MACRON RÉAFFIRME SON SOUTIEN À L’OPPOSITION SYRIENNE
PUBLIÉ LE 05/07/2017 À 11H24
Emmanuel Macron a assuré lors d’un entretien avec le coordinateur du Haut Comité syrien pour les négociations (HCN) que la France accompagnerait les « aspirations légitimes » du peuple syrien.
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a assuré lors d’un entretien avec le coordinateur du Haut Comité syrien pour les négociations (HCN) que la France accompagnerait les « aspirations légitimes » du peuple syrien, rapporte mercredi l’Elysée, deux semaines après l' »aggiornamento » du chef de l’Etat sur Bachar al Assad.
Cette décision de ne plus faire du départ du président syrien un « préalable à tout » faute de « successeur légitime » a suscité l’inquiétude de l’opposition syrienne qui y a vu une volte-face dans ce conflit qui a fait plus de 300.000 morts et des millions de réfugiés.
Lors de son entretien mardi avec Riyad Hijab, Emmanuel Macron a confirmé « le soutien de la France à l’opposition syrienne que le HCN représente dans le cadre des pourparlers inter-syriens qui ont lieu sous l’égide des Nations Unies », indique l’Elysée dans un communiqué.
Il a également « fait part de son souhait de garder un contact étroit avec M. Hijab afin de soutenir et accompagner les aspirations légitimes du peuple syrien » et sa volonté de s’engager pour parvenir à une solution politique inclusive dans le cadre du processus de Genève.
La France souhaite « une réelle réduction des violences et un allègement des souffrances du peuple syrien, qui ont trop duré », ajoute l’Elysée, rappelant les deux lignes rouges fixées par Emmanuel Macron sur l’utilisation des armes chimiques et l’accès humanitaire.
Au cours de cet entretien, le chef de l’Etat et Riyad Hijab ont également « réitéré leur appel à préserver l’unité de la Syrie et la nécessité de lutter contre Daech (acronyme arabe de l’EI-NDLR) et les groupes terroristes », peut-on également lire.
« PAS UNE CAUTION APPORTÉE A ASSAD »
L' »aggiornamento » d’Emmanuel Macron sur la Syrie a officialisé une évolution de la position française déjà palpable depuis les attentats de novembre 2015, revendiqués par l’Etat islamique qui contrôle des pans du territoire syrien.
La France, qui avait adopté dès le début du conflit une ligne dure face à Bachar al Assad dont le régime est accusé de crimes de guerre par l’Onu, a dès lors nuancé sa position en faisant progressivement de la lutte contre le terrorisme sa priorité en Syrie.
« Les lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis », a rappelé Emmanuel Macron dans son entretien à la presse européenne le 22 juin. « Deux : la stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un État failli. »
Un « revirement diplomatique majeur » dénoncé par une centaine d’intellectuels et de spécialistes de la région qui ont signé un tribune publiée dans Libération lundi intitulée « M. le président, maintenir Assad, c’est soutenir le terrorisme ».
« En reconnaissant la légitimité de Bachar al Assad, alors même que ces crimes sont largement documentés, vous placez la France dans la position d’Etat complice », écrivent les signataires.
L’aggiornamento « n’est pas du tout une caution apportée à Assad », assure un haut diplomate français. « Le président de la République a dit qu’Assad était l’ennemi du peuple syrien, il n’a rien ignoré de ce qui s’est passé. Simplement, il dit que son départ n’est pas un préalable à la négociation d’une solution politique ».
« Or il faut un règlement politique pour que les organisations terroristes ne puissent plus prospérer en Syrie comme en Irak. Même après la libération de Mossoul et de Rakka, le danger terroriste restera s’il n’y a pas de solution politique, donc nous voulons trouver cette solution politique ».
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)