Rare bonne nouvelle venue de Syrie, la libération de Mazen Darwich, lundi 10 août,
Le défenseur des droits de l’homme Mazen Darwich libéré en Syrie – par Laure Stephan
Rare bonne nouvelle venue de Syrie, la libération de Mazen Darwich, lundi 10 août, après presque trois ans et demi de détention, a été accueillie avec joie par ses proches. Mais son épouse, Yara Bader, qui a œuvré sans répit à maintenir l’attention sur son sort, a aussi rappelé que des menaces judiciaires pèsent toujours contre le journaliste : son procès doit se tenir dans le pays fin août.
Défenseur des droits de l’homme de premier plan, engagé dès le début des années 2000 en faveur de la liberté d’expression en Syrie, Mazen Darwich, 41 ans, est un symbole pour les militants des manifestations pacifiques de 2011 contre le régime de Bachar Al-Assad. Sa longue détention a traduit, aux yeux de ces jeunes, l’acharnement du pouvoir à étouffer les voix non violentes sur la scène de la contestation. Son nom n’est apparu sur les listes de détenus libérables que lors de la dernière amnistie, en juillet, alors que des extrémistes ont bénéficié de précédents élargissements.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/08/10/syrie-le-defenseur-des-droits-de-l-homme-mazen-darwich-libere_4719782_3218.html#fdSUWHcPtQFfUyM5.99
Long calvaire
C’est en février 2012 que Mazen Darwich est arrêté, avec l’équipe de l’ONG qu’il a fondée, le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), qui dénonce la répression contre les civils. Plusieurs de ses collègues sont relâchés au cours des jours ou des mois suivant la rafle. Mazen Darwich, président du SCM, ainsi que deux autres membres, Hussein Gharir et Hani Al-Zitani, libérés en juillet dernier, vont eux connaître un long calvaire. Ils endurent l’isolement, la torture, les privations. Ils sont plusieurs fois transférés de prison en prison, renforçant l’inquiétude de leurs familles qui cherchent à les localiser.
Des associations comme Amnesty International dénoncent une détention arbitraire. Mais la mobilisation et les distinctions décernées à l’étranger au militant restent sans effet. Les tractations diplomatiques en cours autour de la Syrie ont-elles influé sur sa libération ?
Ses proches appellent aujourd’hui au retrait des lourdes charges d’« apologie d’actes terroristes » qui pèsent contre lui. Mazen Darwich n’a jamais été jugé, et son procès a été reporté plus de vingt fois.
En prison, ce père de deux enfants n’a pas cessé d’observer l’évolution tragique de son pays. Il y a quelques mois, il lançait dans une lettre cet appel vibrant : « Ô fils de Syrie, ma patrie, (…) n’est-il pas temps de mettre fin à cette guerre nihiliste ? N’est-il pas temps d’établir un nouveau contrat social qui libère la Syrie de la tyrannie et nettoie son sol du terrorisme, et sauve nos enfants des périls du sectarisme ? »
date : 10/08/2015