Les Syriens réfugiés en Jordanie survivent en attendant la fin du régime

Article  •  Publié sur Souria Houria le 15 février 2012

« La situation en Syrie est devenue intenable et ce qui est diffusé par les médias n’est qu’une fraction de la réalité sur le terrain », affirme l’un des quelque 3.000 Syriens réfugiés en Jordanie, où ils survivent en attendant la fin du régime.
L’homme, qui se fait appeler Hourani, ne veut pas révéler son identité ni être photographié de peur de représailles contre sa famille en Syrie.

Il est originaire de Deraa (sud), ville proche de la Jordanie où a débuté en mars 2011 le mouvement de contestation contre le régime du président syrien Bachar al-Assad.
Dans l’appartement modeste qu’il occupe dans la ville frontalière de Ramtha, il reçoit une dizaine de personnes venues lui présenter leurs condoléances pour la mort de son frère aîné, tué samedi par l’armée syrienne.
« J’ai fui vers la Jordanie il y a cinq mois avec ma femme et notre fille de huit mois pour éviter le sort de mon frère, » affirme à l’AFP cet ingénieur en informatique de 26 ans.
Il n’y a pas de chiffres officiels sur le nombre de Syriens réfugiés en Jordanie, mais le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a affirmé en janvier à Amman que la Jordanie accueillait 2.500 Syriens. Selon des estimations indépendantes ils seraient « au moins 3.000 ».
Un camp de trois hectares va être ouvert dans les jours à venir pour accueillir des réfugiés près de la frontière jordano-syrienne, a annoncé l’Organisation caritative jordanienne hachémite, une association humanitaire locale.
« Actuellement, 700 familles syriennes ont été logées près de la ville de Mafrak (nord-est d’Amman) dans des maisons louées par l’organisation », a indiqué son responsable, Ahmad Eyman, cité par l’agence officielle Petra.
Hourani est au chômage et survit grâce aux « aides de gens bienveillants et d’organisations humanitaires, mais nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve ». Il a été informé de la mort de son frère par ses parents.
« Ils m’ont dit que mon frère avait été tué samedi de deux balles tirées par l’armée régulière et que 17 autres personnes ont péri lors d’un raid de l’armée dans notre village », dit-il en retenant ses larmes. « Il a été enterré dans le secret. L’armée a fouillé la maison de mes parents et le cimetière à la recherche de son corps, car il avait participé à des manifestations appelant à la chute du régime », dit-il.
A l’instar d’Hourani, Moustapha (24 ans) et son frère aîné, se sont réfugiés il y a six mois à Ramtha, les autorités ayant découvert qu’ils participaient aux manifestations et écrivaient des graffitis sur les murs de Deraa. « Nous n’avions pas d’autre choix que de fuir. Le 5 septembre nous nous sommes infiltrés en territoire jordanien », dit le jeune homme, qui vendait des téléphones.
Pour Moustapha « les jours de Bachar al-Assad sont comptés. L’armée a commencé à s’effondrer et dans un mois ou deux au maximum, le régime ne sera plus au pouvoir ».
Les yeux rivés sur la petite télévision qui trône dans l’appartement minuscule qu’il loue à la périphérie de Ramtha, il suit avec ardeur les nouvelles de son pays, tout en sirotant le café avec un nombre de ses compatriotes.
« Nous avons fui sans rien emporter, juste quelques vêtements », affirme une vieille femme qui refuse de s’identifier. « Tout le monde est terrorisé. Tout ce que nous voulons c’est la liberté », dit-elle.
Abou Imad, un trentenaire originaire de Deraa, affirme avoir été arrêté au début du mouvement en Syrie. « J’ai été torturé pour avoir écrit des slogans appelant à la chute du régime et emprisonné quatre mois », dit-il. A peine libéré, il a fui avec sa femme et ses trois enfants vers la Jordanie.
L’agence des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) a ouvert un centre médical à Ramtha où près de 50 Syriens sont soignés quotidiennement.
La Jordanie s’est dite prête à fournir des soins médicaux aux réfugiés syriens s’ils sont enregistrés auprès du HCR.

source: http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/les-syriens-refugies-en-jordanie-survivent-en-attendant-la-fin-du-regime-14-02-2012-1860769.php