Le nouveau président du Conseil national syrien, pédagogue et militant de terrain – par Ignace Leverrier
Georges Sabra, qui a été élu président du Conseil national syrien (CNS), le 9 novembre 2012, est né le 11 juillet 1947 à Qatana, une petite ville de garnison située au sud-ouest de la capitale syrienne, dans le gouvernorat de Damas campagne.
Diplômé de l’Institut de formation des maîtres en 1967, il exerce dans diverses écoles de Damas et de Damas campagne. Titulaire d’une licence de géographie de l’Université de Damas (1971) et d’un diplôme d’enseignement à distance de l’Université d’Indiana (1978), il travaille durant une dizaine d’années (1970-1980) à la mise au point de programmes éducatifs télévisés, dont il est l’un des pionniers en Syrie. Il a rédigé nombre d’articles et d’études dans son domaine de spécialité, mais également des récits et des contes pour enfants.
Il adhère au Parti communiste syrien en 1970. Lorsque celui-ci se scinde en deux, en 1973, sous l’impulsion de Riyad Turk qui refuse à la fois la soumission de Khaled Bakdach aux directives de Moscou et l’instrumentalisation des communistes par Hafez Al Assad au sein du Front national progressiste, il le suit. Il milite désormais au Parti communiste/Bureau politique (PC/BP), également désigné en Syrie sous le nom de Parti communiste/Riyad Turk.
En 1980, suite aux campagnes d’arrestations dont un grand nombre de ses camarades sont victimes, à commencer par Riyad Turk… qui passera près de 18 ans en cellule d’isolement sans être jamais jugé, il assume des responsabilités croissantes à la direction de son parti. Lui-même est l’objet de poursuites en 1984, ce qui le contraint à se réfugier dans la clandestinité durant 3 ans. Mais, alors qu’il avait été élu, en 1985, au Comité central du PC/BP, il est finalement découvert et arrêté, en 1987. Condamné à 8 ans de détention par la Haute Cour de Sûreté de l’Etat, il purge sa peine à la prison de Sadnaya. Il est remis en liberté en 1995.
En 2000, il est désigné par son parti pour le représenter au sein du Rassemblement national démocratique, dont il est promu membre de la direction. Lors du 6ème congrès, tenu en 2005 par le PC/BP, qui procède à cette occasion au changement de son nom pour s’intituler Parti démocratique du Peuple, il est élu à son Comité central et à son Secrétariat central. A ce titre, il contribue aux travaux préliminaires de la Déclaration de Damas pour le Changement national démocratique. Plateforme réunissant les partis et les personnalités d’opposition favorables à une ouverture contrôlée, progressive et pacifique de la vie politique en Syrie, la Déclaration est rendue publique le 16 octobre 2005. Georges Sabra fait partie de son secrétariat provisoire. Riyad Seif, qui a été libéré de prison en 2006 après 5 ans de détention pour son activité durant le « Printemps de Damas », en est élu, en décembre 2007, président du Secrétariat général.
Durant les 6 premiers mois de la révolution, dont Georges Sabra est l’un des meneurs dans sa ville de Qatana, il est arrêté à deux reprises : du 10 avril au 10 mai et du 20 juillet au 20 septembre. Menacé dans sa vie et craignant pour celle des membres de sa famille, il est contraint de quitter la Syrie au printemps 2012. Il rejoint Paris et adhère aussitôt au Conseil national syrien, où il est l’une des voix de la Déclaration de Damas.