Israël s’accommode du maintien de Bachar el-Assad
Garder Assad et un semblant de paix sur le Golan ou faire face à des groupes de djihadistes incontrôlables ? Les Israéliens préfèrent une troisième voie : Assad à la tête d’une Syrie affaiblie.
La crise syrienne divise les responsables sécuritaires israéliens. Pour les uns, la chute probable de Bachar el-Assad constitue une occasion historique qui va briser l’axe stratégique entre l’Iran, Damas et le Hezbollah libanais, et affaiblir le dernier adversaire réellement menaçant d’Israël sur sa frontière nord. Le tout sans qu’Israël ait besoin de faire quoi que ce soit, et surtout pas rétrocéder le Golan à la Syrie. Début 2012, le ministre de la Défense, Ehoud Barak, annonçait déjà que Bachar n’en avait plus que pour quelques semaines.
Mais d’autres responsables mettent en garde contre le chaos qui risque de suivre la chute d’Assad, et craignent que des groupes djihadistes ne fassent de la Syrie une base arrière pour lancer des attaques contre Israël. Mieux vaut, selon cette lecture, une bonne dictature avec laquelle on peut établir des «règles du jeu», et qui constitue une «adresse» vers laquelle réagir en cas de malentendu, plutôt que le chaos. Le régime des Assad, rappellent-ils, a permis de maintenir le calme pendant près de quarante ans sur le plateau du Golan.
S’abstenant de s’engager dans un conflit dont les protagonistes lui sont également hostiles, Israël a en revanche tracé des lignes rouges concernant le transfert d’armes sophistiquées de Damas au Hezbollah, et les a appliquées en bombardant à trois reprises des convois sur le sol syrien.
Le meilleur scénario
Ces deux approches sont à présent rejointes par une troisième voie: ceux qui tablent sur un maintien de Bachar el-Assad au pouvoir dans une Syrie affaiblie. La contre-offensive du régime à al-Qusayr, avec l’aide du Hezbollah, le soutien diplomatique de la Russie et l’inaction des Américains sont vus comme autant de signes que Assad a de grandes chances de se maintenir au pouvoir au moins dans les grands centres urbains et les territoires qu’il contrôle. Pour les tenants de cette lecture, l’affrontement prolongé entre Assad et ses alliés chiites pro-Iraniens avec les djihadistes salafistes est le meilleur scénario imaginable.
«Aussi longtemps que la guerre continuera», écrit Yossi Melman dans le Jerusalem Post, «la Syrie s’affaiblira,des milliers de combattants du Hezbollah tomberont pour défendre Assad et son régime, et la politique iranienne s’en trouvera dérangée. Les événements jouent en faveur d’Israël et la situation stratégique va continuer à s’améliorer. Mais aucun responsable israélien ne l’admettra publiquement… on a le droit de le penser, pas de le dire.»
date : 26/05/2013