L’opposition syrienne n’a pas changé d’avis sur le départ d’Assad – Texte par Julia DUMONT
Le chef de l’opposition syrienne en exil, Khaled Khoja, a annoncé jeudi que le départ de Bachar al-Assad n’était pas « préalable au début des négociations ». De fait, opposition et régime dialoguent depuis des mois.
Bachar al-Assad ne fera pas partie de la future Syrie. Khaled Khoja, l’a réaffirmé lors de sa visite à Paris, jeudi 5 mars. Mais le chef de l’opposition syrienne en exil s’est également exprimé sur les négociations à venir entre les groupes d’opposition et le régime, en vue d’une transition politique. À cette occasion, il a déclaré que le départ de Bachar al-Assad n’était pas « une condition préalable au début du processus [de négociations] ».
Cette déclaration n’est en rien une annonce. La position de la Coalition nationale syrienne (CNS) est très claire sur le départ de Bachar al-Assad : elle est indispensable à la résolution du conflit syrien. Néanmoins, pour Abdul-Ahad Astepho, membre du comité politique de la CNS, les négociations s’engageront de fait avant le départ d’Assad. « Elles ont même déjà commencé, rappelle-t-il. En janvier 2014, à l’occasion de Genève 2, nous nous sommes retrouvés à la table des négociations avec des membres du régime syrien, représentants de Bachar al-Assad ».
Ce qui n’a pas empêché un certain nombre de médias français, dont l’AFP, de rapporter, jeudi, que l’opposition syrienne avait accepté, pour la première fois, de ne plus exiger le départ d’Assad comme condition préalable aux négociations. Interprétation erronée donc de la déclaration du chef de l’opposition.
Pas de sang syrien sur les mains
Alors que la conférence Genève 3 est en cours d’organisation – elle pourrait se tenir courant 2015 –, il ne fait aucun doute que les négociations avec le régime vont se poursuivre. « C’est là que nous allons négocier le départ de Bachar al-Assad, explique Abdul-Ahad Astepho. Le but final est de former le TGB [Transitional governing body – Comité de transition politique] et le régime en fera partie », ajoute l’opposant.
Cette organisation doit être la base sur laquelle se reconstruira la future Syrie. Mais ce membre du CNS précise néanmoins que « seuls seront admis [dans les négociations] les membres du régime qui n’ont pas de sang syrien sur les mains ». Selon la journaliste franco-syrienne Hala Kodmani, il s’agirait surtout de personnes issues du gouvernement.
Pour l’instant, l’urgence est de rassembler les différents groupes d’opposition derrière des positions communes. Parmi les formations actuellement en Syrie, le Comité de coordination nationale pourrait faire avancer les négociations. Selon Hala Kodmani, il ferait preuve d’une plus grande souplesse vis-à-vis du régime et des Russes, bénéficiant ainsi de « l’oreille de Moscou ».
Une fois seulement que le dialogue aura été établi entre ces différents groupes viendront les négociations sérieuses avec le régime. La Coalition syrienne et le Comité de coordination nationale se sont rencontrés à Paris la semaine dernière, après une première entrevue au Caire, rapporte Abdul-Ahad Astepho. « Nous avons travaillé à l’élaboration des principes fondamentaux de la transition politique », détaille-t-il, optimiste. « Nous connaissons la recette de ce régime. Faire partir Bachar ne sera pas si difficile que ça. Une véritable volonté internationale de mettre un terme au conflit suffirait », souffle l’opposant.
date : 07/03/2015