Rideau pour Bachar ! ! ! – Par Michel May
Rideau pour Bachar ! ! !
Depuis un an, Patrice Marsollier, auteur et metteur en scène de la compagnie théâtrale dijonnaise « Les comédiens associés », voit les images qui nous arrivent quotidiennement.
Il a écrit Syrie au Cœur, une pièce courte mais percutante, dans laquelle il met en scène Zenobia, une jeune Syrienne, Cécile, une journaliste française, toutes deux enfermées dans une cellule à Homs et face à elles leur geôlier chabbiha. Celui-ci accuse la journaliste venue couvrir les événements de soutenir la révolution. L’échange qui s’ensuit permet à l’auteur de dénoncer le régime de Bachar el-Assad comme non démocratique, ainsi que le soutien que lui apportent la Russie, la Chine et la Corée du Nord.
En faisant dire au geôlier qu’« il n’est un secret pour personne que la Syrie fait aujourd’hui l’objet d’un grand complot dont les tentacules nous parviennent aussi bien de pays lointains que de pays proches et même de l’intérieur du pays », Patrice Marsollier dénonce l’aveuglement du régime actuel.
L’arbitraire du régime est dénoncé par l’arrivée sur scène de Zenobia, qui a été arrêtée dans la rue alors qu’elle allait simplement chez l’épicier. La discussion entre Cécile et Zenobia, qui partagent désormais la même cellule, permet de dessiner la Syrie démocratique de l’après-Bachar. « Être libre, parler, penser librement, croire librement », telles sont les attentes du peuple syrien qu’exprime Zenobia.
Quand Cécile décrit la démocratie, le propos de l’auteur dépasse l’horizon syrien pour s’élever à l’universel, tout comme lorsque Cécile parle de son travail au travers des vers de la poète syrienne Samia Saleh : « Vous les prisonniers en tout lieu /Envoyez-moi tout ce que vous avez/De terreur et de hurlement et d’ennui /Vous les pêcheurs sur toutes les côtes /Envoyez-moi tout ce que vous avez/De filets vides et de mal de mer/À mon adresse, dans n’importe quel café /N’importe quelle rue du monde Je prépare un énorme dossier /Sur la souffrance humaine /Pour le soumettre à Dieu /Dès qu’il sera signé par les lèvres des affamés /Et les cils de ceux qui attendent Mais oh malheureux en tout lieu /Ce que je crains par-dessus tout /C’est que Dieu soit illettré. »
Cet appel universel à un engagement humain et citoyen fait aussi de la pièce de Patrice Marsollier un excellent outil pédagogique qui se prête très bien à des représentations devant un public de collégiens et de lycéens.
Dans le courant de l’échange avec Zenobia, Cécile dit de la France qu’elle est un pays « un peu trop replié sur lui-même, égoïste et très personnel ».
Samedi soir, 31 mars, cela ne s’est pas vérifié lors de la première de la pièce, à Nancy, pour le compte de Mouvement de solidarité avec le peuple syrien – France, une association loi 1901 à but humanitaire. Le public était venu nombreux exprimer son soutien au peuple syrien et son espoir d’une fin rapide du régime baassiste et des souffrances infligées par celui-ci. « La première m’a donné l’envie d’apporter des dialogues supplémentaires en particulier sur un dialogue entre Zenobia et le milicien chabbiha. Mon intention est d’arriver à 1h15 de spectacle. Je reprends donc une extension du spectacle sans que ses qualités en soient affectées », a confié Patrice Marsollier après le spectacle. Des représentations sont d’ores et déjà prévues à Bordeaux et à Montréal.
Et pourquoi pas à Beyrouth ?…
Source: http://www.lorientlejour.com/category/À+La+Une/article/753389/Rideau_pour_Bachar_%21_%21_%21.html