« Pas de solution en Syrie sans dialogue, mais pas n’importe quel dialogue… » – par Ignace Leverrier
Dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook, le cheykh Ahmed Moazz al-Khatib, premier président de la Coalition nationale des Forces de la Révolution et de l’Opposition syrienne (CN), a précisé, le 1er janvier, comment il se positionnait par rapport à l’initiative russe visant à organiser à Moscou, à la fin du mois de janvier, un « dialogue » entre opposants, puis des négociations entre ceux-ci et le régime de Bachar al-Assad.
Répondant à cette invitation, qui le concernait mais dont il avait indiqué quelque temps plus tôt qu’elle ne lui était pas parvenue, il écrit :
1. La Syrie ne rétablira pas l’unité de son territoire, ni celle de son peuple, aussi longtemps que resteront en place le régime et celui qui le dirige. Il n’y a donc pas de solution sans le départ de la tête du pouvoir et du groupe qui a conduit le pays à la situation désastreuse où il se trouve aujourd’hui.
2. Toute conférence patronnée par des soutiens du régime doit être accompagnée d’un certain nombre de mesures sérieuses. La première est de convaincre ce régime de cesser les bombardements sauvages contre notre peuple. En prenant pour cible les hôpitaux, les écoles, les civils et les immeubles d’habitation, il se rend coupable de crimes majeurs dans l’histoire de l’Humanité.
3. Nous considérons que la négociation politique est l’un des moyens de mettre un terme à l’effusion de sang et aux destructions. Elle doit êtreprécédée par la remise en liberté des détenus, et en premier lieu des femmes et des enfants.
4. La « Déclaration de Genève » constitue le socle de tout processus politique débouchant sur la situation intérimaire qui sauvera la Syrie.
5. Les acteurs issus de la matrice du régime ne peuvent en aucune manière représenter la révolution de notre peuple.
6. L’autonomie de la décision politique syrienne, l’unité du territoire et du peuple syrien et l’obtention de notre liberté constituent des revendications fondamentales et intangibles.
Cette mise au point est la bienvenue. Elle devrait recueillir l’agrément de la Coalition nationale. Elle s’était rendue sur cette base à Genève, en janvier 2014. Elle vient d’entamer à Istanbul les travaux de sa 18ème Assemblée générale, avec, à l’ordre du jour, l’étude de la réponse à donner à l’invitation adressée à plusieurs de ses dirigeants. Elle confirme en tout cas que les « opposants de l’extérieur » les plus ouverts au dialogue ne sont en aucun cas disposés à transiger sur les objectifs que les révolutionnaires se sont fixés dès les premiers jours de la contestation, et pour lesquels des dizaines de milliers d’entre eux ont d’ores et déjà sacrifié leur vie, leur santé ou leurs biens.
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On relèvera que le cheykh Al-Khatib s’exprime au nom d’un rassemblement jusqu’ici inconnu, le Groupe Sourya al-Watan, dont il va sans dire qu’il n’a rien à voir avec leParti Sourya al-Watan de l’actrice Majd Niazi, une « opposante de l’intérieur » sélectionnée dans le cadre de la stratégie élaborée par les Russes en concertation avec le régime pour occuper la scène sans permettre à la situation d’évoluer au détriment de leur protégé.
date : 02/01/2015