Des médecins syriens tentent de faire face à un système de santé dévasté – par Catherine Gouëset

Article  •  Publié sur Souria Houria le 26 janvier 2013

ALEP(Syrie)- Les régions et quartiers qui ne sont plus sous le contrôle du régime de Bachar el-Assad sont quotidiennement bombardées. Outre les nombreux blessés victimes des combats, les populations souffrent de la destruction du système de santé. Reuters/Muzaffar Salman

Un réseau de médecins syriens de la diaspora organise l’aide médicale aux populations frappées par la guerre, tout particulièrement dans les régions qui échappent au contrôle de l’Etat syrien. Ils demandent de l’aide.

« L’Etat les punit pour leur rébellion ». Quotidiennement bombardées par l’armée, les régions et quartiers des grandes villes qui échappent au contrôle du régime de Bachar el Assad souffrent d’un grand dénuement médical. « Outre les nombreux blessés victimes des combats et des bombes, les populations souffrent de la destruction du système de santé », explique le Dr Oubaida Al Moufti, médecin franco-syrien membre de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), lors d’une conférence de presse, jeudi à Paris. A cela s’ajoute le fait que les principales industries pharmaceutiques de Syrie se situaient à Alep. Les combats qui secouent la capitale économique depuis l’été 2012 ont entraîné une rupture de l’approvisionnement en médicaments.

La réapparition de maladies chroniques

Ce n’est donc pas seulement les soins d’urgence qu’il faut assurer, mais aussi le suivi des traitements. Il faut également faire face à la réapparition de maladies chroniques qui n’existaient pas auparavant, souligne le Dr Dr Anas Chaker, réanimateur anésthésiste dans l’Essonne et sécrétaire général de l’UOSSM: « Des maladies comme la tuberculose, la leishmaniose, sont réapparues. Des enfants ne sont plus vaccinés depuis un, voire deux ans; c’est une catastrophe nationale ».

« Les réfugiés qui se trouvent hors des frontières de la Syrie reçoivent l’aide de nombreuses organisations humanitaires internationales. En revanche, à l’intérieur du pays, seuls les médecins de l’UOSSM travaillent dans les secteurs qui ne sont plus contrôlés par l’Etat », explique le Dr Al Moufti, cancérologue travaillant dans le Val d’Oise.

L’aide de l’OMS… au régime de Bachar el-Assad

L’association dénonce le fait que l’aide fournie pour la population en Syrie par l’OMS ou la Croix rouge internationale soit attribuée au gouvernement de Damas ou au Croissant rouge syrien -une organisation qui n’est pas indépendante du régime. « 90% de cette aide ne va pas aux population qui en ont qui en ont le plus besoin », regrette le Dr Chaker.

L’UOSSM dénonce en particulier le fait que l’ONU ait décidé d’attribuer au gouvernement syrien une aide de 519 millions de dollars en décembre dernier, « ce même gouvernement qui bombarde villes et villages de Syrie ».

Depuis le début de la contestation en mars 2011, les médecins qui, dans les régions contrôlées par le régime tentent d’apporter leur aide aux opposants ou aux rebelles blessés, sont harcelés et le paient parfois de leur vie.

>>> Lire le témoignage d’un médecin à Damas: « Salarié dans un hôpital public le jour, je soigne les rebelles blessés la nuit »

La France est, avec le Danemark, l’Italie et la Suisse, l’un des rares pays à aider l’association de médecins syriens. « Mais ce que nous recevons des Etats n’est qu’une petite partie de l’argent que nous réunissons par les soirées de collectes que nous organisons, souligne le Dr Oubaida Al Moufti et une goutte d’eau face aux besoins des populations. »

 

 

source : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/des-medecins-syriens-tentent-de-faire-face-a-un-systeme-de-sante-devaste_1213431.html

date : 25/01/2013