Syrie. Echos de l’assemblée générale de la Coalition nationale (4ème journée) – par Ignace Leverrier
La Coalition Nationale des Forces de la Révolution et de l’Opposition Syrienne a poursuivi, dimanche 26 mai à Istanbul, ses consultations sur son élargissement et sur les conditions de sa participation à la conférence de paix « Genève 2 », à laquelle le régime d’al-Assad a annoncé qu’il se rendrait.
Pour sortir de l’impasse sur le premier point, la Coalition a décidé de procéder à un vote à bulletin secret sur les noms figurant sur deux listes de candidats, dont les vainqueurs rejoindront la Coalition. L’un de ses membres, Hicham Mroueh, a expliqué qu’il avait fallu « beaucoup de temps pour parvenir à s’entendre sur cette question, en raison du grand nombre de postulants ». Les participants se sont finalement mis d’accord sur un ensemble de noms, figurant les uns sur une liste de 25 noms, liste dite « de Michel Kilo », et les autres sur une liste concurrente plus réduite. Il a ajouté que « le vote aura lieu « ce soir » (dimanche), pour choisir les personnalités qui rejoindront la Coalition » et que le scrutin sera secret, condition nécessaire de son succès et de son acceptation par tous.
L’agence de presse turque Anatolie a révélé, de sources au sein de l’opposition, que l’ancien ambassadeur américain à Damas Robert Ford s’est réuni avec le secrétaire général de la Coalition, Moustapha Sabbagh. Il lui a fait savoir qu’il fallait absolument faciliter l’élargissement de la Coalition si celle-ci ne voulait pas perdre l’appui de deux grands Etats, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Selon la même agence, des diplomates des pays concernés par la question syrienne se sont mêlés aux consultations de couloir lors des réunions d’hier. Il s’agissait de diplomates français, américains, allemands, européens, émiratis et égyptiens.
Répondant à des questions d’Orient TV , Samir Nachar a affirmé que la controverse et les divergences sur la question de l’élargissement ont été provoquées par « la présentation, par Michel Kilo, d’une liste de 25 noms qui devait être acceptée telle quelle, ce que la Coalition a refusé parce qu’elle ne pouvait pas donner son aval à la totalité d’entre eux ». Interrogé sur la pertinence de l’opinion selon laquelle l’élargissement était destiné à faire pencher la balance au sein de la Coalition en faveur des « laïcs », au détriment des « islamistes », Samir Nachar a considéré ce point de vue « exagéré ». Il a ajouté : « A supposer qu’il existe un déficit de représentation d’une tendance ou d’une autre, la Coalition est ouverte à une formule d’équilibre. Mais, imposer des noms précis revient à créer un bloc politique inféodé à une personnalité particulière. C’est ce que la Coalition a refusé par principe ».
Pour Nizar al Hiraki, ambassadeur de la Coalition à Doha, « l’élargissement est destiné à faire entrer dans la Coalition des groupes qui n’en font pas encore parti, afin d’améliorer sa composition et d’élargir sa représentativité ». Il a contesté que cet exercice soit destiné à y réduire le pouvoir des « islamistes » et à faire pencher la balance en faveur des « laïcs ». Il a rappelé que, avant son élargissement, la Coalition comprenait 62 membres et que 28 d’entre eux, soit moins de la moitié, sont « islamistes » ou considérés comme tels. Les « laïcs » y disposent donc dès à présent d’une base plus large. Quant aux Frères Musulmans proprement dit, ils n’y sont représentés que par 4 membres.
Il a estimé que « l’élargissement en lui-même est une excellente mesure. La controverse a été provoquée par la tentative de s’appuyer sur de grandes puissances pour imposer des noms en particulier. C’est cette procédure, et non la personnalité même de Michel Kilo, qui a suscité des réserves, lesquelles, encore une fois, ne vont pas à sa personne ».
De sources médiatiques, on rapporte que les ambassadeurs américain et français, de même que l’émissaire arabe et international Naser al-Qoudwa, sont intervenus pour inciter les parties en présence à s’asseoir et à discuter pour parvenir à la solution de compromis qui permettra aux candidats d’entrer dans la Coalition. Cette dernière serait d’ores et déjà d’accord pour accueillir 21 des 25 personnalités figurant dans la liste de l’Union des Démocrates Syriens, en voie de création.
Sur la participation de la Coalition à « Genève 2 », destinée à régler politiquement la crise dans laquelle la Syrie se débat depuis plus de deux ans et qui a fait plus de 80 000 martyrs, Abdel-Baset Sida, ancien président du Conseil National Syrien, a estimé « nécessaire d’obtenir au préalable des garanties internationales et de fixer des échéances ».
Samir Nachar a indiqué à ce propos que « la Coalition est soumise à d’énormes pressions internationales, qui ne viennent malheureusement pas des Russes mais des Etats Unis et d’Etats européens », qui veulent absolument la voir siéger à Genève. Mais il a nié tout lien direct entre cette participation et la question de l’élargissement.
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date : 27/05/2013