L’enfant syrien et l’Europe

Communiqué Souria Houria  •  Publié sur Souria Houria le 9 septembre 2015

Image Rassemblement

Voilà plusieurs jours que l’image d’un enfant syrien mort sur une plage crie vers nous. On sait déjà que la photo du petit Aylan signera désormais le drame de ces populations qui fuient actuellement leur pays. Et  particulièrement les Syriens qui forment le tout premier contingent de ces masses de réfugiés. L’émotion est souvent confuse mais sous le corps fragile de ce petit garçon de trois ans qui n’a pas atteint l’Europe, nous devons voir et pleurer tous les enfants morts de cette guerre en Syrie qui ont péri durant leur périple ou qui ont disparu engloutis dans les décombres de leur pays. Les oublier nous plongerait plus profondément dans le chagrin et serait une offense de plus à l’innocence.

Pourquoi ces réfugiés syriens sont-ils sur les routes, bravant les dangers et les barrages que met l’Europe à prix d’or pour se protéger de leur arrivée? Qu’entend-on dans les paroles de ces femmes et hommes régulièrement interviewés par les journalistes? La grande majorité d’entre eux parlent de leur maison détruite par les bombardements de l’aviation syrienne, par ces barils d’explosifs qui tombent du ciel tuant sans discrimination civils et combattants, faisant largement plus de victimes parmi les premiers. Ils parlent de la dictature et de la terreur des arrestations et des tortures. Ils évoquent un enfant mort, un frère arrêté, un parent tué, les maisons et les vies englouties, les quartiers entiers rasés, les disparus dont on est sans nouvelles, ils disent leur frayeur des snipers. Ils n’ont pas besoin d’ajouter qu’ils ne pouvaient faire autrement que de partir, quitter le pays aimé mais devenu méconnaissable et surtout terriblement dangereux.

Ceux qui suivent de près la situation syrienne sont souvent excédés d’entendre dans les journaux que les Syriens fuient surtout l’Etat islamique,  citant de plus en plus rarement le régime syrien comme responsable. Par un tour incroyable, on en est venu à cette vision qui épargne Bachar Al Assad. Bien sûr que les djihadistes participent largement au chaos du pays et au harcèlement de la population. Mais l’horreur qu’ils nous inspirent ne doit pas nous faire oublier qui est le premier responsable de cette situation. C’est le régime syrien dirigé par Bachar Al Assad qui a fait plonger le pays dans la guerre en utilisant les armes contre son peuple et qui a largement favorisé et instrumentalisé les djihadistes qui emplissent aujourd’hui nos écrans.

Et puisque nous parlons des enfants victimes, citons quelques données. L’OSDH a comptabilisé – pour les seuls six premiers mois – de 2015 plus de 19 000 raids aériens de l’aviation syrienne qui ont causé la mort de près de 3000 civils, dont un tiers d’enfants. Selon l’UNICEF, pour la seule période mars 2011/ avril 2014, plus de 11 000 enfants syriens ont perdu la vie, victimes de tirs perdus ou de tireurs embusqués, attentats, bombardements de zones civiles, attaques contre écoles et hôpitaux, mais aussi exécutions. Il faut ajouter les petites victimes des attaques chimiques. Les enfants très jeunes,  particulièrement sensibles aux gaz, en paient largement le prix. Ils s’appellent Aylan aussi, ces anges enveloppés dans des draps blancs, serrés les uns contre les autres à même le sol , paraissant endormis, victimes de l’attaque chimique du 21 août 2013. Nous devons les pleurer pareillement, les rappeler au souvenir de la conscience occidentale.

L’Europe doit sortir de la peur et du repli: ouvrons nos territoires à ces familles qu’une énergie incroyable conduit à nos portes, mettons les petits Aylan sur les bancs de nos écoles, eux que la guerre prive d’éducation. L’Europe a connu d’autres vagues formidables de réfugiés et la France a largement pris sa part: les Arméniens après le génocide de 1915/1918, les Espagnols après la guerre civile de 1936/37. La France les a accueillis dans l’urgence et de manière efficace grâce à son état solide. Nous formons l’espoir que malgré les réticences encore exprimées, l’élan qui a commencé à se manifester en France en faveur des réfugiés l’emportera, à l’instar de ce qui se passe en Allemagne.

Souria Houria présente dans les manifestations de ce week-end continuera à se mobiliser: l’accueil pour nous, c’est oui!

4 adresses pour aider les réfugiés syriens

Mardi 09 septembre 2015
Souria Houria