Jean-Pierre Filiu : « Il faut dépasser la fascination pour la propagande de Daech »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 26 mars 2016
Une mosquée détruite à Rakka en Syrie en novembre 2014. L' organisation Etat Islamique, qui contrôle la ville, attribue cette destruction à des bombardements des forces loyales à Bachar el-Assad et utilisent ce fait pour servir leur propagande.

Une mosquée détruite à Rakka en Syrie en novembre 2014. L’ organisation Etat Islamique, qui contrôle la ville, attribue cette destruction à des bombardements des forces loyales à Bachar el-Assad et utilisent ce fait pour servir leur propagande.

Les attentats du 13 novembre  2015 à Paris et à Saint-Denis ont chargé d’un sentiment d’urgence, voire d’angoisse, le nécessaire débat sur la prévention du recrutement djihadiste. On en est souvent venu à oublier, pris que nous sommes si souvent dans nos logiques hexagonales, que les djihadistes français représentent moins de 3 % des combattants étrangers enrôlés sous la bannière de Daech, le bien mal nommé «  Etat islamique  ». Toute réponse par trop franco-française trouve ainsi en elle-même ses propres limites. Les attentats qui ont ensanglanté Bruxelles, mardi 22 mars, le rappellent tragiquement.

Jean-Pierre Filiu est professeur des universités à Sciences Po (Paris). Son dernier ouvrage s’intitule « Les Arabes, leur destin et le nôtre » (La Découverte, 2015).

Des querelles de personnes, souvent vieilles de longues années, se sont réveillées ces derniers mois. On ne peut que regretter ce nouveau débordement d’un tel «  tout-à-l’ego  » alors que l’intérêt général et la gravité de la menace devraient faire taire ces différends, somme toute mineurs au regard de l’enjeu. Aucun intellectuel ne peut prétendre détenir seul la réponse à un phénomène aussi complexe. Et chaque discipline académique est appelée à contribuer à la réponse collective au défi djihadiste.

« La bataille contre Daech n’a pas encore réellement débuté »

Mon regard est celui d’un historien et d’un arabisant, qui s’intéresse moins à la propagande de Daech qu’à ses pratiques. C’est sur le terrain que je m’efforce de recueillir les éléments de compréhension…