Le régime syrien a bombardé une source d’eau de Damas, un crime, selon l’ONU
Le régime syrien a bombardé une source d’eau de Damas, un crime, selon l’ONU
Par AFP , publié le 14/03/2017 à 13:30 , mis à jour à 14:22
Genève – L’armée de l’air syrienne a commis un « crime de guerre » en bombardant fin 2016 une source d’eau alimentant Damas, a dit mardi la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, démentant que cette source ait été contaminée par l’opposition.
« Les informations examinées par la Commission confirment que le bombardement » de la source d’eau, située à Wadi Barada, localité rebelle située à 15 km de la capitale syrienne, « a été effectué par les forces aériennes syriennes« , selon un document de la Commission transmis au Conseil des droits de l’Homme.
Contrairement à ce qu’affirmait alors le régime, cette source d’eau n’avait pas été contaminée par l’opposition, assure par ailleurs la Commission.
« Il n’y a pas de signalement de personnes souffrant de symptômes liés une contamination de l’eau avant le 23 décembre« , date à laquelle le bombardement s’est produit, pointe ainsi le rapport.
« Les bombardements aériens » menés par le régime ont alors « gravement endommagé la source » et « privé d’eau potable plus de 5 millions de personnes« , dénonce la Commission.
« Alors qu’il y avait des combattants des groupes armés près de la source au moment de l’attaque, l’avantage militaire obtenu grâce à l’attaque était excessivement disproportionné par rapport à l’impact qu’elle a eue sur la population civile » et « équivaut à un crime de guerre« , concluent les enquêteurs.
Fin janvier, l’armée syrienne a finalement repris la région de Wadi Barada qui lui échappait depuis 2012, une région cruciale pour l’approvisionnement en eau de la capitale.
La guerre civile en Syrie a été déclenchée par la répression sanglante de manifestations pro-démocratie. Le conflit s’est complexifié depuis avec l’implication et l’intervention de plusieurs forces locales et étrangères.
La Commission d’enquête indépendante de l’ONU a été créée en août 2011, quelques mois après le début du conflit syrien. Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, elle a déjà rendu plusieurs rapports mais n’a jamais été autorisée à se rendre en Syrie.
Mardi, le représentant syrien auprès du Conseil a une fois de plus dénoncé la politisation de cette Commission, dénonçant l’utilisation d’interviews de victimes « proposées par les groupes armés« .
Dans le document présenté mardi au Conseil, les enquêteurs de l’ONU dénoncent une multitude de crimes commis par les forces du gouvernement, y compris les attaques contre les infrastructures médicales.
Ils dénoncent en particulier un bombardement aérien sur des écoles à Haas, dans la province d’Idleb (nord-ouest), qui a tué 36 civils dont 21 enfants. 114 autres personnes ont été blessées, dont 61 enfants.
Il y a deux semaines, la Commission avait dénoncé aussi l’usage par les forces syriennes dans des zones résidentielles d’armes interdites commme le chlore ou les bombes à fragmentation.
Le rapport publié mardi dénonce également les attaques indiscriminées menées par les groupes armés rebelles, qui tuent des civils dont de nombreux enfants, dans les endroits sous contrôle du gouvernement à l’intérieur des régions d’Alep, d’Idleb et de Deraa.
Les groupes armés basés dans la région d’Idleb sont accusés de pratiquer la charia (loi coranique) en guise de justice.
La Commission accuse également les forces kurdes de recourir à la conscription forcée et de ne pas avoir apporté une assistance humanitaire adaptée aux déplacés dans leur région.