Le film sur les casques blancs syriens récompensé aux Oscars
Ils sont sortis de l’anonymat grâce à des vidéos relayées sur les réseaux sociaux les montrant se ruer vers des lieux bombardés pour extraire des survivants.
Les casques blancs, célèbres secouristes des zones rebelles de Syrie, ont été récompensés, dimanche 26 mars, aux Oscars pour un documentaire retraçant leur travail. Ils sont les héros de Les Casques blancs (diffusé sur Netflix) réalisé par Orlando von Einsiedel, a remporté l’Oscar du meilleur court-métrage documentaire. Le réalisateur a lu un bref mot du chef des casques blancs, Raed Saleh, qui n’a pu venir aux Etats-Unis.
« Nous sommes tellement reconnaissants que ce film ait mis en lumière notre travail (…) Nous avons sauvé plus de 82 000 civils. J’invite ceux qui m’écoutent à travailler pour la vie, pour arrêter le bain de sang en Syrie et ailleurs dans le monde ».
Leurs représentants ont renoncé à se rendre à la cérémonie des Oscars en raison d’un surcroît de travail et de l’invalidation d’un passeport, annonçait dimanche l’organisation. « Il faut des documents valides pour voyager aux Etats-Unis », s’est contenté de commenter un porte-parole de l’autorité américaine de l’immigration (CBP).
Avant la guerre en Syrie, les casques blancs étaient boulangers, peintres ou étudiants. Depuis, ils sont volontaires et bénévoles pour sauver les civils victimes des frappes et des combats dans les zones rebelles.
Ils sont sortis de l’anonymat grâce à des vidéos relayées sur les réseaux sociaux les montrant, casques sur la tête, se ruer vers des lieux bombardés pour extraire des survivants, notamment des enfants, ensevelis sous les décombres des immeubles détruits.
142 casques blancs tués
Cent quarante-deux casques blancs ont été tués depuis que le groupe a vu le jour en 2013, deux ans après les manifestations pacifiques pour la démocratie de mars 2011, réprimées dans le sang par le régime de Bachar Al-Assad, qui ont marqué le début du conflit syrien.
Depuis 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 310 000 morts et déplacé des millions de personnes .
Les détracteurs des casques blancs, partisans du régime de Damas ou de la Russie, les accusent d’être des marionnettes aux mains des donateurs internationaux. Le groupe est financé par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Japon ou les Etats-Unis. Il reçoit également des dons de particuliers pour l’achat de matériel, dont leurs fameux casques.
Mais ces critiques restent minimes par rapport aux soutiens dont bénéficient ces volontaires, récompensés en septembre par le prix suédois Right Livelihood, qui se veut un « Nobel alternatif ». Le jury a loué « leur courage exceptionnel, leur compassion et leur engagement humanitaire ».
C’est en 2014, alors que leurs efforts commencent à être reconnus à l’étranger, que les équipes de la Défense civile sont surnommées les casques blancs. Les quelque 3 000 volontaires, dont 78 emmes, opèrent dans 120 centres dans huit provinces syriennes, uniquement en territoire rebelle. Ils affirment n’avoir pas le droit de travailler en zone gouvernementale.
Leur slogan, « Qui sauve une vie sauve toute l’humanité », est tiré d’un verset du Coran. Ils insistent toutefois sur la neutralité des volontaires, qui volent au secours de toutes les victimes, indépendamment de leur religion. « Nous sommes prêts à sauver des personnes, quelles que soient leurs affinités politiques ou religieuses », a récemment affirmé leur chef, Raed Saleh.
Certains casques blancs ont reçu une formation à l’étranger, prenant ensuite la relève en Syrie pour, à leur tour, former d’autres volontaires aux techniques des opérations de recherche et de sauvetage.