France Inter : L’horreur syrienne et le silence du monde

Article  •  Publié sur Souria Houria le 17 février 2014

Les discussions de Genève sur la Syrie dans l'impasse © reuters - 2014

 

Il y a le constat, par définition froid, et la réalité qui est, elle, abominable, totalement intolérable mais honteusement tolérée. Le constat est que le deuxième round des négociations sur la Syrie s’est achevé ce week-end sans l’ombre d’un quelconque progrès et sans qu’une date n’ait pu même être fixée pour une reprise des discussions. 
Ces négociations ont deux parrains, les États-Unis et la Russie. Elles sont menées sous l’égide de l’Onu, c’est-à-dire de l’ensemble des pays du monde. Le monde entier vient de laisser le pouvoir syrien refuser, bloquer, toute avancée sur la voie d’un compromis permettant de mettre terme à bientôt trois années d’horreur.

 

C’est un scandale en soi mais le pire est que, depuis l’ouverture de ces négociations, en moins d’un mois, la répression a fait 5000 morts de plus, que l’on continue, en Syrie, à torturer des enfants devant leurs parents, que le largage sur des zones d’habitation de barils d’explosifs par l’aviation du régime s’est maintenant étendu à une dizaine de villes et agglomérations et que l’opération humanitaire que le pouvoir a finalement acceptée à Homs se solde par une abjecte comédie.

la défiance reste de mise à la conférence de genève ii sur la crise syrienne © reuters - 2014

 

Non seulement la dictature n’a laissé entrer dans cette ville affamée que très peu de secours alimentaires, non seulement elle a interdit le passage de tout matériel médical mais elle a arrêté les hommes qui sortaient de cet enfer avec leurs familles, elle a arrêté des civils auxquels étaient accrochés des enfants sous le prétexte de leur dispenser, c’est une citation de porte-parole officiels, « des cours d’instruction religieuse afin de modifier leur interprétation erronée de l’islam ».

 

 

 

La dernière fois que des hommes ont été ainsi publiquement séparés de leurs familles, c’était à Srebrenica et les corps de ces hommes avaient été retrouvés dans des fosses communes.

 

Les pourparlers sur la Syrie à Genève © Ide - 2014

Avant qu’il ne soit trop tard, on voudrait donc entendre le monde entier exiger, séance tenante, la libération de ces pères de famille. On voudrait que ces obscénités sur les « cours d’instruction religieuse » provoquent un tollé mondial mais tendons l’oreille, cherchons un mot de protestation où que ce soit et rien, rien qu’un silence général, celui de l’impuissance et de la lâcheté qui, un jour, écraseront de honte ces nouveaux témoins sourds et aveugles d’une nouvelle barbarie.
Devant cette réalité-là, l’analyse a quelque chose de dérisoire et même indigne mais il faut pourtant la tenter pour essayer de comprendre. Des deux côtés de l’Atlantique, les capitales occidentales condamnent l’obstruction organisée par le pouvoir syrien. Sortant de sa neutralité obligée, le médiateur de l’Onu, lui-même, Lakdar Brahimi, a publiquement déploré que ce régime ait refusé d’aborder l’objet de ces négociations, la mise en place d’une autorité gouvernementale de transition, mais comme personne, à l’exception de la France, ne veut ni armer l’insurrection ni frapper les installations militaires de la dictature, personne ne veut admettre que ces négociations ne servent aujourd’hui qu’à permettre au pouvoir de gagner du temps.

Les Occidentaux haussent le ton mais espèrent seulement que la Russie voudra bien faire pression sur Bachar al-Assad et, pendant ce temps, les massacres continuent, impunément.

 

Et lire aussi :

Syrie, où en es-tu ? L’émission Partout ailleurs d’Éric Valmir faisait le point sur la situation en Syrie le 31 janvier dernier.

Source : http://www.franceinter.fr/emission-geopolitique-lhorreur-syrienne-et-le-silence-du-monde