Des Syriens de Suisse touchés par les répressions témoignent

Article  •  Publié sur Souria Houria le 29 octobre 2011

Plusieurs Syriens de Suisse ont accepté de témoigner dans le cadre d’une action de l’association des Démocrates syriens. Celle-ci appelle la communauté internationale à des mesures immédiates.

L’association des Démocrates syriens, regroupant des Syriens de Suisse, a réuni vendredi plusieurs témoins touchés par les répressions afin de discréditer la thèse du complot évoquée par le pouvoir en place. Elle a appelé la communauté internationale à des mesures immédiates pour arrêter les violences en Syrie.

Une dizaine d’hommes, séjournant en Suisse depuis quelques jours pour les uns, plusieurs décennies pour les autres, ont apporté leurs témoignages. Le message s’adresse surtout aux partisans du président Bachar al-Assad «qui manifestent encore en sa faveur notamment en Suisse», a déclaré devant la presse à Lausanne le président de cette association créée en septembre, Tawfik Chamaa.

Un jeune homme de 25 ans originaire de la ville de Douma vient d’arriver en Suisse il y a trois jours après un voyage de trois semaines à travers la Turquie et l’Italie.

Cet activiste, qui filmait les manifestations depuis le début des troubles afin de les poster sur internet, a l’intention de demander l’asile en Suisse. Il a quitté son pays suite aux pressions de sa famille.

« Mon frère n’ose pas se faire soigner de peur de se faire assassiner »

Son frère qui participait aux protestations est resté handicapé après avoir reçu une balle dans la tête en avril. «La balle est toujours là, il n’ose pas aller se faire soigner de peur de se faire assassiner», dit-il sous couvert d’anonymat.

Il craint des représailles pour ses proches.

Zaher Chalhoub, 21 ans, également demandeur d’asile, raconte le passage à tabac voilà trois semaines de son cousin par les forces de l’ordre devant sa famille après une manifestation. Tremblant et faisant des efforts pour dominer ses larmes, il ajoute que la famille est sans nouvelles depuis, tandis que son autre cousin a été arrêté puis relâché après des tortures.

Stress post-traumatique

«La souffrance physique n’est rien à côté des souffrances psychiques», ajoute Abdel Hamid Mulla Hassam, 38 ans. Arrêté en 1989, pour «relations avec des opposants pacifiques», cet homme originaire de Deraa a passé un an en prison où il a été torturé.

Depuis sa sortie il fait des cauchemars et a constamment l’impression d’être suivi. «C’est clairement un syndrome de stress post-traumatique», explique M. Chamaa, médecin généraliste.

M. Mulla Hassan a déposé une demande d’asile en 2010 et attend toujours une réponse. Il a toutefois pu faire venir sa femme et ses deux enfants en Suisse par mesure de regroupement familial. «Je montre mon visage car je n’ai plus rien à perdre, même mon père est recherché par la police», ajoute-t-il.

Les témoignages se succèdent. Ces hommes âgés entre 20 à 50 ans originaires de plusieurs parties du pays font tous état de persécutions, souvent pour une simple parenté avec l’opposition.

Comme Mahmoud Hammad, réfugié en Suisse depuis une trentaine d’années, dont deux frères ont été tués en 1980 parce qu’un de leurs cousins avait été «présenté comme un opposant politique».

Mesures demandées

«La barbarie n’a jamais cessé depuis 40 ans en Libye», a dénoncé vendredi Tawfik Chamaa. Cela dure depuis deux générations, il faut que cela s’arrête, la communauté internationale doit trouver une solution, a plaidé cet homme qui a lui-même fui son pays en 1979.

Il mentionne notamment l’adoption d’une exclusion aérienne, telle que l’OTAN l’avait mise en place en Libye, et la nécessité de la reconnaissance du Conseil national syrien par «tous les pays démocratiques», dont la Suisse.

L’association des Démocrates syriens demande aussi de «vraies sanctions» contre le régime. Selon ses membres, les comptes de l’Etat syrien ne sont pas au nom des Assad, mais de ses «sbires» et échappent au gel des avoirs décidés par l’UE, les Etats-Unis et la Suisse. Elle demande aussi le rappel des ambassadeurs en Syrie.

source: http://www.lematin.ch/actu/monde/des-syriens-de-suisse-touches-par-les-repressions-temoignent-2011-10-28