COMMUNIQUÉ : Rencontre à l’Élysée au sujet du siège d’Alep

Communiqué Souria Houria  •  Publié sur Souria Houria le 16 octobre 2016

20161014_elysee-1COMMUNIQUÉ : Rencontre à l’Élysée au sujet du siège d’Alep Paris, le 14 octobre 2016. François Hollande a reçu ce jour à 15 h 30 à l’Élysée des personnalités du monde de la culture et des milieux associatifs pour s’entretenir avec elles de la dramatique situation en Syrie, en présence du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et de l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major particulier du président de la République.

Voir le communiqué de la présidence de la République, les photos et les déclarations à la presse :http://www.elysee.fr/chronologie/#e14570,2016-10-14,rencontre-avec-des-personnalit-s-du-monde-culturel-et-associatif-engag-es-pour-la-paix-en-syrie

Hala Al Abdallah (réalisatrice, membre de l’association Souria Houria), Farouk Mardam-Bey (éditeur, président de Souria Houria), Michel Morzière (président d’honneur de l’Association Revivre, porte-parole du Collectif pour une Syrie libre et démocratique), Paul Rondin (directeur délégué du Festival d’Avignon) et Emmanuel Wallon (professeur de sociologie politique, animateur de l’Appel d’Avignon à la solidarité avec le peuple syrien) ont demandé au président de la République d’engager d’urgence de nouvelles initiatives, avec ses partenaires européens, pour imposer l’arrêt immédiat des bombardements sur Alep-Est et porter secours aux plus de 250.000 personnes assiégées dans cette partie de la ville, soumises depuis la rupture du bref cessez-le-feu de septembre dernier à un déluge de bombes. Celles-ci visent aussi bien les habitations que les écoles et les hôpitaux, sous le prétexte fallacieux de traquer les terroristes : la pénurie d’eau, de vivres et de carburant s’aggrave, les centres de soin et de secours sont délibérément détruits, les risques d’épidémies s’étendent, des blessés sont laissés à l’agonie, des adultes et enfants déchirés par les munitions à fragmentation.Ils ont fait état du désastre en cours dans cette cité multi-millénaire, dans un pays que le choix du régime de Bachar Al-Assad de répliquer par les armes aux revendications démocratiques de son peuple a précipité dans la plus grave catastrophe humanitaire depuis la Deuxième Guerre mondiale, avec ses 300.000 morts, ses dix millions de réfugiés et de personnes déplacées, sans oublier ses milliers de prisonniers politiques, dont beaucoup meurent sous la torture et les mauvais traitements.

Le chef de l’État et son ministre des Affaires étrangères leur ont assuré que la France mettait au premier rang de ses priorités la cessation des frappes de toutes natures sur les populations civiles et qu’elle n’accepterait pas pour prix d’un cessez-le-feu l’évacuation de ces dernières. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont salué la résistance du Comité civil d’Alep, élu par les habitants, qui fait encore son possible pour maintenir certains services publics, celle aussi des Casques blancs qui tentent l’impossible pour arracher des victimes aux décombres. Ils ont appelé les différentes composantes de la société civile à ne pas rester passives devant des crimes de guerre – pour ne pas dire plus – dont la justice internationale devra se saisir.

Les représentants des associations françaises et syriennes ont salué la dignité de la position française dans ce conflit. Ils ont néanmoins insisté sur la nécessité d’une initiative européenne, afin d’appeler publiquement à une coopération étroite des gouvernements qui refusent que la barbarie – celle du régime et de ses alliés comme celle de Daesh – l’emporte dans cette région du monde. Il s’agit d’user de tous les moyens de pression diplomatiques et économiques afin d’amener la Russie à renoncer à sa politique désastreuse, qui prolonge le martyre du peuple syrien et hypothèque son avenir, pour favoriser une solution négociée associant l’opposition démocratique. La délégation a souligné la fragilité des compromis négociés séparément entre Washington et Moscou, qui n’offrent pas de solides garanties pour la protection des populations et l’acheminement de l’aide humanitaire. Elle a enfin rappelé la détresse des réfugiés que l’Europe et la France ne peuvent laisser sans perspectives, sous peine d’en faire des proies pour la propagande haineuse des djihadistes. Elle estime que la jeunesse française, bien que souvent réduite à un sentiment d’impuissance, comprend l’urgente nécessité de la solidarité avec le peuple syrien.

Alep est une ville martyre, mais aussi un exemple redouté par des régimes autoritaires qui luttent moins contre le terrorisme ou le fondamentalisme que contre la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Laisser détruire ce symbole de culture plurielle et d’aspiration à la démocratie serait consentir à la destruction d’une part essentielle de nous-mêmes.

Paris, le 14 octobre 2016.

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