La catastrophe syrienne en chiffres

Article  •  Publié sur Souria Houria le 1 juin 2014

Le « Centre syrien de recherches politiques » a abouti à des conclusions consternantes supplémentaires dans son troisième rapport trimestriel de suivi et d’évaluation des effets de la crise actuelle sur la situation socio-économique des Syriens.

Le rapport couvre, avec le soutien de l’agence des nations unies pour le secours et l’emploi des réfugiés palestiniens (UNRWA) et le programme de développement des Nations Unies (PNUD), la période allant de juillet à décembre 2013.

Selon le rapport, du point de vue économique, la crise à créé « les règles d’une nouvelle économie politique à même de prolonger le conflit», notant en même temps une hausse du chômage de plus de 50%, une augmentation de la dette publique à 137 % et la constitution des originaires de Syrie en groupe de réfugiés le plus important du monde.

Le rapport souligne « une importante désintégration de la structure du secteur industriel, la fermeture et la faillite de nombreux projets ainsi que la fuite des capitaux à l’étranger, en plus du pillage des biens matériels » et « la déformation des institutions en raison de la constitution d’une économie politique nouvelle caractérisée par la prolifération des économies de la violence, qui violent les droits de l’homme et les libertés, le droit de la propriété et la primauté du droit, ainsi que l’émergence d’une nouvelle élite politico-économique qui profite de la crise pour faire commerce des armes, des marchandises et des êtres humains au travers de réseaux illégaux transfrontaliers. Cette élite participe au pillage, aux vols, aux enlèvements et au détournement des aides humanitaires »

D’un point de vue chiffré, le rapport indique que le total des pertes économiques globales, se montait à la fin de l’année 2013 à près de 143.8 milliards de dollars américains, soit la perte à prix constants de 276% du PIB en 2010.

Au niveau de la production, « Le PIB s’est contracté énormément depuis le début de la crise, à un taux de 38.2% au troisième trimestre de l’année 2013 et de 37.8% au quatrième trimestre de la même année. Tant et si bien que le PIB depuis le début de la crise jusqu’à la fin de 2013 accuse une perte de 70.88 milliards de dollars américains, dont 16.48 milliards pour le second semestre de l’année 2013. »

Bien sûr, la crise à contribué à modifier la structure du PIB. Les secteurs agraires et les services publics en représentaient 50% en 2013, alors qu’ils en représentaient 30.4% en 2010.

Quant à la dette publique, le rapport enregistre son augmentation dans la seconde moitié de l’année 2013, car le gouvernement a importé le pétrole et les armes ordinaires pour faire face à la pénurie de l’offre sur le marché intérieur et il a continué à soutenir les prix de certains biens et de services de base. A la fin de l’année 2013, la dette publique globale s’élevait à 126% du PIB, avec une plus grande dépendance à l’égard des emprunts extérieurs, en particulier de L’Iran.

Le rapport pointe aussi la contraction de la consommation générale, eu égard à l’augmentation de 360% des prix de produits de base tels que le lait, les fromages et les œufs.

Au niveau de l’emploi, le rapport établit le taux de chômage à 54.3%, soit 3.39 millions de chômeurs, dont 2.67 millions ont perdu leur emploi pendant la crise, d’où 11.03 millions de personnes qui ont perdu leur source principale de revenus.

Au niveau social, le rapport observe que le conflit armé à conduit à une « perte d’humanité » en Syrie. Une cartographie illustre la distribution des habitants : « une reconfiguration spatiale radicale, puisque 12.5% des Syriens avaient quitté le pays à la fin de l’année 2013. La moitié des habitants environ (45%) avaient quitté leur lieu de résidence habituelle. Un tiers de la population environ (5.99%) ont quitté leurs logements, soit une augmentation de 1.19 million de déplacés au second semestre 2013. 1.54 million de personnes ont quitté le pays en tant qu’émigrés qui s’ajoutent aux 2.35 millions d’exilés. Dans le cadre de ce mouvement dramatique, 63% des réfugiés palestiniens en Syrie, dont le nombre s’élève à 540 000, ont quitté leurs logements, dont 75 000 ont quitté le pays en tant que réfugiés et 270.000 sont déplacés à l’intérieur de la Syrie. Au final, les originaires de Syrie sont devenus le plus important groupe de réfugiés du monde »

La Syrie est devenue un pays de pauvres ; trois personnes sur quatre y étaient pauvres à la fin de l’année 2013, et plus de la moitié des habitants (54.3%) vivent dans une extrême pauvreté, ne pouvant se garantir le minimum de leurs besoins alimentaires et non alimentaires.

Le système d’enseignement a été ébranlé en raison de la crise, le nombre d’enfants ne suivant plus l’enseignement de base s’élève pour cette classe d’âge à 51.8% et ce taux est supérieur à 90% à Raqqa et Alep, et de 68% dans la banlieue de Damas. Les écoles hors service s’élevaient à 4000 à la fin de l’année 2013, en raison de leur destruction totale ou partielle, ou de leur utilisation comme refuges.

Mais ce sont les pertes humaines qui constituent le volet le plus dramatique du conflit, avec l’augmentation de 30% des décès au second semestre 2013. Le nombre des blessés est estimé à 520 000 personnes, soit 3% des habitants qui ont été tués blessés ou mutilés.

Le rapport indique ce qu’il appelle «  la précarisation de l’identité syrienne » résultant de deux cours contradictoires, le premier est inclusif, soit le mouvement social pour une société gouvernée par la citoyenneté et la justice, et le second est exclusif qui pousse en direction des tribalismes, des identités et des allégeances au détriment du national »

[…]

(Traduit de l’arabe, Luiza Toscane)

(Source : http://syria.frontline.left.over-blog.com/m/article-123757162.html)

Pour lire le rapport en version arabe:

http://scpr-syria.org/att/SCPR_Squandering_Humanity_Ar.pdf

Et en anglais :

http://scpr-syria.org/att/SCPR_Squandering_Humanity_En.pdf