La ville de Homs, en Syrie, véritable zone de guerre – par Douglas Hamilton et Erika Solomon

Article  •  Publié sur Souria Houria le 13 décembre 2011

BEYROUTH (Reuters) – C’est à la nuit tombée, lorsque les armes se taisent, que les opposants au président Bachar al Assad peuvent venir récupérer les corps des manifestants abattus un peu plus tôt dans les rues de Homs sous les balles des forces et milices loyales au régime syrien.

Le récit des témoins des affrontements et les vidéos diffusées par l’opposition quotidiennement sur internet dressent un sombre tableau de la situation dans cette ville du centre du pays, bastion de la contestation populaire, transformée en véritable zone de guerre.

« Je suis resté sur le sol pendant des heures avec mes amis », raconte Mohamed, déserteur de l’armée. « Cinq d’entre eux étaient morts. Je me suis évanoui et je ne me réveillé qu’à la nuit tombée, lorsque les coups de feu se sont tus. Nos amis sont alors venus récupérer nos corps », ajoute le jeune Syrien de 20 ans, en convalescence au Liban voisin.

« Les corps restent dans les rues pendant deux heures jusqu’à ce que la fin des coups de feu nous permette de sortir à découvert. »

Selon l’Onu, la répression des manifestations antigouvernementales a fait au moins 4.000 morts depuis mi-mars.

Le gouvernement, qui continue de nier toute répression malgré la pression grandissante de la communauté internationale, impute les troubles à des « groupes terroristes armés » par l’étranger pour déstabiliser le pays.

Dans une interview diffusée le 7 décembre sur ABC News, Bachar al Assad assure ne pas avoir donné l’ordre à ses forces d’abattre des manifestants, un geste qui selon lui ne pourrait venir que d’un dirigeant souffrant de démence.

IMAGES INSOUTENABLES

« Si quelqu’un veut mettre un terme à sa vie ou se suicider, il devrait aller en Syrie. Ils tuent les civils », estime Tayfun Sari, un chauffeur routier turc, qui revient de Syrie.

« J’ai vu cinq soldats tués sur la route de Homs vers la Turquie et personnes ne faisait rien pour eux », raconte-t-il à la frontière turque.

« J’ai vu des chars militaires sur la route entre Homs et Hama. A Homs, les civils ont brûlé des pneus sur les routes et l’armée a ouvert le feu sur des manifestants ».

« J’ai vu de nombreuses douilles sur la route et certains camions avait les pneus dégonflés. Je me suis retrouvé pris entre deux feux mais heureusement mon camion n’a pas été atteint. J’ai vu un véhicule de l’armée et une maison en feu. »

Les vidéos diffusées quotidiennement sur internet par l’opposition syrienne sont souvent insoutenables mais ne peuvent pas être vérifiées de source indépendante en raison des restrictions imposées par Damas à la presse étrangère.

Mais elles permettent de montrer que, malgré la répression sanglante des manifestations, de nombreux Syriens continuent de braver les forces loyales à Assad en descendant dans les rues.

Dans une vidéo, une mitrailleuse dissimulée sous un tas d’ordures au coin d’une rue tire sans relâche en direction de la rue et du vidéaste. L’écran devient blanc. Puis une voix s’élève : « Dieu est grand », la poussière s’estompe et l’image revient.

Marine Pennetier pour le service français

source: http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111211.REU4795/la-ville-de-homs-en-syrie-veritable-zone-de-guerre.html