La guerre contre Dâ‘esh : alliance obligée, ou porte ouverte aux tractations ? par Georges Samaan
in Al-Hayat, 25 août 2014
traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier
http://www.alhayat.com/Opinion/George-Samaan/4286299/الحرب-على-داعش–تحالف-الضرورة-أم-باب-للتسويات؟
La guerre mondiale contre Dâ‘esh ne suffira pas. Et le fait de donner mandat aux habitants du Moyen-Orient de s’engager sur le terrain pour faire reculer cette organisation n’est pas sans dangers dont le premier n’est pas la modification des politiques, des alliances et des relations et dont le dernier n’est pas la définition des tailles et des rôles des uns et des autres. Il existe effectivement un dialogue en cours entre tous les partenaires concernés par l’ordre régional, mais ce dialogue se déroule sur des braises. Et à chaque fois qu’il avance, la température augmente, ses éléments se diversifient et il y intervient de nouveaux éléments. L’« Etat d’Abu Bakr al-Bagdadi » a réussi à ranimer d’un seul coup toutes les crises du Moyen-Orient. Autant il a mis dans l’embarras tous les acteurs, autant il les a ramenés sur le terrain du réel. C’est comme si tout ce qui avait existé avant sa proclamation n’avait été que des rêves, des ambitions illusoires et des calculs à tout le moins imprécis. Et c’est comme si tout ce qui viendra après sa proclamation ne devait ressembler en rien au passé, dans le cas où cette guerre devrait différer des guerres contre le terrorisme qui l’avaient précédée.
Le président Barack Obama affronte depuis quelque temps ce qu’avait dû affronter son prédécesseur George Bush Fils au début de son premier mandat présidentiel. Le précédent président américain n’en pouvait plus, en effet, des négociations israélo-palestiniennes auxquelles son propre prédécesseur Bill Clinton avait consacré en vain beaucoup de temps, gaspillant le plus gros de ses efforts diplomatiques pour rien. George Walker Bush, donc, avait décidé de lever le pied et de s’isoler des problématiques du Moyen-Orient. Mais il n’a pas pu rester bien longtemps dans son superbe isolement : les deux « razzias » de New York et de Washington (les attentats du 11 septembre 2001, ndt) l’avaient ramené dans le grand Orient. Il a alors déclenché ses guerres préventives de l’Afghanistan à l’Irak et il a pourchassé les groupes d’al-Qâ‘ida dans de vastes régions. Les Etats-Unis ont déployé de nombreux hommes et consacré d’importantes ressources économiques à ces opérations armées. Lorsqu’ils ont choisi Obama, les Américains comptaient sur lui pour faire rentrer au pays leurs enfants des terrains d’opérations à l’étranger et pour les sortir de leur crise économique. Mais Obama a poussé l’isolationnisme au point de démissionner de tout rôle effectif dans la gestion des affaires du monde. Il s’est reposé sur ceux qu’il appelait ses « associés » et sur les grandes forces internationales et régionales. Il a fermé les yeux sur ce qui se passait en Irak, en Syrie et en Libye. Et le voici aujourd’hui confronté au même défi qu’avait dû affronter George W. Bush. Les groupes terroristes sont devenus plus puissants qu’ils ne l’avaient été au cours des deux décennies écoulées, de l’Afghanistan et du Pakistan à l’Irak et à la Syrie en passant par la Libye et les pays d’Afrique centrale et d’Afrique saharienne. Et ces groupes terroristes l’entraînent sur le champ de bataille.
L’isolationnisme américain apparaît aujourd’hui sous le jour d’un luxe qu’une grande puissance ne saurait se permettre. L’administration Obama a fermé longtemps les yeux sur Dâ‘esh jusqu’à ce que celle-ci déclare en fin de compte une guerre directe à l’Amérique. Elle n’a pas simplement opéré une blitzkrieg à travers les départements (muhafazât) sunnites irakiens, elle s’est (dangereusement) rapprochée de la capitale du Kurdistan (irakien autonome), cet allié fidèle et fiable des Etats-Unis et elle a mis en danger la vie de citoyens américains résidant à Erbil, poussant le défi jusqu’à égorger le journaliste James Foley en brandissant la menace de toujours plus d’agissements barbares. L’affrontement est donc désormais ouvert à tous les développements imaginables possibles. Il sera plus complexe que les guerres préventives du passé. Et il n’aura pas de résultats assurés, quel que soit le nombre des opérations menées par des pays lointains comme proches qu’exigera le champ de bataille. La politique (américaine) de guerre sur le terrain en Irak a échoué, en dépit de la présence de cent-cinquante mille hommes. Elle a échoué également en Afghanistan, malgré une très importante concentration de forces internationales. Le terrorisme a en effet réussi à entraîner tout le monde dans une guerre d’attrition. Quant au fait d’abandonner le terrain aux forces locales, il a abouti à un résultat encore pire de l’Afrique de l’Ouest à Kaboul.
Les leçons des expériences passées dont nous disposons aujourd’hui n’indiquent pas que la guerre mondiale contre l’« Etat islamique » prendra fin rapidement après avoir supprimé ledit Etat. Les éléments et les forces qui poussent à la constitution d’une coalition internationale pour affronter Dâ‘esh ont chacun et chacune leurs propres calculs, leurs propres intérêts, leurs propres aspirations et leur propre réseau de relations qui ne convergent pas nécessairement, mais qui peuvent, au contraire, se recouper ici et entrer en conflit là-bas. L’Amérique a collaboré avec l’Iran dans la guerre en Afghanistan puis dans la guerre qu’elle a menée en Irak pour renverser le régime de Saddam Hussein, mais ces deux pays se sont rapidement séparés pour se combattre, et ils continuent à le faire aujourd’hui. Et si la guerre contre l’« Etat d’Abu Bakr » nécessite une coopération avec Téhéran et avec le régime de Damas, rien n’indique que cette coopération sera possible pour beaucoup de causes, de crises et de dossiers. Si cette guerre nécessite une rencontre entre les adversaires régionaux, de la République islamique d’Iran aux pays du Golfe et d’autres, cette rencontre ne sera certainement pas définitive. Il y a en effet des causes et des dossiers autres qui nécessiteraient des dialogues extrêmement difficiles à établir.
La guerre contre Dâ‘esh ne sera pas seulement militaire. Elle sera aussi, par excellence, politique. Et la guerre contre le terrorisme ne sera pas remportée tant que les crises régionales n’auront pas trouvé de règlements et de solutions satisfaisants pour tous leurs acteurs locaux, régionaux et internationaux. Le « calife Abu Bakr » a réussi à mettre en mouvement plus d’une arène politique. Et la compétition pour retirer les fruits de la création de son « Etat » est évidente. Localement, il a détruit les rêves des forces chiites de s’emparer de tous les postes clés du pouvoir et de pousser à un changement radical dans l’approche du gouvernement de l’Irak. Les Kurdes ont reconsidéré leurs initiatives, prises dans la précipitation après la chute de Mossoul. Ils ont agité des velléités de séparatisme en dépit de l’opposition tant de leurs alliés américains que de leurs voisins… Mais très rapidement ils sont revenus au réel et leurs forces se sont mises à combattre aux côtés des forces gouvernementales (irakiennes). Le mouvement « dâ‘eshien » a révélé la fragilité des projets d’action individuelle et de monopolisation. Sur le plan extérieur, Abu Bakr a contraint le président Obama, sous la pression des Républicains, à sortir de son isolement, fusse transitoirement et dans le cadre de calculs intérieurs et de considérations extérieures bien précises. Le conflit entre les réformistes et les conservateurs iraniens s’est embrasé, il a été à nouveau question de manœuvres visant à saper le gouvernement du président Hasan Rohani. Celui-ci n’a pas hésité à lancer une violente campagne contre ses adversaires. Téhéran a payé un prix très élevé : elle a perdu son homme fort dans la région, le commandant Qasim Suleïmani, le chef de la « brigade de Jérusalem » (Faylaq al-Quds). Et même les pays du Golfe qui avaient été satisfaits de constater que les sunnites entraient dans l’action, ainsi que les atteintes portées au projet iranien dans la région, ont très rapidement été effrayés par l’avancée fulgurante de l’« Etat islamique » et par ce que celui-ci comportait en fait de soutien aux mouvements extrémistes qui n’ont jamais cessé de lutter pour les éradiquer de la Péninsule arabique.
Abu Bakr a réveillé les peurs de tous les acteurs du Moyen-Orient. Il a réveillé des politiques, des frontières, des rêves et des illusions. Mais en contrepartie, il a fait de tous ces partenaires des ennemis. Il a concilié entre eux des cœurs qui ne s’étaient plus alliés depuis des décennies. Mais les optimistes ne doivent pas être trop pressés. La coalition internationale qui est en train de se mettre sur pied pour affronter Dâ‘esh a été imposée par la nécessité absolue, et non pas par des convictions ou par des politiques réalistes. Cette lutte a été décidée sur des braises et tandis que tombaient des positions ici ou là. Les conditions du grand marchandage ne sont pas encore mûres. En effet, les forces qui considèrent avoir perdu en Irak ne se calmeront pas facilement. La politique de la vengeance est profondément ancrée dans la région. Et elle ne cessera pas d’attiser les braises de la guerre civile. Une partie de ce que l’Iran a perdu et de ce qu’il peut encore perdre, par exemple en Irak, ne lui permettra pas de déranger beaucoup l’équilibre des forces actuel. L’Iran s’investira peut-être dans un endroit donné afin de limiter ses pertes ailleurs. Ses alliés houthistes (chiites) qui hésitaient à pénétrer militairement dans Sanaa après l’avoir encerclée y sont finalement entrés en très grand nombre, mobilisant la rue yéménite de leurs slogans à portée sociale. Ce que les sunnites irakiens obtiennent au détriment des forces irakiennes alliées à l’Iran peut avoir pour contrepartie le prix ainsi décerné aux alliés houthistes de l’Iran au Yémen. Et ses adversaires régionaux devront peut-être céder à Sanaa l’équivalent ce qu’ils auront récolté à Bagdad. Si aucune contrepartie dans l’avancée du dossier nucléaire n’est imposée à Téhéran pour son implication dans une guerre contre Dâ‘esh (qui a menacé ses positions en Irak), le mouvement houthiste peut éventuellement inciter les partenaires intéressés à une solution au Yémen et à la guerre contre Al-Qâ‘ida à des marchandages sur d’autres dossiers relatifs à la Syrie. Ce qui est en train de se passer dans la capitale yéménite après s’être passé à Sa’da et dans tout le nord du Yémen menace l’initiative patronnée par les membres du Conseil de coopération du Golfe et divulgue les résultats du congrès de dialogue, portant atteinte à la guerre américaine et yéménite en cours contre Al-Qâ‘ida elle-même dans le sud du Yémen. Cela redouble les craintes des habitants des pays du Golfe, qui réorganisent leur Conseil, et cela les incite à élargir leur coopération tant avec l’Egypte qu’avec la Jordanie.
Au-delà de ces deux théâtres d’opérations, il reste l’affrontement décisif – en Syrie. La Syrie sera la pierre de touche pour le degré de sérieux des peuples de la région et pour la détermination des responsables américains et européens qui se préparent à frapper Dâ‘esh. Ceux-ci affirment qu’il sera impossible de vaincre cette organisation tant que le théâtre des opérations n’englobera pas l’ensemble du champ de bataille syrien, c’est-à-dire la Syrie proprement dite et jusqu’au Liban, qui se laisse entraîner en toute conscience dans l’enfer syrien. Mais ils jurent leurs grands dieux qu’ils ne traiteront pas avec le régime syrien, car cela entraînerait inéluctablement sa réhabilitation et la reconnaissance dudit régime. C’est ce que voudrait l’Iran, qui a énormément investi en termes d’armement et de financements pour pérenniser ce régime. Mais ils savent qu’il est impossible de saper les fondements de l’« Etat islamique » tant que la guerre n’englobera pas le terrain syrien… Sauf s’ils recourent à l’armement des forces de l’« opposition (syrienne) modérée » en lui donnant les armes offensives puissantes et efficaces qu’ils lui ont promises. C’est ce qu’ils avaient proposé dès le début de l’éclatement de la crise syrienne, il y a de cela plus de trois ans, et s’ils avaient recouru à ce choix précocement, ils n’auraient peut-être pas eu à affronter ce qu’ils ont dû affronter dans toute la Syrie. Peut-être pensent-ils aussi à ressusciter les tractations politiques qui se sont interrompues à Genève afin que la Syrie constitue le deuxième pas après l’Irak, sur le long terme, ce qui est, là encore, un objectif difficile à atteindre en raison des fleuves de sang versé, après les massacres et après la désertification de nombres de villes et de régions rurales syriennes.
Quel que soit l’aspect que prendront les alliances et les ententes dans la guerre contre Dâ‘esh, la possibilité d’en finir avec les mouvements terroristes restera conditionnée par le grand marchandage qui modifiera l’équilibre entre les forces régionales et qui fixera à chacune d’entre elles son extension et son rôle naturels. Tout autre option signifierait que l’on traverserait l’étape actuelle de temps perdu avec un minimum de pertes possibles pour l’ensemble de ces forces, jusqu’à ce que deviennent clairs les contours de la carte et jusqu’à ce qu’ait mûri la représentation des nouvelles frontières, possibles et impossibles… Non seulement dans la grande Syrie historique (Bilâd al-Shâm), mais également dans le Sud de la Péninsule arabique et en Afrique du Nord.
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الحرب على داعش: تحالف الضرورة أم باب للتسويات؟
الحرب الكونية على «داعش» لا تكفي. والتفويض إلى أهل المنطقة الانخراط الميداني لدحره دونه عقبات. ليس أولها تبديل السياسات والتحالفات والعلاقات وليس آخرها تحديد الأحجام والأدوار. الحوار قائم بين جميع المعنيين بالنظام الإقليمي على صفيح لاهب. وكلما تقدم ازداد سعيره. وتشعبت عناصره وتداخلت فيه عناصر جديدة. نجحت «دولة أبي بكر البغدادي» في تحريك كل أزمات الشرق الأوسط دفعة واحدة. وبقدر ما أربكت جميع اللاعبين استدرجتهم إلى أرض الواقع. كأن كل ما كان قبلها أوهام أو أضغاث طموحات، وحسابات غير دقيقة في أقل تقدير. وكل ما سيكون بعدها صورة مختلفة تماماً إذا قيض لهذه الحرب أن تكون مختلفة عن الحروب السابقة على الإرهاب.
الرئيس باراك أوباما في آخر عهده يواجه ما واجه سلفه جورج بوش الإبن في مطلع ولايته الأولى. ضاق الرئيس الأميركي السابق ذرعاً بالمفاوضات الإسرائيلية – الفلسطينية التي صرف عليها سلفه بيل كلينتون بلا جدوى الكثير من الوقت، وأهدر جل ديبلوماسيته لا أي عائد. قرر رفع يده والانعزال عن شؤون المنطقة. لم يطل مقامه في عزلته. أخرجته «غزوتا نيويورك وواشنطن» إلى الشرق الكبير. شن حروبه الاستباقية من أفغانستان إلى العراق وطارد جماعات «القاعدة» في بقاع واسعة. ودفعت الولايات المتحدة ما دفعت من عديد جيوشها واقتصادها. وعندما اختار الأميركيون أوباما عولوا عليه لإعادة أبنائهم من الخارج وإخراجهم من أزماتهم الاقتصادية. لكنه بالغ في الانعزال إلى حد الاستقالة من أي دور فاعل في إدارة شؤون العالم. اعتمد على ما يسميهم «الشركاء» والقوى الدولية والإقليمية الكبرى. تعامى عما يجري في العراق وسورية وليبيا. وها هو اليوم يواجه التحدي الذي واجه بوش الإبن. عادت جماعات الإرهاب أقوى مما كانت عليه في العقدين الماضيين. من أفغانستان وباكستان إلى العراق وسورية واليمن وليبيا ودول الصحراء ووسط أفريقيا. وهي تستدرجه إلى الميدان.
بدا انعزال أميركا ترفاً لا يليق بالقوة العظمى. غضت إدارة أوباما الطرف عن «داعش» طويلاً حتى أعلنت هذه الحرب على أميركا مباشرة. لم تجتح المحافظات السنية فحسب. تقدمت نحو عاصمة كردستان، الحليف الوثيق والموثوق به للولايات المتحدة. وعرض حياة أميركيين مقيمين في إربيل. ورفع التحدي بذبح الصحافي جيمس فولي، مهدداً بالمزيد من الوحشية. باتت المواجهة مفتوحة على شتى الاحتمالات. وستكون أكثر تعقيداً من الحروب الاستباقية. ولا نتائج مضمونة مهما استدعى مسرح العمليات من دول بعيدة وقريبة. سياسة الحرب الميدانية لم تفلح في العراق على رغم وجود أكثر من مئة ألف وخمسين ألف جندي أميركي. ولم تفلح في أفغانستان على رغم حشد من القوات الدولية. استطاع الإرهاب جر الجميع إلى حرب استنزاف. ولم تثمر الغارات الجوية وطلعات الطائرات بلا طيار في تغيير الواقع على الأرض. أما إخلاء الساحة للقوى المحلية فقاد إلى ما هو أسوأ. من شرق أفريقيا إلى كابول.
دروس التجارب الماضية الحاضرة اليوم لا تشي بأن الحرب الكونية على «الدولة الإسلامية» ستضع أوزارها سريعاً بالقضاء على هذه الدولة. العناصر والقوى التي تدفع إلى التحالف الدولي الذي يتشكل لمواجهة «داعش» لكل منها حسابات ومصالح وتطلعات وشبكة من العلاقات لا تلتقي بالضرورة بل تتقاطع هنا وتتصادم هناك. تعاونت أميركا مع إيران في الحرب على أفغانستان ثم في العراق لإطاحة نظام صدام حسين. لكنهما سرعان ما افترقتا وتصارعتا ولا تزالان. وإذا كانت الحرب على «دولة أبي بكر» في العراق وسورية تستدعي التعاون مع طهران ومع النظام في دمشق، فلا شيء يؤشر إلى أن هذا التعاون سينسحب على كثير من القضايا والأزمات والملفات. وإذا كانت تستدعي تلاقي الخصوم الإقليميين من الجمهورية الإسلامية الإيرانية إلى دول الخليج وغيرها، فإن هذا التلاقي ليس نهائياً. ثمة ملفات وقضايا أخرى تستدعي حوارات ليست باليسيرة.
الحرب على «داعش» لن تكون عسكرية فحسب. إنها سياسية بامتياز. ولن تنجح الحرب على الإرهاب ما لم تجد أزمات المنطقة تسويات وحلولاً مرضية لكل اللاعبين المحليين والإقليميين والدوليين. نجح «الخليفة أبو بكر» في تحريك أكثر من ساحة سياسية. والسباق واضح على استثمار تداعيات قيام «دولته». محلياً قوّض أحلام القوى الشيعية بالامساك بكل مفاصل السلطة ودفعهم إلى تغيير جذري في مقاربتهم حكم البلاد. وأعاد الأكرد النظر في خطواتهم المتسرعة بعد سقوط الموصل. لوحوا بالانفصال رغم معارضة حلفائهم الأميركيين وجيرانهم… ولكن سرعان ما عادوا إلى أرض الواقع، وباتت قواتهم تقاتل إلى جانب القوات الحكومية. كشفت الحركة «الداعشية» هشاشة مشاريع التفرد والاستئثار. خارجياً دفع أبو بكر الرئيس أوباما تحت ضغط الجمهوريين إلى الخروج من عزلته وإن متأنياً وضمن حسابات داخلية واعتبارات خارجية دقيقة. وأشعل الصراع بين الإصلاحيين والمتشددين في إيران حيث كرت سبحة تقويض حكومة الرئيس حسن روحاني. ولم يتردد الأخير في شن حملة عنيفة على خصومه. دفعت طهران ثمناً غالياً. كفت يدها القوية في المنطقة اللواء قاسم سليماني قائد «فيلق القدس». وأزاحت رجلها القوي في بغداد نوري المالكي. وحتى دول الخليج التي ارتاحت إلى تحرك أهل السنة وما أصاب المشروع الإيراني سرعان ما روعها زحف «الدولة الإسلامية» وما يحمل من استنهاض لحركات التطرف التي لا تزال تجاهد لاقتلاعها من شبه الجزيرة.
أيقظ أبو بكر مخاوف جميع اللاعبين في الشرق. أسقط سياسات وحدوداً وأحلاماً وأوهاماً. لكنه في المقابل ألّب كل هؤلاء عليه. فألف ما بين قلوب لم تأتلف منذ عقود. ولكن يجب ألا يستعجل المتفائلون. التحالف الدولي الذي يتشكل لمواجهة «داعش» فرضته الضرورة القصوى وليست القناعات والسياسات الواقعية. قام على صفيح ساخن وتداعي مواقع هنا وهناك. كأن ظروف الصفقة الكبرى لم تنضج بعد. فالقوى التي ترى إلى نفسها خسرت في العراق لن تستكين بسهولة. سياسة الثأر متجذرة في أرض المنطقة. ولن تكف هذه عن إيقاد جمر الحرب الأهلية. وبعض ما خسرته وقد تخسره إيران، مثلاً، في العراق لن تسمح بأن يخل كثيراً في ميزان القوى القائم. قد تستثمر في مكان آخر للحد من خسائرها في مكان آخر. حلفاؤها الحوثيون الذين ترددوا في دخول صنعاء عسكرياً بعد تطويقها دخلوها أخيراً بحشود غفيرة، مستنفرين الشارع اليمني بشعارات اجتماعية. ما قد يحصل عليه السنة في العراق على حساب القوى الحليفة لإيران قد يقابله ثمن للحوثيين حلفائها. وما قد يحصده خصومها الإقليميون في بغداد سيدفعون مقابله في صنعاء. وإذا كانت لا تشترط مقايضة في الملف النووي للإنخراط في الحرب على «داعش» التي هددت مواقعها في أرض الرافدين، فإن الحركة الحوثية قد تصرف المعنيين بالتسوية في اليمن وبالحرب على «القاعدة» إلى مقايضتها في ملفات شامية أخرى. فما يجري في العاصمة اليمنية بعد صعدة وكل الشمال يهدد المبادرة التي يرعاها أهل مجلس التعاون الخليجي، ويعرض نتائج مؤتمر الحوار، ويقوض الحرب الأميركية واليمنية الدائرة على «القاعدة» إياها في جنوت اليمن. وهذا ما يضاعف مخاوف أهل الخليج الذين يعيدون ترتيب مجلسهم، وتوسيع تعاونهم مع كل من مصر والأردن.
وأبعد من هاتين الساحتين تظل المنازلة الحاسمة في سورية. هي المحك لمدى جدية أهل المنطقة، ولعزيمة المسؤولين الأميركيين والأوروبيين الذين يعدون العدة لضرب «داعش». يقرون باستحالة القضاء عليها ما لم يشمل مسرح العمليات الساحة الشامية بأكملها، أي سورية وحتى لبنان الذي ينجر بكامل وعيه إلى الأتون المشتعل. لكنهم يقسمون اليمين المعظمة بأنهم لن يتعاملوا مع النظام السوري. لأن ذلك سيقود حتماً إلى إعادة تأهيله والاعتراف بنظامه. وهو ما تريده إيران التي استثمرت الكثير من العديد والعتاد والمال للحفاظ عليه. لكنهم يعرفون استحالة تقويض دعائم «الدولة الإسلامية» ما لم تشمل الحرب الساحة السورية… إلا إذا عمدوا إلى تسليح فصائل «المعارضة المعتدلة» بما كانوا يعدّونه أسلحة هجومية فتاكة وفعالة. وهو ما كانوا عارضوه منذ اندلاع الأزمة قبل أكثر من ثلاث سنوات، فلو كانوا لجأوا إلى هذا الخيار باكراً لما كانوا ربما واجهوا ما يواجهون في كل بلاد الشام. أو لعلهم يفكرون في إعادة بعث التسوية السياسية التي توقفت في جنيف لتكون خطوة ثانية بعد العراق على الطريق الطويل. وهو أيضاً خيار صعب المنال بعد أنهر الدماء والمذابح وتصحير المدن والدساكر.
أياً كان شكل التحالفات والتفاهمات في الحرب على «داعش»، فإن القضاء على حركات الإرهاب سيظل رهن الصفقة الكبرى التي تعيد التوازن بين قوى الإقليم، وتحدد لكل منها حجمها ودورها الطبيعيين. غير ذلك يعني عبور المرحلة في الوقت الضائع بأقل الخسائر الممكنة لجميع هذه القوى، إلى أن تتضح معالم الخريطة وتنضج صورة الحدود الجديدة الممكن منها والمستحيل… ليس في بلاد الشام وحدها بل جنوب الجزيرة وشمال أفريقيا.