Le Père Paolo… rédige son testament avant de se rendre en Syrie / الاب باولو …كتب وصيته قبل السفر إلى سوريا
Traduction de l’arabe pour Souria Houria par Léa Peel
06 – 02 – 2013
Le testament de Khalil le révolutionnaire
Lors d’une conversation, Khalil, un jeune homme syrien n’ayant pas atteint la trentaine, m’apprit que lorsqu’il se trouvait dans les camps de détention des Renseignements Généraux de la Syrie d’Assad, il fut suspendu à un mur par des menottes métalliques, qui ne lui permettaient de toucher le sol qu’avec la pointe des orteils ; ensuite il fut jeté comme une serviette sale, dans une cellule bondée de malheureux prisonniers, et laissé pour mort sous la torture.
Il me raconta avec émotion, l’initiative que deux jeunes gens – qui d’ailleurs se révélèrent plus tard être des Chrétiens – avaient prise : ils déchirèrent un morceau de tissu arraché de leurs propres vêtements, pour en faire une bande et bander ses plaies. A un autre moment, il me parla avec beaucoup de honte et d’embarras, des scènes monstrueuses de viol que ses bourreaux lui avaient fait subir jusqu’à le défigurer !
Depuis quelques jours, je n’arrête pas de penser à la rédaction de mon testament que j’adresse aux personnes chères, aux moines et aux religieuses, ainsi qu’aux proches et ce, avant de me rendre en Syrie en vue d’effectuer un travail spirituel et médiatique dans l’objectif d’appuyer la réconciliation nationale et le dialogue dans les régions où règne des conflits civils ; serais-je sur le point de quitter ce triste monde. A ce propos, j’ai rêvé de Khalil entrain de me lire un texte et me dire : « Je l’avais rédigé en prison lorsque je sentais la mort s’approcher… » Je me suis réveillé et à mon tour, j’ai rédigé immédiatement ce texte avant que le jour ne l’emporte.
« Ô mon Dieu, à ma mort, je te prie de me laisser corps et mon âme, dans cette vallée de l’Enfer, auprès des détenus et de toute jeune fille qui pleure son honneur. Ô Seigneur, jette-moi dans la fournaise du tourment des pères, et du désespoir des veuves. Fais-moi descendre dans l’enfer de l’agonie de nos jeunes enfants victimes des obus et des bombes à fragmentation, tués par ceux qui ont tracé les lignes rouges et commodes l’éliminateur de son propre peuple.
Permets-moi, Ô Seigneur, de rester dans notre enfer, car je hais les « fleuves », au moment où les pluies à torrent de ma patrie sont des flots de sang ; et je refuse les « divans » au moment où mon peuple loge dans les camps des réfugiés, vivant sans toit dans le froid et sous des couvertures de fortune. Et je crains sentir de la répugnance pour les « Houris », au moment où les miens vivent dans l’humiliation et l’opprobre et souffrent de toutes sortes de transgressions de leurs droits humains les plus élémentaires…
Ô Dieu, Le Miséricordieux, accorde-moi Ta générosité en m’envoyant en enfer… Laisse-moi dans les braises de mon désir ardent de dignité et d’honnêteté, dans le plus profond désir d’avoir une patrie qui jouit d’une paix propre et honorable avec tous ses voisins, aussi bien au niveau arabe qu’au niveau régional. Fais naître en moi le souhait de voir l’union se renforcer dans cette diversité mosaïque. Je brûle dans les flammes de mon attente pour voir la Vérité gagner et le Faux se détruire et tomber puis, être jugé à la vue de tous les nobles et les opprimés du monde.
Ô mon Dieu, Toi qui est La Paix et La Vérité. Avec Ta Gentillesse et Ton affection, Tu m’as destiné le Paradis… Que mon Paradis réside dans ce que je ressens lorsque je crie haut et fort « Liberté, Liberté » face à l’inique stupide et à ses acolytes aveugles. Que mon Paradis soit Ta Grâce, Ô Seigneur et Ton approche
La sensation de Ta présence, Toi le Miséricordieux, lorsque je T’évoque en proclamant Ta grandeur (en disant Dieu est plus Grand : « Allahou Akbar ») avec mon peuple, lors de l’enterrement des libres, sans la moindre peur voire même sous les coups de feu tirés sur nous.
Ô Seigneur, mon Paradis à présent, se trouve dans les cœurs de ceux qui portent secours à mon peuple souffrant et blessé ; il s’agit des cœurs des hommes politiques non corrompus et non lâches, qui excellent pour servir la Justice et la solidarité. Mon bonheur est de se coaliser et de s’allier avec toute personne qui travaille pour la réconciliation nationale tout en au renonçant à la vengeance ; et qui œuvre pour la Justice tenue par la force de la foie, afin que nous éduquions des générations futures sur une base d’un engagement pour discerner ce qui est permis (Al-Halaal) de ce qui est prohibé (Al-Haraam) … Ma joie est de côtoyer les révolutionnaires libres et braves qui ne se sacrifient pas par haine pour une personne quelconque, mais par amour pour tous les êtres humains. Je fréquente ceux qui traitent, qui administrent des traitements médicaux, ainsi que ceux qui s’intéressent aux médias et servent la révolution sur Internet… afin que ne meurt pas ce peuple révolutionnaire et témoin de ce qu’Il n’y a de Divinité que Toi Le Verbe, Le Seigneur, Le Miséricordieux, Le Clément…
Ô Seigneur, dans mes soucis, dans mon tourment et dans mon désespoir, Ta main aimante me touche. Je cherche Ton visage splendide lorsque je vois la générosité dont notre jeunesse fait montre dans cette révolution… Je ne souhaite pas à présent un autre Paradis, et je me contente de mon actuel enfer jusqu’au jour de la victoire que Tu donneras, et de la libération, le jour où surgira ce qui sera bon et propre à une réforme ; le jour où les racines de la tyrannie seront découvertes et éradiquées… En dernier, il n’y a de Puissance ni de Force qu’en Toi Le plus Miséricordieux des miséricordieux,
Louange à Dieu Seigneur des Univers !
06 – 02 – 2013
وصية خليل الثائر
وخبرني بتأثر عن شابّين، وعرف في ما بعد أنهما من المسيحيين، بادرا بمزق شيء من ثيابهما ليصنعا به قماطات لتضميد قروحه. وفي وقت آخر وبكثير من الخجل والحرج حدّثني عن الاغتصاب العنيف الذي مارسه عليه الجلادون حتى شوّهوه
إني في ألمي وغمي لَمَستني يدُك المحبة يا الله، وابتغيتُ وجهك البهي في رؤيتي سخاء شبيبتنا في الثورة… لا أرغب الآن بجنة أخرى وأنا راض بجهنمي هذه إلى يوم نصرك والتحرير، يوم ظهور ما هو صحيح وصالح للإصلاح، يوم الكشف عن جذور الظلم واستئصالها… ولا حول ولا قوة إلا بك يا أرحم الراحمين