Qosmos : témoignages de Syriens torturés – par Simon Piel
Quand les officiers de l’unité 215 de la sûreté militaire syrienne ont glissé un bâton derrière son dos avant de s’en servir pour le soulever du sol par les bras, il a entendu les os de ses épaules craquer. Il faut dire que Wassim [les prénoms ont été modifiés], la trentaine solide, ne s’était pas montré coopératif après avoir été battu, nu, ventre au sol, avec des câbles métalliques. « La douleur était réellement insupportable », a-t-il confié le 20 juillet au magistrat français David De Pas. L’officier « m’a demandé de collaborer et d’avouer que j’étais le responsable d’un mouvement de troubles à Damas contre la sûreté de l’Etat ».
L’affaire a été entendue quand un officier supérieur est arrivé en posant sur la table un gros bloc de feuilles, comportant 1 200 lignes de conversations que Wassim avait eues sur Skype dans les semaines précédant son arrestation. « Ils m’ont ensuite interrogé (…) sur l’organisation des manifestations, les contacts, l’organisation des activités pacifiques. » La torture s’est arrêtée. Et Wassim a fini par livrer des explications sur les documents obtenus par les autorités syriennes. Avant d’admettre qu’il avait bien participé à l’organisation de manifestations contre le régime.
Remise d’un bakchich
Son témoignage intéresse au plus haut point la justice française, qui enquête sur une plainte déposée en juillet 2012 par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) sur le rôle de Qosmos, une petite entreprise française soupçonnée d’avoir fourni au régime de Bachar…
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date : 05/08/2015