Entretien avec Samar Diab (Souria Houria), activiste syrienne

Article  •  Publié sur Souria Houria le 29 novembre 2012

Le SNESUP

Propos recueillit par Gérard Lauton

Militante de Souria Houria (Syrie Liberté), Samar vit à Paris au rythme de la lutte pour une Syrie Libre

OÙ EN EST AUJOURD’HUI LA SYRIE ?

La situation économique et sociale est désastreuse. Industries et commerces peinent à fonctionner et à payer les salariés. On n’achète plus rien, sauf médicaments et aliments ; tout est introuvable ou inabordable. Avoir sur soi plus de 4 boîtes de médicaments vaut la prison, sauf « cadeau » aux militaires. Un médecin surpris en train d’opérer peut être arrêté ou abattu. Même à Damas, des quartiers hostiles au régime sont bombardés.

QUELLES PERSPECTIVES ?

Face à la fuite en avant(1) du régime, on a cru pouvoir miser sur un soutien international… Il y a eu le plan Clinton, un projet de gouvernement transitoire, des plans d’opposants syriens… Ceux de l’intérieur misent sur l’Armée Libre qui progresse : au Nord il y a une zone stable où la vie reprend, au risque des bombes. Nous ferons chuter le régime par nous-mêmes. Aucun pays n’interviendra militairement (sauf la Russie présente aux côtés du régime). L’ASL ne trouve des armes qu’en les prenant aux arsenaux. Des pays pourraient nous aider sur ce plan, avec des garanties.

Quant aux combattants venus d’ailleurs, certains peu nombreux (2 500) veulent rejoindre l’ASL qui ne les a pas convoqués et les tient à distance. Les médias ne voient qu’eux et oublient les nombreux supplétifs du régime : du Hezbollah et d’Iran (renforts et logistique) et de Russie (armements).

 

QUEL RÔLE PEUT JOUER LA FRANCE ?

Elle peut nous aider au plan humanitaire avec le Comité de Secours à la Population Syrienne (CSPS)(2) : récolte de fonds, soutien médiatique à la Révolution, parrainages d’écoles, universités, villes syriennes par leurs homologues français. Quant à la voix officielle, qu’elle arrête de dire que l’opposition syrienne est divisée, alors qu’elle s’est réunie sur l’Appel du Caire. La France peut faire plus pour nous aider à hâter la chute du régime. ●

 

(1) 33 000 morts (20/jour) dont 3 300 enfants et 1 190 sous la torture ; 76 000 disparis ; 216 000 détenus ; 4,5 millions de déplacés intérieurs ; 317 000 exilés en camps de réfugiés, selon, « Strategic research and Communication Center ».

(2) Créé par 48 orgnisations (dont le SNESUP), en lien avec le CoDSSY (Collectif de Développement et Secours Syrien).

 

MENSUEL D’INFORMATION DU SYNDICAT NATIONAL LE SNESUP

DE L ’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR – N˚ 609 NOVEMBRE 2012