Syrie. Echos de l’assemblée générale de la Coalition nationale (1ère journée) – par Ignace Leverrier

Article  •  Publié sur Souria Houria le 28 mai 2013

Au cours de la première journée de son Assemblée générale, qui s’est ouverte hier à Istanbul, la Coalition Nationale des Forces de la Révolution et de l’Opposition Syrienne est parvenue à un accord entre ses membres sur trois sujets importants.

Logo de la Coalition nationale

– Elle a d’abord convenu de reporter à son 3ème et dernier jour de réunion les décisions concernant la présidence de la Coalition, le gouvernement provisoire et les fonctions de direction, qui devront faire l’objet d’un consensus et non d’un affrontement entre ses différentes composantes.
– Elle a ensuite accepté d’accueillir dans ses rangs 18 personnalités qui permettront d’élargir et d’améliorer sa représentation. La discussion se poursuit s’agissant de 7 personnalités supplémentaires.
– Enfin, concernant « Genève 2 », la Coalition s’est majoritairement entendue pour conditionner sa participation à l’annonce, au début de la Conférence en question, que le processus aboutirait au départ de Bachar al-Assad, à l’instar de la solution mise en œuvre au Yémen qui avait débouché sur l’abandon de sa charge par le président Ali Abdallah Saleh.

Selon son porte-parole, Khaled Abou al-Saleh, la Coalition nationale soutient toute conférence qui permettrait de passer du système dictatorial actuel à un gouvernement élu. Mais, en même temps, elle ne se rendra pas à Genève aussi longtemps que rien n’indiquera que Bachar al-Assad est sur la voie du départ.

Pour l’ancien président du Conseil National Syrien, Abdel-Baset Sida, « nous avons besoin de garanties internationales sérieuses concernant l’abandon de sa fonction par Bachar al-Assad », conformément à ce que l’opposition a constamment répété : « Pas de négociation sans assurances sur ce point ».

Reconnaissant que la faiblesse de l’opposition sert les intérêts du régime, l’avocatHaytham al-Maleh a déclaré que l’élargissement de la Coalition n’aurait guère de signification si celle-ci ne parvenait pas à se montrer plus efficace. Elle n’avait pas réalisé grand-chose et n’avait pas montré une grande capacité d’action, faute de vision.

Le Dr Burhan Ghalioun, premier président du Conseil National Syrien, a indiqué qu’il était probable que la Coalition se prononcerait finalement pour une participation à la Conférence de Genève. Elle ne pouvait pas laisser au régime le gain politique de la réunion, même si, à son avis, on ne pouvait envisager que celle-ci débouche sur un accord concernant le transfert du pouvoir.

Président démissionnaire de la Coalition, Ahmed Moazz al-Khatib a proposé une nouvelle initiative qui inclut la possibilité pour Bachar al-Assad et 500 personnalités choisies par lui de quitter le pays avec des garanties, en échange de son abandon du pouvoir. Il a justifié sa démarche, qui visait à « prévenir la dissolution de la Syrie, de son peuple et de son territoire, de son économie et de son tissu humain et social ». Il s’agissait d’une « initiative purement syrienne, dans sa conception comme dans son objectif ». Elle constituait un « ensemble cohérent, accompagné d’un calendrier de mise en œuvre très clair ».

Membre du Conseil National Syrien et de la Coalition, Ahmed Ramadan a précisé que « la réunion d’Istanbul n’avait pas encore discuté cette initiative », dont « le régime avait rejeté le contenu, en gros et en détail ». Selon lui, « cette réponse n’avait rien de surprenant », Bachar al-Assad ayant « toujours refusé le principe sur lequel elle reposait : le transfert du pouvoir, sa démission et la remise de la totalité de ses prérogatives à son vice-président Farouq al-Chareh ou à l’actuel chef du gouvernement Wa’el al-Halqi ».

Pour Rim Turkmani, membre du Courant de la Construction de l’Etat, l’initiative du président démissionnaire de la Coalition nationale ne mettrait pas fin à la guerre en Syrie parce qu’elle ne traitait pas les « racines de la crise ». Elle souffrait de plusieurs défauts et de graves lacunes, en particulier dans son dernier paragraphe qui appelait un gouvernement transitoire à « assumer la responsabilité de préparer et de mettre en place les institutions de la Syrie nouvelle ».

Lui aussi membre du Conseil National Syrien et de la Coalition nationale, Samir Nachar s’est finalement demandé « dans quelle mesure les révolutionnaires sur le terrain accepteront-ils de voir la Coalition se rendre à des négociations sans que cette condition – le départ de Bachar al-Assad – ait été réalisée ». Il a dit « redouter dans un tel cas qu’ils se désolidarisent définitivement de l’opposition politique ».

http://masar.ws/reports/1/177

source : http://syrie.blog.lemonde.fr/2013/05/24/syrie-echos-de-lassemblee-generale-de-la-coalition-nationale-1ere-journee/

date : 24/05/2013