Les forces du régime tuent quatre étudiants à Alep – Par AFP
3 Mai 2012
Les forces du régime syrien de Bachar al-Assad ont tué jeudi quatre étudiants et en ont arrêté 200 autres à Alep, deuxième ville du pays, faisant fi de la présence des observateurs internationaux de l’ONU et du cessez-le-feu instauré il y a près de trois semaines. (Joseph Eid)
Les quatre étudiants ont été tués lorsque des membres des forces de sécurité ont fait irruption à l’aube et « en grand nombre » dans la cité universitaire de la grande ville du nord, où ils ont ouvert le feu sur une manifestation d’étudiants réclamant la chute du régime, a affirmé à l’AFP Mohammad al-Halabi, un militant sur place.
Vingt-huit autres étudiants ont été blessés, dont trois grièvement, et 200 autres ont été arrêtés, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Une manifestation jeudi matin a ensuite été dispersée à coups de gaz lacrymogène au sein de l’université d’Alep, fortement mobilisée contre le régime ces derniers mois. Des manifestations en solidarité avec les étudiants d’Alep ont immédiatement eu lieu dans plusieurs villes du pays notamment à Deraa (sud) et Deir Ezzor (est), selon des militants. Six civils, dont une femme et un enfant, ont été par ailleurs tués par des tirs sur leur bus dans la province d’Idleb (nord-ouest), selon l’OSDH. Ces nouvelles violences se sont ajoutées à l’arrestation d’autres militants, notamment celle de deux fils de l’éminent opposant chrétien Fayez Sara, et à l’assassinat par des inconnus du fils d’Ali Haidar, chef alaouite (confession du clan Assad au pouvoir) d’un parti pro-régime, et d’un de ses amis. Selon des militants, le fils était un partisan de la contestation. L’OSDH a également exprimé sa préoccupation concernant la santé de l’opposant Mahmoud Issa, un leader du Parti du Travail (parti communiste, banni en Syrie), emprisonné depuis un mois et qui avait été détenu à plusieurs reprises dans le passé pour son militantisme contre le régime de Bachar al-Assad. Mercredi, les violences ont fait 32 morts, dont 22 militaires, soit le bilan le plus lourd pour les forces gouvernementales depuis l’instauration de la trêve le 12 avril, et ce malgré le déploiement depuis le 16 avril des premiers observateurs de l’ONU chargés d’en surveiller l’application, conformément au plan de paix de l’émissaire international Kofi Annan. L’armée syrienne menait toujours jeudi des campagnes de perquisitions la province de Damas, près de la ville de Harasta et dans celle de Douma. Malgré les violations, le général norvégien Robert Mood, chef des observateurs, a affirmé mercredi sur la chaîne britannique Sky News que leur présence avait pour effet de « calmer » la situation sur le terrain, tout en constatant que le cessez-le-feu restait « précaire ». Mardi, l’ONU a accusé aussi bien le régime que les opposants de violer la trêve, soulignant que les observateurs avaient constaté que des « armes lourdes » étaient toujours présentes dans les villes, en violation du plan Annan. Le régime de Bachar al-Assad avait pourtant accepté cette initiative, de même que la rébellion armée, bien moins équipée que les troupes gouvernementales. Mais celle-ci avait prévenu qu’elle riposterait à toute attaque de l’armée. Les insurgés disent protéger les civils de la répression de la révolte populaire qui a éclaté le 15 mars 2011 contre le régime. Ce dernier ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation et affirme combattre des « bandes terroristes ». Un responsable des Affaires humanitaires de l’ONU se trouve actuellement en Syrie pour « coordonner » son action avec le gouvernement en vue d’aider un million de personnes touchées par les violences, qui ont également poussé plus de 65.000 Syriens à l’exil selon une estimation de l’ONU. Le plan Annan prévoit une mission plus large de 300 observateurs mandatés par l’ONU, la libération des détenus, le droit de manifester pacifiquement et la libre circulation des médias et des humanitaires. Mais l’ONU a annoncé que la Syrie avait refusé des visas à trois observateurs internationaux. Le ministère syrien des Affaires étrangères a confirmé un désaccord portant sur les nationalités mais n’a pas voulu parler de « refus ». Selon des diplomates, le gouvernement syrien rechigne à laisser entrer des citoyens de pays occidentaux hostiles au régime Assad, ou de pays arabes comme l’Arabie saoudite et le Qatar qui soutiennent l’opposition. Depuis le début de la contestation, plus de 11.100 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les violences, selon l’OSDH, et des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées selon des ONG.