La voix des artistes syriens – sur France Culture
Alors qu’on parle de 240 000 morts en Syrie, de millions de personnes qui fuient, de trésors détruient et pillés, alors que la Syrie est le sujet central de l’Assemblée générale des Nations Unies, il y a dans cette cacophonie, au milieu des ruines, une voix qu’on entend de moins en moins : celle des syriens.
Nous recevons aujourd’hui trois artistes syriens qui nous parlent de leur pays, mais aussi d’art, de poésie, de ce qui peut ou ne peut pas naitre de ces ruines : les artistes peuvent-ils sauvegarder une culture contre les bombes qui la menacent? Le veulent-ils? Comment créer quand tout est détruit? Puisque c’est le but de cette émission, laissons-leur la parole :
La voix des artistes syriens
02.10.2015 – 12:02
Farouk Mardam-Bey : « La voix des syriens est étouffée par le fracas des armes, et par la propagande qui voudrait que les affrontements en Syrie soient entre Daesh et le régime. On oublie que c’est le peuple syrien qui est le principal acteur, qui devrait l’être. » (…) « Les syriens en général ont été privés de parole pendant très longtemps, privés d’une parole libre. »
Fawaz Baker : « Ceux qui restent, qui reçoivent les bombes du monde entier, ce sont les plus pauvres. (…) L’action aujourd’hui c’est de sauvegarder cette Syrie qui est dans notre coeur. Car une patrie n’est pas une zone géographique, c’est une culture, une mémoire, une expérience humaine qui appartient au monde entier. C’est essentiel car un jour cette guerre va s’arrêter, et nous aurons besoin de ça. »
Samar Yazbek : Je ne pourrais jamais me séparer de ce qui se passe en Syrie c’est comme un tremblement de terre psychologique qui m’a touchée, qui m’a secouée, qui m’a transformée en une autre personne : je ne peux parler que de la Syrie, je me sens au coeur de ce tremblement de terre. C’est très difficile pour écrire car le roman nécessite une distance, et je n’arrive pas à avoir cette distance. »
Fawaz Baker et son Oud HENRI LEBLANC © RADIO FRANCE
Fawaz Baker sera en concert ce soir à la bibliothèque François Mitterand, puis le 9 octobre à la maison des cultures du monde et à l’Institut du monde arabe le 4 juin 2016 avec son groupe.
Retrouvez ici la deuxième partie de l’émission avec la professeur Frédérique Leichter-Flack pour son livre Qui vivra qui mourra, quand on ne peut pas sauver tout le monde.
Invité(s) :
Farouk Mardam-Bey, directeur des collections Mondes arabes aux éditions Actes Sud
Fawaz Baker, musicien syrien (joueur de Oud)
Samar Yazbek, romancière
date : 02/10/2015