Sarmine, ravagée par les troupes de Bachar al-Assad
Une odeur de mort flotte sur Sarmine, près d’Idleb dans le nord de la Syrie, ravagée par l’armée de Bachar al-Assad.
Une odeur de mort flotte sur Sarmine, près d’Idleb dans le nord de la Syrie, ravagée par l’armée de Bachar al-Assad qui l’ont occupée deux jours et nettoyée des rebelles.
Samedi, un correspondant de l’AFP a pu pénétrer dans la ville dont les rues couvertes de gravats et de décombres sont défoncées par les cratères d’obus.
Deux jours durant, 90 véhicules blindés, dont les chenilles ont laissé des traces encore fraîches sur le goudron, et 2.000 soldats ont méthodiquement pourchassé et tué ceux qu’ils soupçonnaient de soutenir la rébellion contre le régime, selon les habitants.
« Les soldats du régime ont sorti trois personnes d’une maison, les ont mitraillées au milieu de la rue, puis arrosées d’essence et ont mis le feu pour que tout le monde puisse le voir », raconte, encore horrifié, Abou Omar.
Les récits plus terribles les uns que les autres se succèdent.
Ils ont fait irruption dans l’un des hôpitaux clandestins de la ville et y ont découvert quatre soldats, blessés, de l’Armée syrienne libre (ASL). Ils leur ont tiré dessus jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de balles »
Dans l’hôpital, il y a encore des pansements couverts de sang et des flaques sur les lits et le sol.
Beaucoup d’habitants qui tentaient de fuir ont été tués. « Les tireurs embusqués tiraient sans discrimination sur tous ceux qui cherchaient à fuir. Ils leur tiraient dessus jusqu’à ce qu’ils se vident de leur sang », raconte Youssef, un habitant.
Les rebelles de l’ASL et les soldats se sont battus rue par rue, maison par maison. « Les combats n’ont pas duré très longtemps car les hommes de l’ASL ne pouvaient pas résister à l’armée d’Assad et quand ils ont vus qu’ils étaient débordés, ils sont partis. C’est après leur départ qu’ont commencé exécutions sommaires, arrestations et bastonnades », confie Abou Omar.
La mosquée a été touchée par des tirs de blindés qui ont laissé deux cratères de la taille d’une voiture. Le sol est maintenant jonché de débris des murs centenaires de cet édifice datant de l’époque omeyyade.
Quand il a essayé de fuir, ils l’ont descendu comme un chien près de la porte »
C’est là qu’a été tué Mahmoud Ali Alou. Son sang se mélange encore à l’eau du tuyau qui sert à nettoyer les dalles. « Mahmoud priait dans la mosquée au début de l’attaque. Quand il a essayé de fuir, ils l’ont descendu comme un chien près de la porte », affirme le muezzin. Il affirme que les « soldats sont entrés dans la mosquée et ont déchiré plusieurs exemplaires du Coran ».
Les quelques habitants qui sont restés à Sarmine (environ un tiers des quelque 15.000 personnes qui habitaient la ville avant l’assaut) s’affairent pour nettoyer les rues. Les hommes tentent de récupérer dans leurs maisons les quelques objets de valeur qui ont échappé aux bombes.
Les enfants montrent des éclats de munitions, des douilles de kalachnikov.
« Allah est grand, Allah est grand », soudain des cris brisent le silence. Une centaine de personnes escortent un corps recouvert d’un linceul. C’est celui d’Ahmad ben Mohsen Qaroush, 13 ans, dont le corps été criblé d’éclats d’obus. Il est l’un des 17 morts retrouvés dans la ville.
Il était chez lui lorsque les chars ont commencé à tirer jeudi vers 15H30. Il a été tué vers 16H00″
« Il était chez lui lorsque les chars ont commencé à tirer jeudi vers 15H30. Il a été tué vers 16H00. Nous avons mis du temps à l’enterrer car nous voulions rester avec lui et prendre le temps de lui dire au revoir », affirme son oncle.
Son frère, hors de lui, vide en l’air le chargeur de sa kalachnikov. Dans un coin du cimetière, sa mère, entourée d’une douzaine de femmes, pleure.