La question Kurde en Syrie, sujet de la discussion de la réunion du dimanche par Omar Al Assaad
par Omar Al Assaad – Traduit pour Souria Houria R.S.
La question Kurde en Syrie : la situation présente dans son contexte local, régional et international, était le titre de la sixième réunion organisée par l’association Souria Houria dans le cadre des réunions mensuelles dirigées par l’écrivain et éditeur syrien Farouk Mardam Bey qui accueillait l’avocate Sêvê Aydin Izouli, docteur en droit international, spécialisée dans les conventions internationales des droits de l’Homme et membre de la déclaration de Damas en France, et le chercheur Hamit Bozarslan, docteur en histoire et en sciences politiques auteur de dizaine d’ouvrage sur les questions Kurdes, et Etats et minorités au Moyen- Orient.
Bozarslan a parlé de la situation de la société Kurde et du partage des forces politiques dans les quatre pays où se dispersent les Kurdes dans la région « Syrie, Irak, Turquie et Iran ».
Il a évoqué la situation syrienne, son évolution au début de la révolution et son impact sur la composante kurde en Syrie, que ce soit dans les premières étapes du mouvement ou après sa transformation en lutte armée à nos jours. Il a considéré que la bataille de Kobani entre les forces kurdes et les combattants de de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie « Daech » est un point critique dans l’évolution du conflit sur la région en général et sur la Syrie en particulier.
Bozarslan a évoqué également le retrait des forces du régime syrien des régions kurdes en 2012 et leur remplacement par des forces kurdes, soulignant l’exploitation du régime syrien de la question kurde pour faire pression sur les turcs et sur leur politique. Il a également parlé de la monté du conflit religieux et identitaire dans la région qui a poussé la société kurde et ses forces politiques à s’assembler d’avantage et à vouloir exprimer leur particularité et leur identité face, surtout, à la menace que représente les groupes djihadistes musulmans extrémistes et suite à l’expansion dangereuse de l’organisation de l’Etat Islamique et aux batailles ardues menées contre lui que ce soit en Irak ou en Syrie avec un appui international aux forces kurdes pour l’affronter.
Bozarslan a considéré que 2011 a été une année de changement historique dans la région, tout comme l’avait été 1918 avec l’effondrement de l’Etat Ottoman et la régression de son influence sur les pays arabes ou 1948 date de la création de l’Etat d’Israël sur les territoires palestiniens ou bien 1979 date de la révolution islamique en Iran et la fin du pouvoir du Chah.
A son tour l’avocate Sêvê Aydin Izouli a parlé de la situation kurde en général après la révolution, de l’évolution de la relation entre les kurdes et le régime et de la relation des kurdes avec l’opposition syrienne.
Elle a passé en revue les principales régions géographiques de la présence kurde en Syrie de la Jazira, à Afrin, à Kobani, aux quartiers où se trouvent les kurdes dans Damas comme Rukn El Dine et le quartier de Zorfa/ Jabal El Riz qui s’est constitué récemment de kurdes immigrés de la Jazira syrienne. Elle a parléde la composition de la société kurde, de sa diversité religieuse entre sunnites, alaouites, yezidis et chrétiens, et de la répartition des forces et partis politiques kurdes et de la nature de leurs relation aussi bien avec le régime qu’avec l’opposition.
Aydin Azouli a également évoqué les étapes importantes de l’histoire des kurdes dans la région, parmi lesquelles le recensement de 1962 suite auquel le gouvernement syrien a privé des milliers de kurdes de la nationalité syrienne en faisant ressortir le cas des étrangers et des apatrides dont le problème n’a été résolu qu’en 2011 après le début de la révolution. Elle a rappelé le projet de la « ceinture arabe » qui a été proposé par l’officier Mouhamad Talib Hilâl pour les régions de Jazîra dans les années 60 du siècle dernier et qui fut complété à l’arrivée de Hafez Al Assad au pouvoir. Elle a parlé de la relation entre le régime syrien et Abdullah Oçalan qui fut exploité par le régime syrien pour faire pression sur les turcs car les relations entre les deux pays étaient en permanence sous tension, jusqu’en 1999, date de l’expulsion par le régime syrien du chef kurde de Syrie et de son arrestation par les autorités turcs. Elle s’est arrêtée, au cours de son intervention, sur les événements de la révolte kurde en 2004 en évoquant les violences et les arrestations d’un grand nombre d’activistes et de jeunes.
Elle a considéré que le régime syrien a toujours eu une politique provocatrice vis à vis des kurdes, et ses milieux ont souvent comparé les régions du Kurdistanà celles de l’ennemi israélien.
Concernant la relation avec l’opposition Aydin Izouli en a parlé en signalant que cette dernière n’a pas vraiment ouvert des canaux de dialogue et de communication avec les kurdes, même si les manifestations dans les régions kurdes se sont déclenchés simultanément et solidairement avec les événements de Daraa , l’opposition n’a pas su profiter de l’occasion pour se rapprocher d’avantages des Kurdes et leurs aspirations en Syrie, rappelant qu’à la conférence du Caire en 2012, dont l’objectif était de rassembler les efforts de l’opposition syrienne, les kurdes se sont retirés par mesure de contestation. Elle a réclamé d’unir les efforts pour plus de rapprochement avec les forces kurdes, en particulier et suite à l’apparition de forces extrémistes et l’émergence du rôle kurde dans la confrontation avec l’organisation de l’Etat Islamique « Daech ». Elle a considéré qu’il existe un ensemble de décisions et d’actions qui règne dans les milieux de l’opposition syrienne contre la composante kurde qui ne rend pas service ni l’opposition ni à sa cause mais débouche dans l’intérêt du régime syrien.
Les réunions continuent le dernier dimanche de chaque mois. La prochaine aura lieu exceptionnellement le 18 janvier 2015.
version en arabe : المسألة الكردية في سوريا موضوع النقاش في ندوة الأحد – عمر الأسعد