Syrie. 73 000 morts en 2013 – Entretien avec Samar Diab

Article  •  Publié sur Souria Houria le 8 janvier 2014

Syrie.  73 000 morts en 2013 – Entretien avec Samar Diab

vendredi 3 janvier 2014

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Syrie-Alep. Un quartier d’Alep, suite à un raid aérien effectué par les forces syriennes, le 24 Décembre 2013. Au moins 30 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. Samet Agence Dogan / Anadolu / AFP

 

Avec plus de 73 000 morts, l’année 2013 a été la plus sanglante depuis le début du conflit syrien. A l’aube de cette nouvelle année, les perspectives ne sont guère réjouissantes pour le peuple syrien.

 

Syrie-Alep. Un quartier d’Alep, suite à un raid aérien effectué par les forces syriennes, le 24 Décembre 2013. Au moins 30 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. Samet Agence Dogan / Anadolu / AFP

Alors qu’une conférence de paix est prévue pour le 22 janvier à Genève (Suisse), le conflit syrien continue de faire des milliers de morts. Selon l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’année 2013 a été la plus sanglante depuis le début du conflit, avec 73 000 morts.

Bientôt trois ans après le début de la révolution, une issue favorable semble aujourd’hui bien éloignée. Les pseudo-interventions internationales, l’impunité de Bachar Al Assad, les islamistes, Samar Diab, de l’association Souria Houria, décrit la situation des Syriens.

 

LCDL : Quelle est la situation actuelle pour les civils en Syrie ?

Samar Diab : Depuis l’accord international sur les armes chimiques, la situation se dégrade, le régime est de plus en plus féroce. Il fait semblant de respecter son engagement en donnant les armes chimiques, mais de l’autre côté Bachar a les mains libres.

Le régime ment, dit qu’il a récupéré du terrain sur les rebelles mais c’est faux, les combats font rage. A  Alep, ces 15 derniers jours, les bombardements par des barils de TNT ont fait plus que 500 morts. Le régime ne vise pas simplement les rebelles, il vise réellement la population surtout dans les quartiers pauvres.

 

Quelles mesures sont prises contre les groupes islamistes ?

Le régime ne bombarde pas les endroits où se trouvent les islamistes les plus radicaux, il ne les vise jamais. La société civile se retrouve piégée entre les bombardements du Régime d’un côté, et les groupes islamistes qui agissent dans l’intérêt du Régime de l’autre.

Les groupes islamistes ne sont pas là pour soutenir la révolution, c’est tout à fait le contraire : Ils essaient de semer la peur dans les zones libérées, en kidnappant les journalistes et les activistes pacifiques.

Il y a deux jours ils ont attaqué Kafranbel, la ville résistante libérée, Icône de la révolution, en visant un immeuble qui contient des bureaux de communication (journaux, radio etc), ils ont volé le matériel et cassé le reste et kidnappé deux journalistes.

A  Douma, une petite ville libérée dans la banlieue de Damas, assiégée par le régime depuis des mois, il y a 15 jours, un groupe d’islamistes a attaqué dans cette ville le bureau qui veille à documenter les crimes du régime et archiver les prisonniers.

Le résultat de cette attaque est très douloureuse pour la révolution syrienne, car 4 de ses brillants militants ont été kidnappés, disparus depuis plus de 15 jours sans aucune nouvelle (parmi ces 4 activistes pacifiques il y a l’avocate Razan Zeitouneh, engagée et militante des droits de l’homme, récompensée par les prix Sakharov et Anna Politkovskaïa, poursuivie par le régime et mène une vie clandestine depuis 3 ans).

 

Qu’attendez-vous de la réunion du 22 janvier à Genève ?

Lors de Genève I, un plan d’action avait été défini et accordé : arrêter les tueries, libérer les prisonniers politiques, faciliter le travail de l’aide humanitaire…etc. Depuis rien n’a été fait. La première fois, le conseil national syrien (CNFOS) coalition nationale des forces et de l’opposition syriennes ne représentait pas toute l’opposition. Pour Genève II, il faut des demandes unies de l’opposition.

Il ne faut pas aller à Genève sans union. D’ailleurs on ne sait même pas si cette réunion va se faire. En un an et demi de Genève I, il ne s’est rien passé. L’aide humanitaire a été envoyée dans les territoires appartenant au régime, ce régime qui fait affamer et tuer son peuple ne va pas lui distribuer ces aides, c’est évident.

 

Que doit faire la communauté internationale ?

Qu’ils commencent par appliquer Genève I. Qu’ils ne se plient pas devant la propagande du régime syrien. Bachar Al Assad avait prévenu le monde entier en disant que c’était soit lui, soit la déstabilisation de toute la région.

La communauté internationale ne bouge pas, ce n’est pas « Non assistance à peuple en danger », elle ne fait pas pression sur ses gouvernements pour réagir et pourquoi le faire dans un pays comme la Syrie, qui n’a pas assez de pétrole et de gaz ?! Notre peuple est lâché par tout le monde.

 

Propos recueillis par F. Duhamel

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