La longue vie de « L’Etat de Barbarie », de Michel Seurat – Par Hala Kodmani
Une compilation posthume des textes de celui qui est désigné par ses pairs comme « l’un des meilleurs spécialistes du monde arabe contemporain », était parue sous ce titre en 1988. La relecture des analyses de Michel Seurat sur le système de pouvoir syrien, sa brutalité surtout après l’écrasement de la révolte de Hama en 1982 au prix de dizaines de milliers de morts, sur les Frères musulmans « permet de décrypter l’insurrection syrienne mieux que tout ce qui a été produit à chaud depuis le déclenchement de celle-ci au printemps 2011, et de la situer dans son contexte régional et son histoire, » souligne Gilles Kepel.
« L’atmosphère de fin de règne », la corruption et la répression décrites par Michel Seurat dès 1979, inspirent une amère ironie, plus de trente ans après. « Dans les milieux politiques de la capitale (…) on se comporte comme si le régime devait être renversé dès le lendemain. (…)D’aucuns affirment que l’ambassade soviétique, inquiète de l’avenir de son allié privilégié au Proche-Orient, tendait alors une oreille discrète, » écrivait-il.
A l’occasion de la sortie de la nouvelle édition de l’Etat de barbarie, une journée au titre sobrement universitaire : « Syrie : pertinence et actualité de Michel Seurat », réunit jeudi 3 mai, au ministère de la Recherche, plusieurs spécialistes et acteurs concernés par la tourmente syrienne. Dans l’engrenage périlleux où celle-ci est engagée, même les analyses du chercheur disparu prématurément ne suffisent sans doute pas à éclaircir les pistes sur l’avenir de la crise.