Elle raconte le quotidien de ceux qui luttent à la fois contre Assad et Daech. Il a dû fuir parce qu’il a osé manifester pour la liberté et la démocratie.
Depuis son exil, Samar Yazbek, journaliste et romancière féministe syrienne est retournée clandestinement trois fois en Syrie en s’infiltrant par une brèche à la frontière turque. Au-delà du besoin de retrouver son peuple et son pays, elle a ressenti l’urgence de témoigner. Elle est le seul auteur syrien à se rendre dans la région d’Idib (au nord-ouest du pays) où elle est accueillie par une famille dont on suit le destin dans son dernier livre « Les portes du néant ». Réfugiée en France, l’écrivaine syrienne livre un récit terrible sur son pays, après plusieurs mois passés en zone de guerre.
« La Syrie de mes souvenirs avait été l’un des plus beaux pays du monde. J’avais passé mon enfance dans la ville de Tabqa (appelée aussi Thawra), près de Raqqa, sur la rive de l’Euphrate, et mon adolescence dans la cité historique de Jableh sur la Méditerranée, puis à Lattaquié, principal port syrien. Plus tard, j’avais vécu seule avec ma fille à Damas, pendant plusieurs années, loin de ma famille, de ma communauté et des entraves du sectarisme. J’étais indépendante, libre de mes choix, mais mon mode de vie m’avait valu la critique, le rejet et la médisance. Il était difficile d’être une femme dans cette société conservatrice qui ne permettait pas aux femmes de se rebeller contre ses lois. Tout semblait résister au changement. Et la dernière chose que j’aurais pu imaginer, lors de cette première traversée des provinces rurales du nord de la Syrie, était de les trouver bel et bien détruites. » Extrait de « Les portes du néant » aux Editions Stock.
Omar Youssef Souleimane correspondant pour la presse syrienne entre 2006 et 2010, est l’un des participants aux manifestations de Damas et de Homs pour la liberté et la démocratie, il ne voulait pas renverser le régime. Il protestait contre des libérations arbitraires. Avec d’autres, il voulait changer la politique, l’économie et la 8ème loi de « La Constitution ». Dans cette loi, le parti Baas, le régime en place depuis 63 ans, contrôlait toutes les villes. Mais il manifestait surtout contre l’état d’urgence en place depuis 50 ans qui autorise arrestations et meurtres sans jugement. Contraint de quitter son pays natal, il arrive en 2012 en France, où l’asile politique lui est accordé. Il vient de publier aux Éditions Le temps des Cerises, « Loin de Damas ». Poète, Omar Youssef Souleimane est, avec Samar Yazbek, ce soir, l’invité de l’Heure Bleue. Ils reviendront sur leur parcours et leur écriture.
« Demain quand je serai vieux, des jeunes réfugiés d’un pays lointain me rendront visite, leurs paupières, la liberté, leurs yeux des étoiles, leurs bras, des mots que j’ai oubliés sur les herbes de mon pays depuis de longues années, je distinguerai sur leurs traits mes yeux que je ne vois plus désormais et je verrai le réfugié n’est enterré que dans sa langue (…) »Extrait du poème « La tombe du réfugié ».
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