La Culture de la Révolte en Syrie – par Faysal Itani (traduction de l’anglais)
La dernière révolte interne en Syrie illustre en profondeur comment le soulèvement a changé la culture politique Syrienne. La semaine dernière, les groupes manifestants à travers un large spectre idéologique ont monté, coordonné des attaques contre les djihadistes militants internationaux au centre du pays et les provinces du nord. L’échelle de la campagne, les motifs et l’efficacité apparente concurrencent le sens commun selon lequel les djihadistes ont capturé la révolution ou lequel le soulèvement a perdu sa légitimité en même temps. Cela démontre que le soulèvement a changé de façon permanente le paysage des politiques syriens pour le meilleur, suggérant qu’une victoire des contestataires est bien plus capable d’améliorer la vie politique en Syrie que celle du régime.
Il est tentant d’expliquer cette campagne comme une pure lutte de pouvoir entre les groupes militants nationalistes islamistes menés par le Front Islamique et les djihadistes de ramification al -Qaida, ISIS l’Etat islamique d’Iraq et au Levant, mais ce raisonnement échouerait à attraper sa vrai signification. De façon intéressante, l’offensive armée a été accompagnée par de larges manifestations coordonnées civiles contre ISIS, rappelant les premiers jours du soulèvement pacifiste. De nombreux syriens sont lassés de la brutalité, l’arrogance et la loi oppressive d’ISIS, qui a détenu, torturé et exécuté un nombre inédit d’activistes civils, de journalistes, de travailleurs humanitaires, et de civils qui violaient ses croyances. Vraiment, beaucoup de syriens voient clairement ISIS pire que le régime dont la cruauté était un peu plus prévisible et ciblée.
L’autre fil conducteur du contrecoup contre ISIS inclut son attaque contre les autres groupes résistants et sa priorité à obtenir et gouverner le territoire sur celle de combattre les armées et milices du régime. Pendant que les autres manifestants voyaient la défaite du régime comme une cible en soi, ISIS voyait celle ci comme un moyen d’établir sur une plus large cible le Califat international Islamiste – une vision qui avait sculpté à la fois ces priorités opérationnelles et le traitement des syriens infortunés qui tombaient sous sa loi. Cela démontre une distinction radicale- parfois perdue dans le débat syrien- entre les djihadistes transnationaux d’ISIS et les groupes nationalistes islamistes qui ont émergé en tant que coeur du soulèvement armé, avec les nombreux résistants non islamistes qui ont dépassé en quelque sorte le sectarisme plus profond du conflit en dépit d’une aide étrangère médiocre.
Le sujet sous jacent et la vrai signification du retournement anti ISIS est que la société – civile et militaire – a été mobilisée à un niveau inimaginable dans la Syrie pré-révolutionnaire. Il est encourageant que malgré le défi continu du combat contre le régime, les groupes résistants reconnaissent l’importance de se confronter à ISIS de peur que l’organisation enlève et détourne complètement leur révolution. Cela indique une unité nouvellement enracinée d’une pensée des résistants tournée vers une trajectoire et une stratégie. Plus important cependant cela éclaire à partir de quelle profondeur l’activisme politique et ses formes militaires ont pris racine en Syrie.
Un ensemble substantiel de recherches sur la guerre civile suggère que les victoires des résistants sont bien plus susceptibles de mener à des politiques moins répressives que les victoires du régime. Une aimable explication vient du fait que beaucoup de mouvements de résistance tirent à la fois leur légitimité et capacités de combattre en guerre de leur peuple. Une fois établie, la culture politique et sociale d’opposition est difficile à déraciner, et dessine à la fois des attentes populaires et un comportement basé sur des principes en conséquence de la guerre.
A l’opposé, un régime syrien victorieux se sentira justifié dans sa violence et aura peu d’appétit ou d’intérêt pour une réforme politique. La mobilisation de la population syrienne augure positivement pour le futur du pays, à condition que le régime ne l’écrase pas.
Le principe du droit du peuple à décider de son gouvernement -plus dramatiquement incarné dans la bravoure et la conscience des manifestations civiles contre ISIS-est ce qui accorde finalement justice à la cause de la résistance, quelle qu’ait été la manière dont il a été teint de sectarisme et de parti pris. Le fait que ce principe ait survécu au régime et ISIS indique qu’il pourrait peut être bien survivre à n’importe quelles autres difficultés infligées par la guerre au peuple syrien. Parmi le courant apparemment sans fin des nouvelles terrorisantes du pays, celle ci à elle seule est une source d’espoir pour une Syrie libre expurgée de tyrannie sous toutes ses formes, religieuses ou laïques.
Faysal Itani est diplomé du Centre « Atlantic Council Rafik Hariri » pour le Moyen Orient
Cet article a été traduit de l’anglais le 15/01/2014
date : 07/01/2014