Massacre De Houla: Témoignages de Syrie – par Le HuffPost

Article  •  Publié sur Souria Houria le 4 juin 2012

SYRIE – Alors que Bachar el-Assad dénonçait encore dimanche 3 juin, dans un discours devant le nouveau parlement, « une guerre menée de l’étranger », le HuffPost s’est procuré des témoignages de Syriens, traduits de l’arabe, qui font état de massacre orchestrés, de l’intérieur.

La révolte syrienne s’est militarisée au fil des mois face à la répression et les violences continuent de tuer malgré la présence de près de 300 observateurs de l’ONU censés surveiller un cessez-le-feu proclamé le 12 avril dans le cadre du plan Annan et systématiquement violé. Samedi, 89 personnes ont été tuées, dont 57 soldats, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), le bilan le plus lourd pour l’armée régulière en une journée depuis mars 2011. Dimanche, 39 personnes ont été tuées dans les violences à travers le pays, dont douze civils, 19 soldats, cinq combattants rebelles et trois déserteurs, selon l’OSDH.

Plus de 13.400 personnes ont été tuées en près de 15 mois, en majorité des civils morts dans la répression, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. (Voir la carte en bas d’article).

Parmi ces témoignages que nous vous proposons de découvrir, les deux affiches ci-dessous, réalisées par de jeunes syriens de la diaspora, laissent clairement transparaître le rôle joué, selon eux, par le président syrien.

affiches_syrie

Massacre de Houla : témoignage direct d’une femme âgée de la famille Abd El Razzaq

Ce témoignage a été rapporté par Nadim Houry, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de Human Rights Watch (HRW). Il a été repris et cité par le journal libanais L’Orient-Le Jour.
« J’étais dans la maison avec mes trois petit-fils et mes trois petites filles. Il y avait aussi la femme de mon frère, ma fille, la femme de mon fils et la fille de mon oncle. C’était le 25 mai, vers 6h30 avant le coucher du soleil. Nous avons entendu des coups de feu. J’étais seule dans la chambre. Quand j’ai entendu la voix d’un homme qui criait sur ma famille, je me suis cachée derrière la porte. J’ai vu un autre homme debout, dehors près de la porte extérieure. Et un troisième à l’intérieur de la maison… Ils portaient des habits militaires. Je n’ai pas vu leur visage. J’ai imaginé qu’ils voulaient fouiller la maison. Ils sont entrés dans la maison. Je ne les ai pas vu enfoncer la porte parce que nous ne fermons jamais les portes.
Trois minutes après, j’ai entendu les membres de ma famille qui hurlaient. Il y avait les enfants – tous entre 10 et 14 ans – qui pleuraient. Je me suis mise par terre et j’ai essayé de ramper pour voir ce qui se passait. En m’approchant de la porte, j’ai entendu plusieurs coups de feu. J’avais si peur que j’étais incapable de me mettre debout.
J’ai entendu les militaires s’en aller. J’ai regardé à l’extérieur de la chambre et, là, j’ai vu tous les membres de ma famille qui étaient criblés de balles, sur le corps et à la tête. J’étais terrifiée. Je ne pouvais pas m’approcher d’eux pour voir s’ils étaient encore vivants. Je me suis mise à ramper jusqu’à la porte arrière de la maison. Je suis sortie et j’ai couru. J’étais dans un tel état de choc. Je ne sais plus ce qui s’est passé après ça. »

Massacre de Houla : témoignage d’un petit garçon de la famille Abd El Razzaq

Témoignage également rapporté par HRW.
« J’étais à la maison avec ma maman, mes cousins et ma tante. Soudainement, on a entendu des coups de feu. C’était la première fois que j’en entendais autant. Ma maman m’a alors empoigné et m’a emmené dans la grange pour qu’on puisse se cacher. J’ai entendu des hommes crier et des gens pleurer, en particulier des femmes. J’essayais de regarder par la fenêtre tout en ayant peur que l’on ne me voie. Des hommes habillés comme des militaires en tenue de camouflage et portant des chaussures blanches sont entrés dans notre maison. Ils en sont ressortis quelques minutes plus tard. C’est alors que j’ai vu mon ami Shafiq, 13 ans, de l’autre côté de la rue. Un homme habillé comme un militaire et armé l’a pris par le col et l’a mis dans un coin avant de lui tirer une balle dans la tête à bout portant. Sa mère et sa grande sœur, qui a 14 ans je crois, ont accouru vers lui en hurlant et criant. Le même homme les a abattues, à bout portant aussi, en tirant plusieurs fois. Des soldats de l’armée syrienne libre sont alors arrivés.

Témoignage de la ville d’Alep

« Jeudi, un cousin a été tué dans le nord d’Alep. Il avait 18 ans et il faisait son service militaire. Ses funérailles ont été ‘bacharisés’: des miliciens vêtus de t-shirts avec la portrait du président, et des voitures ‘ornées’ également de ses photos… C’était un scandale, la mère hurlait son enfant mort pour rien et eux ils chantaient à la gloire de leur ‘dieu’… »

 

Témoignage de Damas

« La courageuse petite Rima Dali (surnommée la fille en robe rouge) qui s’est postée devant le parlement à Damas, silencieuse, brandissant une banderole: ‘Arrêtez la tuerie, nous voulons construire une patrie pour tous les Syriens’ a été arrêtée et emprisonnée. Son mouvement pacifiste s’est répercuté en beaucoup d’endroits à Damas notamment où des dizaines de jeunes, silencieux, ont distribué des fleurs aux passants, avec le même message. Rima a été relâchée, puis à nouveau emprisonnée et, enfin, relâchée.

source: http://www.huffingtonpost.fr/2012/06/03/massacre-de-houla-temoignages-syrie-bachar-el-assad_n_1566424.html