquement) sur elle (influence syrienne, ou influence irakienne ?) n’a encore jamais été réellement tranchée jusqu’à ce jour. M. Nâdir a explicité lors d’une interview accordée à notre journal qu’« en ce qui concerne l’Iran, sa principale préoccupation stratégique est de s’assurer du contrôle de la région frontalière entre l’Irak et la Syrie afin d’y imposer son influence. Mais cela entre naturellement en contradiction avec les intérêts stratégiques de la Russie et cela se heurte au refus absolu de la Turquie, ce pays étant fondamentalement hostile à l’instauration du fumeux « arc chiite » qui est l’objectif ultime poursuivi par Téhéran. Partant de là, l’expert affirme que le plus important, face à ce qu’il considère être un déclin de l’organisation Dâ‘esh dans la dernière période, reste la question de savoir quel est le camp qui se chargera d’expulser Dâ‘esh des régions que cette organisation contrôle encore, et quel est celui d’entre eux qui remplira par la suite le vide ainsi créé.

 

 

La plus violente offensive de Dâ’esh contre Deir ez-Zor depuis un an  

L’organisation, qui a lancé samedi dernier sa plus « violente » offensive contre Deir ez-Zor depuis un an, a réussi à séparer les quartiers de la ville contrôlés par le régime en deux parties et à isoler l’aéroport militaire de la ville. Celui-ci est considéré comme la seule bouteille d’oxygène  restante pour les forces du régime, car c’est à travers cet aéroport que celles-ci obtiennent leurs fournitures militaires et leur ravitaillement alimentaire. L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme a fait observer qu’après que Da‘esh ait réussi à isoler l’aéroport militaire de la ville, le régime a fait venir à Deir ez-Zor des renforts militaires par la voie des airs et qu’il a exhorté les habitants de la ville à participer au combat sur les principaux fronts, bien que la plupart d’entre eux n’ait reçu aucune préparation militaire.

A la suite de violents combats, le programme mondial pour l’alimentation des Nations Unies a annoncé qu’il suspendrait provisoirement le parachutage d’aides vitales sur Deir ez-Zor, alors qu’il secourait ainsi depuis le mois d’avril 2016 les civils assiégés dans les quartiers soumis à la domination du régime, dont le nombre est évalué à 100 000 personnes, selon l’ONU.

Par ailleurs, un chef militaire de haut niveau du régime syrien s’étant adressé à l’Agence Allemande de Presse a qualifié la situation régnant sur le terrain à Deir ez-Zor d’« extrêmement difficile », faisant observer que « les forces de l’armée syrienne et des combattants appartenant à diverses tribus arabes combattent toujours sur les divers axes d’engagement sous une couverture aérienne assurée par les avions de guerre syriens et par l’aviation russe ». Cette même source a fait état de la difficulté d’utiliser l’aéroport de Deir ez-Zor et du fait que les avions de guerre et les hélicos appuyant les forces actives au sol peuvent être atteints par des tirs depuis que l’organisation terroriste Dâ‘esh a pris le contrôle de la montagne d’Al-Tharda (qui surplombe l’aéroport, ndt).

 

Les répercussions de la libération de Mossoul

En dépit de la poursuite des combats à Mossoul, M. Al-Hélou pense que les réalités militaires montrent que cette ville va tomber, mais pas avant un certain temps. En effet, beaucoup de terrain reste à conquérir pour pouvoir la contrôler en totalité. M. Al-Hélou a ajouté : « Bien entendu, cela n’a pas échappé à Dâ‘esh, qui n’a plus devant lui que Deir ez-Zor comme possible refuge lorsqu’il aura été contraint de quitter le territoire irakien. Et cette ville répond à ses objectifs en raison de son éloignement qui la met à l’abri du danger d’être attaquée par les forces du régime syrien. Elle est aussi suffisamment éloignée de Mossoul et de Ninive, du côté irakien de la frontière, et ce, alors même que la situation géographique des Kurdes ne leur permet pas de l’attaquer, même s’ils n’en sont éloignés que d’une soixantaine de kilomètres.

Et tandis que l’expert libanais considère que l’échec de l’organisation à prendre et à garder le contrôle de Deir ez-Zor ne ferait qu’accélérer le compte à rebours vers sa perte en tant que soi-disant « État », il affirme que sa chute ne fera qu’entériner le fait que Dâ‘esh aura bel et bien réussi à se protéger lui-même durant une longue période qui approchera les deux années, ce qui représentera une grave défaite morale pour un régime qui ne cesse de se vanter de ce qu’il a considéré être sa « victoire » à Alep, ajoutant : « Cela ne fera que permettre à Dâ‘esh de tirer profit des forces militaires dépendant de lui dans la région sur d’autres fronts pour renforcer grâce à celles-ci ses positions à Raqqa et à Al-Bâb, où il est également confronté à de grandes batailles ».

Dans le peu de clarté actuel des projets en matière de Syrie du nouveau président américain Donald Trump, M. Al-Hélou considère qu’une intervention américaine, s’il devait en prendre la décision, aurait pour effet de renverser les équilibres actuels, ajoutant :

« Mais, jusqu’à présent, la situation reste obscure et une intervention américaine requiert en contrepartie un prix politique ». De son côté, M. Nâdir pense que c’est à Deir ez-Zor que se déplacerait la bataille de Mossoul, même si l’organisation Dâ‘esh s’efforce actuellement d’en prendre le contrôle et de le conserver, ajoutant : « Il faut attendre que le nouveau plan de l’Amérique pour la Syrie soit plus clair, même si la participation des avions de la Coalition [occidentale] aux combats récents, aux côtés de la Russie, était quelque chose de notable. Il pense que Deir ez-Zor sera le dernier épisode de la lutte contre Dâ‘esh et que son importance équivaudra, voire dépassera, celle de Raqqa, ressemblant à celle de la ville irakienne de Tall Aafar, principal point de passage utilisé par Dâ‘esh pour passer de Syrie en Irak, et vice-versa.

 

Quelle est la situation à Deir ez-Zor, aujourd’hui ?

Depuis 2014, Dâ‘esh contrôle plus de 60% de la ville de Deir ez-Zor, qu’il assiège de manière hermétique depuis le début de l’année 2015. Il s’agit de ce fait de la seule ville syrienne où l’organisation terroriste assiège des forces du régime syrien. Une étude publiée avant-hier par l’institut de recherche britannique « IHS Market » indique que Dâ‘esh a perdu en 2016 près du quart (23%) de la superficie qui étaient sous son contrôle tant en Syrie qu’en Irak, connaissant un recul au sujet duquel l’institut a dit qu’il menaçait la « cohésion » de Dâ‘esh, ajoutant qu’au cours de l’année passée, 2016, la superficie du « khalifat » allégué proclamé par l’organisation terroriste dans ces deux pays a régressé, passant de 78 000 km2 à 60 400 km2 (soit approximativement la superficie de la Corée du Nord). La superficie des terrains soumis à son contrôle avait régressé de 14% au cours de l’année 2015, passant de 90 800 km2 à 78 000 km2.

Un analyste de cet institut, M. Colomb Strack, a indiqué dans l’étude déjà mentionnée que « l’organisation a pâti en 2016 de pertes sans précédent en matière de terres, notamment dans des régions essentielles pour son projet [visant à gouverner une partie du territoire syrien] ». L’organisation fanatique a subi ce recul « en dépit de sa reprise de contrôle de Palmyre en décembre 2016 », Palmyre, cette ville antique syrienne inscrite au classement du Patrimoine mondial de l’Unesco, « à la suite d’une contre-offensive-éclair ». Rappelons que les principales localités perdues par Dâ‘esh en 2016 ont été Dâbiq et Manbidj, en Syrie, et Al-Ramâdî et al-Fallûja, en Irak.

L’étude considère que la perte de ces territoires a entraîné des divisions au sein des rangs des combattants de Dâ‘esh quant à la manière de répliquer à ces défaite, ce qui menace la cohésion de l’organisation terroriste. En ce qui concerne la ville de Mossoul, le dernier principal bastion de l’organisation en Irak, l’étude considère que les forces armées irakiennes sont en mesure de reprendre cette ville dans sa totalité « avant la fin du premier semestre 2017 ». Quant à la possibilité de repousser l’organisation de la ville syrienne de Raqqa, son principal bastion en Syrie, c’est une mission qui semble bien plus difficile à mener à bien qu’à Mossoul, car la ville de Raqqa est véritablement « le cœur de l’organisation de l’ainsi dit État islamique ».

Depuis le début de la crise, l’opposition syrienne a livré à Deir ez-Zor des combats acharnés contre Dâ‘esh, qui ont bien failli l’en chasser, jusqu’à ce que se produisent des combats entre certains éléments de Dâ‘esh, d’un côté, et de l’autre le Front des Hommes Libres de Syrie (Jabhat ’Ahrâr al-Shâm), du Front de la Victoire (Jabhat al-Nuçra) et de l’Armée Syrienne Libre (Al-Jaysh as-Sûriyy al-Hurr). Le 20 juillet, l’organisation a réussi à prendre le contrôle de Deir ez-Zor e à en chasser toutes les autres formations militaires (de l’opposition syrienne), après quoi l’organisation a détruit les principaux monuments et mausolées de la ville, interdisant les conseils locaux et les associations de secours et d’information, à l’exception de celles qui avaient accepté de travailler sous sa supervision, menaçant de prison ou de mort quiconque n’aurait pas obtempéré à ses instructions.

 

Les ressources pétrolières

Selon un communiqué du Réseau Syrien des Droits de l’Homme, l’organisation Dâ‘esh tire profit d’une grande partie des ressources gazières et pétrolières de la Syrie de manière générale, et de la région de Deir ez-Zor en particulier, tandis que le régime Assad possède beaucoup moins de ressources pétrolière que les autres protagonistes du conflit, cela, après des décennies de pillage permanent par ledit régime de cette importante ressource naturelle. Cela montre l’importance stratégique de la bataille pour Deir ez-Zor pour les deux camps antagonistes.

Le rapport du « Réseau des Droits de l’Homme » précité explique que Dâ‘esh a recours principalement au négoce du pétrole pour financer ses activités tant militaires que civiles. L’organisation verse à ses combattants des soldes mensuelles bien plus importantes que toutes les autres factions armées. De même il a laissé certains puits de pétrole de moindre importance aux mains de tribus locales évoluant dans leur proximité, afin d’en acheter l’allégeance. Des responsables ayant fait défection [du régime syrien] ont indiqué au Réseau précité que la plus grande partie des revenus du pétrole, en Syrie, n’entrait en aucune manière dans le budget général de l’État. Ces revenus étaient en effet volés par la famille régnante (les Assad et autres Makhlûf, ndt). Ces revenus, selon les statistiques officielles des ressources énergétiques mondiales publiées par la société pétrolière BP (British Petroleum) atteignaient près de 385 000 barils/jour en 2010. Les revenus tirés du pétrole par la famille Assad lui servaient à honorer les dépenses personnelles des membres du clan en produits de luxe, une partie importante étant réservée aux salaires des nervis des shabbîha et des milices au service de la famille régnante chargées de maintenir la chape de plomb sur la République sécuritaire dictatoriale et pour se livrer à des actions terroristes destructrices visant à saper la stabilité de l’ensemble des pays du Moyen-Orient, ainsi que, paradoxalement, dans les départements syriens (seule une petite partie de ces revenus étant conservés afin de faire face à certaines situations d’urgence de nature économique ou politique).

Le même rapport insiste sur le fait qu’après le déclenchement de la révolution en Syrie, de vastes portions du territoire syrien ont échappé au contrôle du régime. Parmi celles-ci, les plus remarquables furent des parties de la région orientale du pays, qui comporte la majorité des champs pétrolifères syriens. Ainsi, Dâ‘esh a étendu sa domination sur tous les gisements de pétrole de la région de Deir ez-Zor, ainsi que sur ses raffineries (il s’agit des champs pétrolifères d’Al-‘Amr, At-Tanak, Al-Ward, At-Taïm et Al-Jafrah).

Le rapport indique également que Dâ‘esh a principalement recours au négoce du pétrole pour financer ses activités militaires et civiles, le solde mensuel d’un combattant syrien de cette organisation approchant les 400 dollars, ce qui représente un salaire bien supérieur à celui qu’il percevrait dans toute autre formation armée, attirant l’attention sur le fait que l’organisation terroriste assure de fait le revenu mensuel le plus élevé pour un combattant par rapport à toutes les autres factions armées. Quant aux « immigrés », l’organisation leur verse, en supplément à leur solde, une somme pouvant atteindre mensuellement 700 dollars, ce qui est en particulier le cas lorsque l’« immigré » en question fait venir sa famille au Dâ‘eshistan…

L’organisation vend du pétrole aux courtiers en pétrole présents dans l’est de la Syrie, en privilégiant bien entendu ceux qui, parmi ceux-ci, ont proclamé leur allégeance à Dâ‘esh, et afin de se gagner celle des membres de certaines tribus arabes, elle leur a concédé les revenus de certains puits de pétrole de moindre importance. De même, Dâ‘esh vend du pétrole au régime Assad et il tente d’en faire passer en Turquie via la contrebande. Le même Réseau attire l’attention sur le fait que l’organisation vend du pétrole à un prix très inférieur aux prix en vigueur sur les marchés mondiaux. Toutefois, la production de pétrole est en Syrie bien inférieure à la productivité théorique du pays en raison de l’obsolescence et du mauvais état des matériels nécessaires à son extraction.

 

Une situation de peur

Dans l’attente de l’issue de la bataille de Deir ez-Zor, les habitants de cette région qui sont soumis à la domination du régime syrien vivent dans une situation de peur, et même de terreur, à l’idée de ce qui les attend au cas où l’organisation fanatique parviendrait à en prendre le contrôle, tandis que ceux qui vivent déjà sous la coupe de Dâ‘esh souffrent des lois impitoyables que l’organisation terroriste leur impose. Ils ne peuvent sortir du territoire contrôlé par Dâ‘esh qu’après avoir obtenu un permis de voyager auprès du « Bureau de reddition des comptes » (Dîwân al-hasbah). S’ajoute à cela le fait que la télévision et Internet sont interdits et qu’on leur impose des impôts exorbitants et des lois qui entravent leur vie quotidienne. Amr Abû Laylâ, du groupe Deir ez-Zôr 24, un groupe d’information très actif dans la ville assiégée, a fait savoir que l’organisation extrémiste a exécuté sauvagement « une dizaine » d’hommes de l’armée du régime qui avaient été faits prisonniers au cours de l’offensive lancée par Dâ‘esh contre l’aéroport militaire de Deir ez-Zôr. Un activiste vivant dans cette ville a déclaré à l’Agence France Presse : « L’organisation [Dâ‘esh] a exécuté des prisonniers durant la nuit de mercredi en les écrasant sous les chenilles d’un tank », ajoutant : « Si l’organisation [Dâ‘esh] parvenait à prendre le contrôle des quartiers aujourd’hui encore soumis au contrôle du régime Assad, de grands massacres seraient perpétrés. C’est pourquoi nous ressentons une peur terrible ».