En Syrie, l’opposition entre en guerre – par Agnès Rotivel
Alors que les forces de sécurité syriennes ont gagné du terrain jeudi 1er mars à Homs, la principale instance d’opposition a entériné le choix de la lutte armée.
L’armée syrienne a jeudi 1er mars hier avoir pris « le contrôle total » du quartier rebelle de Baba-Amro à Homs, après vingt-six jours de bombardements intensifs et deux jours de combats contre les rebelles. Ceux-ci ont reconnu tenter un « retrait tactique ». Au même moment, à Paris, le président du Conseil national syrien (CNS), Burhan Ghalioun, annonçait la création, au sein de l’opposition, d’un bureau militaire dont le siège devrait être en Turquie, à la frontière avec la Syrie. Il a aussi assuré que la journaliste française, Édith Bouvier, toujours bloquée en Syrie avec son confrère William Daniels, était « en sécurité » à Homs.
Le bureau militaire du CNS rassemblera les principales composantes de la lutte armée de l’opposition, dont l’Armée syrienne libre (ASL), dirigée par le commandant Riad Al Assaad, et le « Conseil militaire révolutionnaire supérieur » du général Moustapha El Cheikh. La composition exacte du bureau n’est pas encore connue, mais le général sunnite à la retraite, Akeel Hachem, conseiller militaire du CNS, présent hier à Paris aux côtés de Burhan Ghalioun, pourrait le diriger.
Une étape importante
Cette décision marque une étape importante. Le CNS sait qu’il ne peut pas compter sur une intervention militaire internationale, comme ce fut le cas en Libye, en raison des veto russe et chinois à l’ONU. Après avoir longtemps plaidé pour une résistance pacifique, il se considère forcé d’accepter la réalité de la lutte armée.
Le bureau militaire sera chargé de gérer les promesses d’aide militaire et financière qui affluent des pays arabes. La Libye a annoncé une aide humanitaire de 100 millions de dollars aux Syriens pour soutenir leur combat pour la liberté contre « le régime dictatorial » de Bachar Al Assad. L’Arabie saoudite et le Qatar envisagent une aide militaire.
L’appui irakien important
Le CNS devrait aussi pouvoir compter sur l’appui de l’Irak, qui jusqu’à présent affichait son soutien au régime de Bachar Al Assad. Burhan Ghalioun a annoncé qu’il se rendrait prochainement à Bagdad pour y rencontrer les autorités. Cet appui est important à l’heure où Bagdad va prendre, début mars, la présidence de la Ligue arabe.
Burhan Ghalioun va devoir aussi convaincre ce pays, comme il l’a fait avec les autres voisins de la Syrie, de contrôler ses frontières afin d’éviter l’infiltration de groupes armés, liés ou non à des mouvements extrémistes. Le CNS, qui reconnaît la présence de djihadistes, veut à tout prix éviter en Syrie une guerre à l’irakienne.