Syrie : Damas se servirait de milices pour perpétrer des massacres

Article  •  Publié sur Souria Houria le 12 mars 2013

Selon les enquêteurs, les Comités populaires utilisent des enfants lors des combats et ont été intégrés, avec d'autres groupes, au sein d'une nouvelle force paramilitaire.

Selon un rapport de l’ONU présenté lundi 11 mars, le régime Assad se servirait de milices, y compris de comités populaires formés par les habitants dans certaines régions, pour perpétrer des massacres.

« Les massacres qui auraient été perpétrés par des comités populaires ont parfois pris des connotations interconfessionnelles », précise ce rapport de 10 pages de la commission d’enquête internationale et indépendante de l’ONU, qui reprend des éléments déjà publiés en février. A l’époque, les enquêteurs avaient mentionné, sans préciser, des opérations militaires à Damas et à Homs, ainsi qu’une attaque menée avec l’armée sur la ville sunnite de Bosra

NOUVELLE FORCE PARAMILITAIRE

Le rapport assure que certains des comités populaires, créés par les habitants face aux « groupes armés anti-gouvernement et groupes criminels », auraient été « formés et armés par le gouvernement » pour participer à des « opérations militaires ». Le rapport ne donne pas d’exemples concrets, parlant notamment de « fouilles maison par maison » ou de participation à des « arrestations massives » et de « pillages ».

Selon les témoins interrogés par les enquêteurs, les membres des comités populaires sont souvent décrits comme des chabihas, c’est-à-dire des milices pro-Assad. Les enquêteurs de l’ONU distinguent toutefois les chabihas des comités populaires, mais précisent que les deux utilisent des enfants lors des combats. Selon les enquêteurs, le régime a récemment commencé à intégrer ces comités populaires, avec d’autres groupes, au sein d’une nouvelle force paramilitaire appelée « les forces de défense nationale ».

Concernant les forces rebelles, le président de la commission, le Brésilien Paulo Pinheiro, a confirmé la présence d’étrangers, estimant néanmoins qu’ils représentent moins de 10 % des combattants.

LISTE CONFIDENTIELLE BIENTÔT REMISE AU HAUT COMMISSARIAT

Créée en 2011 par le Conseil des droits de l’homme, la commission enquête depuis septembre 2012 sur vingt allégations de massacres. Huit d’entre eux ont été corroborés par les enquêteurs, dont six commis par les forces de Bachar Al-Assad et deux par les forces armées anti-gouvernement.

Paulo Pinheiro a par ailleurs rappelé que tant les forces du gouvernement que celles opposées au gouvernement avaient commis des crimes de guerre. Mais en ce qui concerne les crimes contre l’humanité, il a accusé les forces du gouvernement d’en avoir commis davantage.

La commission a d’autre part élaboré une troisième liste confidentielle de personnes et groupes accusés d’avoir commis des violations des droits de l’homme. Cette liste, placée dans une enveloppe scellée, sera prochainement remise au Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, et pourrait être utilisée en cas de procès.

LA COMMISSION DANS L’IMPASSE

La commission a présenté de multiples rapports sur la Syrie, sans jamais recevoir le feu vert de Damas pour se rendre dans le pays où la guerre civile a fait plus de 70 000 morts depuis mars 2011, selon des estimations de l’ONU.

Les enquêteurs ont appelé à maintes reprises à une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité. Mais la Syrie n’ayant pas ratifié le statut de Rome, fondateur de la CPI, seule une résolution du Conseil de sécurité permettrait de saisir la cour. Or les membres permanents du Conseil de sécurité restent divisés sur la crise syrienne.

Face à cette impasse, une soixantaine de pays ont demandé lundi au Conseil des droits de l’homme de recommander la saisine de la CPI. De leur côté, les enquêteurs de l’ONU ont lancé un appel pour pouvoir être entendu de façon régulière et officielle par le Conseil de sécurité.

Pour sa part, l’ambassadeur syrien auprès de l’ONU, Faysal Khabbaz Hamoui, a sans surprise dénoncé un rapport « caractérisé par l’impartialité » et a indiqué que la Syrie était prête à mener « un dialogue national inclusif avec tous ses citoyens ».

source: http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/03/11/syrie-damas-se-servirait-de-milices-pour-perpetrer-des-massacres_1846355_3218.html