Les humanitaires de l’aide en Syrie attendent de reprendre l’opération d’évacuation à Homs – par Harriet Sherwood (traduit par Souria Houria)

Article  •  Publié sur Souria Houria le 17 février 2014

Une aide du Croissant Rouge syrienne porte un bébé dans un bus- un des 1100 civils à avoir pu sortir de la Vieille Ville jusqu'ici pendant le cessez-le -feu. Photo AP

Une aide du Croissant Rouge syrienne porte un bébé dans un bus- un des 1100 civils à avoir pu sortir de la Vieille Ville jusqu’ici pendant le cessez-le -feu. Photo AP

Les organismes d’aide humanitaire sont en attente pour reprendre leur ruée pour évacuer des centaines de civils-comprenant des enfants terrifiés et mal nourris, des vieux, des malades et blessés- de la Vieille Ville de Homs assiégée après que l’opération d’urgence ait été suspendue mardi après des « difficultés logistiques ».

Les Nations Unies ont appelé les factions combattantes dans la guerre civile en Syrie à étendre leur « pause humanitaire », qui avait commencé vendredi dernier et a pris fin mercredi, jusqu’à ce que tous ceux qui voulaient partir soient évacués.

Le chef des opérations du Croissant Rouge Khaled Erksoussi a dit que ces équipes attendaient la conclusion d’un rendez vous quotidien entre les Nations Unies et le Gouverneur de Homs, Talal Barazi.

« Nous attendant d’être autorisés à avoir plus de nourriture à rentrer et espérons avoir plus de gens à sortir », a t il dit.

Dans des scènes chaotiques plus tôt cette semaine, les convois de véhicules avec drapeaux des Nations Unis furent suivis en train de se déplacer à haute vitesse vers les checkpoints principaux de la Vieille Ville pour être chargés de civils désespérés de quitter des conditions d’extrême privation après 18 mois de siège.

Une vidéo de source invérifiée, postée sur internet a montré des femmes chargées de lourdes valises et sacs à dos, serrant les mains d’enfants alors qu’elles courraient vers les véhicules.

Renouvelant l’échec des efforts humanitaires, la Russie a rejeté mercredi la formulation d’un draft de résolution des Nations Unis appelant à un plus grand accès en Syrie pour des objectifs d’aide, en disant qu’il avait pour but de créer une raison pour une intervention militaire. L’agence d’information RIA a cité le ministre des affaires étrangères adjoint Gennady Gatilov disant que la Russie mettrait un veto au document dans sa forme actuelle.  » Il inacceptable pour nous dans la forme telle qu’il a été préparé, et nous, bien évidemment, ne le laisserons pas passer ».

Lundi le ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, a rejeté les résolutions du draft comme d’un seul parti et « détachées de la réalité », selon l’agence d’information Interfax.

Plus de 1 100 sur les 2 500 civils piégés à Homs sont partis jusqu’à lundi soir, selon les Nations Unies. « C’est une opération extrêmement dangereuse », a dit Jens Larke, porte parole du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Genève. « Mais c’est ce que les gens ordinaires de Homs ont vécu chaque journée une à une tout au long de ces derniers 18 mois. »

Les véhicules des Nations Unis et du Croissant Rouge Syrien étaient venus sous les tirs et les coups de mortier du week-end, a-t-il dit, déclinant toute spéculation sur l’origine de l’attaque. Onze civils ont été tués à l’intérieur de la Vieille Ville ce week-end malgré le cessez le feu, a-t-il ajouté.

La Vieille Ville et d’autres zone de Homs tenues par l’opposition ont été assiégées pendant à peu près 18 mois, affrontant des bombardements quotidiens et très rapidement de moins en moins d’approvisionnement en nourriture, eau potable et médicaments. La ville était le lieu de naissance du soulèvement contre le Président Bashar al-Assad il y presque trois ans.

Les termes de « pause humanitaire » initialement pris disaient qu’aucun homme entre 15 et 55 ans ne seraient autorisé à quitter la Vieille Ville. La formulation fut relâchée plus tard, bien que plus de 300 jeunes et hommes furent détenus pour examen pour s’assurer qu’il n’y avait pas de combattants parmi eux.

Le gouverneur de Homs, Talal Barazi, a dit qu’il attendait que 80% des hommes soient relâchés après le processus de « régularisation ». Cependant, le destin de ceux qui ne seraient pas relâchés était peu clair, et les Nations Unies ont exprimé leur « profonde inquiétude ».

« Il est essentiel qu’il ne leur soit fait aucun mal », a dit Rupert Colville, porte parole pour le Haut Commissariat des droits de l’homme aux Nations Unies. « Nous allons continuer à faire pression pour leur traitement approprié selon les lois de droits de l’homme et humanitaires internationaux. »

Le mois dernier, une preuve est sortie clandestinement de Syrie mettant en évidence le massacre systématique d’environ 11000 détenus gardés par les forces de sécurité du régime entre mars 2001 et août dernier.

Quelques 500 enfants, la plupart en dessous de 15 ans, et environ 20 femmes enceintes furent parmi ceux qui ont été évacués de la Vieille Ville depuis vendredi. Geoffrey Ijumba, de l’organisation des Nations Unies pour les enfants, l’Unicef, qui est basée à Homs, a dit: » Ils semblent tristes et faibles, déshydratés, émaciés- tout sauf en bonne santé.

« Les enfants ne sont pas en bonne condition psychologique; ils sont très effrayés et s’accrochent à leur parents. »

Aucun des enfants à l’intérieur de la Vieille Ville n’a été à l’école ces derniers 18 mois, a-t-il ajouté. « La plupart ont été bloqués chez eux, écoutant les bombardements. Même après qu’ils soient dehors, vous pouvez voir la peur dans leurs yeux quand ils entendent le bruit des fusils. Ils sont terrifiés. Ils ont été témoins d’évènements profondément traumatisants. »

Les évacués étaient visiblement mal nourris, selon les aides humanitaires. » Il y a très peu de nourriture disponible dans la Vieille Ville, » a dit Laerke. Il y avait de petites quantités de farine et de boulgour, mais la plupart étaient infestées d’insectes. « Ils les mangeaient de toute façon. »

Matthew Hollingworth, Directeur de la Syrie pour le Programme mondial alimentaire des Nations Unies, a dit à la BBC que les « niveaux de destruction à l’intérieur de la Vieille Ville ne sont pareils à rien de ce que j’ai jamais vu auparavant. Les gens vivent dans des tunnels sous terrains, se déplaçant entre les bombardements de bâtiments pour trouver des racines à manger- il y a si peu de nourriture durant plein, plein de mois à présent. »

Les évacués à qui l’on avait donné des paquets de rations alimentaires les ouvraient en les déchirant sur place, selon les Nations Unies. Les enfants étaient sous examen nutritionnels et si besoin, mis sous programme alimentaire médical.

Le corps d’un homme qui, cela a été dit, était mort de malnutrition a été montré sur une vidéo YouTube en train d’être chargé dans un véhicule des Nations Unies. Les malades et les blessés ont reçu une attention médicale immédiate dans une clinique mobile lors de l’évacuation, et des centaines d’enfants ont été vaccinés contre la polio, la rubéole et la tuberculose.

Les habitants de la Vieille Ville ont été forcés de compter sur un seul hôpital de campagne depuis que le siège a commencé. « Pendant plusieurs mois cela a été sans médicament adéquat ou équipement. C’est un endroit pour mourir plutôt que pour vivre, » a dit Laerke.

L’Organisation Mondiale de la Santé a envoyé des approvisionnements de médicaments dans la Vieille Ville lors du week-end, y compris des drogues pour traiter des conditions chroniques telles que le diabète et l’hypertension, et 3600 doses de vaccins contre la polio.

La vaste majorité de ceux qui ont quitté la Vieille Ville se dirigeait vers les maisons de connaissances dans d’autres parties de Homs, selon les Nations Unies. Il y avait au moins 250 000 personnes vivant sous les conditions de siège dans d’autres partie de la Syrie, a dit Laerke.

Les discussions de paix sur la Syrie à Genève étaient en train de faire peu de progrès, selon le médiateur international Lakhdar Brahimi après que les deux partis aient tenu des discussions face à face mardi. Brahimi a dit aux reporters : « Le début de cette semaine est laborieux comme cela a été la première semaine ». Il a appelé le gouvernement et l’opposition à arrêter le « cauchemar » de la guerre civile.

Le conflit civil de Syrie a revendiqué plus de 100 000 vies depuis 2011 et a forcé environ six millions de gens à quitter leurs maisons.

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date : 12/02/2014