«Faute d’armes, nous perdons espoir en Syrie» – Propos recueillis par Ava Djamshidi
KASSEM SAADEDDINE.La situation est catastrophique, mais l’Armée syrienne libre (ASL) domine la majorité du territoire. Le régime n’arrive à s’imposer que là où il a ses chars… car on n’a pas les moyens de les attaquer. Je suis convaincu que nous allons finir par gagner, mais si nous avions les bons équipements, cela irait plus vite, et il y aurait moins de victimes.De quoi avez-vous besoin ?
D’armes de qualité, comme des lance-roquettes anti-char, de tant de choses… Mais ça fait tellement longtemps qu’on le demande que nous perdons espoir. Le peuple syrien est convaincu que le monde est indifférent à son sort. Cela a été presque confirmé par l’affaire des armes chimiques. Je rends même responsables les pays civilisés… Assad a compris qu’il pouvait les utiliser sans être sanctionné. Je ressens de l’amertume vis-à-vis de pays qui se disent nos amis.Que pensez-vous de la résolution de l’ONU qui vise à mettre sous contrôle l’arsenalchimique du régime ?
C’est une honte. Elle est scandaleuse car l’importance a uniquement été accordée au principe d’utilisation de ces armes. Personne en revanche ne prête attention aux quelque 150 000 victimes. Où sont les organisations des droits de l’homme ? Nous sommes très amers à l’égard de la communauté internationale, même si on aimerait bien que tout le Moyen-Orient soit débarrassé de ses armes de destruction massive, y compris Israël.
Il y a dix jours, François Hollande a assuré que des armes vous seraient livrées. Les avez-vous reçues ?
A ma connaissance, on n’a rien reçu. Mais armes ou pas armes, les Syriens vont continuer le combat.
L’une des craintes des Occidentaux est la présence de jihadistes dans vos rangs…
Dès nos tout premiers contacts avec les Français et les Américains, nous avons expliqué que si nous n’étions pas soutenus, les extrémistes prendraient le dessus. Et ils menacent les intérêts du monde entier. On assiste aussi à une forme de radicalisation de certains, comme au lendemain de la suspension des frappes franco-américaines. Des hommes se sont mis à brandir des slogans islamistes. Plus la guerre dure, plus la violence s’accroît et plus les extrémismes progressent.
Des cas d’exactions commises par des hommes de l’ASL ont été rapportés ces dernières semaines. De quels moyens disposez-vous pour empêcher ces agissements ?
On est évidemment contre ce genre de pratiques. Il y a eu des cas isolés comme cela arrive malheureusement dans toutes les armées du monde. L’ASL a adopté une charte qui s’appuie sur toutes les conventions internationales en matière de droit de guerre. Nous allons sanctionner ceux qui ont commis de tels actes.
Comment font les soldats de l’ASL pour tenir ?
Nous sommes plus nombreux. Après presque trois ans de conflit, les combattants sont devenus de vrais soldats. On a tous eu des morts et des maisons détruites dans nos familles. Cela nous donne une détermination beaucoup plus forte au combat. Cela décuple notre soif de liberté, de démocratie et de pluralisme.
VIDEO. Armée Syrienne Libre : «Le monde est indifférent à ce qui se passe en Syrie»
Assemblée nationale (Paris VIIe), hier. Kassem Saadeddine en est persuadé : « Nous allons finir par gagner, mais si nous avions les bons équipements, cela irait plus vite et il y aurait moins de victimes. » | (LP/P. Lavieille.)
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