Des Syriens en grève de la faim pour faire pression sur la communauté internationale – par Christophe Ayad

Article  •  Publié sur Souria Houria le 7 septembre 2012
Plusieurs centaines de corps ont été retrouvés à Daraya, près de Damas, le 26 août.

Epuisés par leurs neuf jours de jeûne, douze grévistes de la faim syriens ont annoncé, mardi 4 septembre à Paris, leur décision de suspendre leur mouvement jusqu’au 20 septembre. Rejoignant un mouvement lancé le 26 août en Turquie, les douze activistes parisiens s’inscrivent dans un mouvement international visant à éveiller les opinions publiques et à faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle agisse afin de mettre fin aux massacres en Syrie. « Nous ne savions pas quoi faire après le massacre de Daraya [une banlieue de Damas où plus de 500 personnes ont été assassinées selon des sources de l’opposition], explique Nour Kharboutly, l’une des douze grévistes de la faim parisiens. L’idée d’une grève de la faim a émergé sur les réseaux sociaux. Cela a commencé en Turquie, nous avons suivi le lendemain à Paris et ouvert une page Facebook. »

Les jeunes activistes entendent également combattre l’idée que la Syrie est en proie à une guerre civile opposant deux forces également armées. La grève, qui se déroule également en Jordanie, concerne au total 51 activistes Syriens. D’autres, en Allemagne, en Arabie saoudite, en Egypte, aux Etats-Unis ou en Italie ont pris le relais et le nombre toujours croissant de participants est tenu à jour sur la page Facebook du mouvement. Une quarantaine de jeûneurs poursuivent leur grève de la faim pour le moment.

LANCEMENT DE POURSUITES CONTRE LA CPI

Dans un texte lu mardi après-midi à Paris, les grévistes de France avancent cinq revendications dont le lancement de poursuites à la CPI contre le président syrien, Bachar Al-Assad et son frère Maher, ainsi que l’expulsion de tous les diplomates syriens de l’Union européenne et l’interdiction, par l’Egypte, du passage par le canal de Suez à tout navire transportant de l’aide militaire ou logistique au gouvernement syrien. « Le président égyptien, qui est issu de la révolution, dit nous soutenir. Alors qu’il le fasse concrètement en empêchant les livraisons d’armes iraniennes et russes qui tuent le peuple syrien « , demande Ahmed, l’un des chefs de file des grévistes de la faim.

« Si le 20 septembre, aucune de nos revendications n’a été entendue, nous reprendrons la grève de la faim de manière encore plus dure « , prévient Nour Kharboutly. Deux jeunes Syriens ont été brièvement hospitalisés durant leurs neuf jours de grève de la faim à Paris. Les activistes disent avoir reçu une communication d’un assistant de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, annonçant la prochaine ouverture d’une enquête. Procédure qui ne nécessite aucune saisine du Conseil de sécurité de l’ONU, où Moscou et Pékin font obstruction à toute mise en accusation ou sanction visant le régime de Damas.

En cas de reprise de la grève de la faim à Paris, cette action pourrait être rejointe par des personnalités françaises du monde artistique ou intellectuel.

source: http://www.lemonde.fr/recherche/resultats.html?keywords=syrie+greve&token=MTM0Njk3MzAxOTIxMzlKREoxMkoz