Syrie: interrogations sur les auteurs des attentats – Par Catherine Gouëset

Article  •  Publié sur Souria Houria le 11 mai 2012

Régime et opposition syrienne s’accusent mutuellement des attentats qui ont tué 55 personnes ce jeudi. Mais, relèvent des experts, le régime est coutumier des manipulations, et les djihadistes sont assez peu présents en Syrie à ce stade.

Le double attentat de ce jeudi qui a fait au moins quarante morts est le plus meurtrier « en Syrie depuis le début de la révolte », selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le djihadisme n’est pas un phénomene déterminant pour l’instant en Syrie

Régime et opposition se sont accusé mutuellement de ces attaques. Depuis le début du conflit, Damas explique combattre un mouvement terroriste d’inspiration islamiste. S’il est impossible de savoir qui est derrière ce nouvel attentat, on ne peut que s’interroger sur d’éventuelles provocations de la part d’un régime qui préfère mettre la Syrie à feu et à sang plutôt que de céder la moindre parcelle de pouvoir.

Une pratique ancienne des attentats

« Il faut avoir en tête tous les scénarios et notamment celui qui nous renvoie aux manipulations qu’ont connu d’autres pays dans le passé, comme l’Algérie par exemple, pour accuser la mouvance « islamiste » de commettre des atrocités, afin d’effrayer le bloc silencieux de la communauté nationale ou internationale » expliquait à L’Express le politologue Salam Kawakibi de l’Arab Reform initiative* après les précédents attentats.

Il est surprenant que la présence des djihadistes reste assez limitée en Syrie

« Le jihadisme n’est pas un phénomene déterminant pour l’instant en Syrie », estime Peter Harling de l’International Crisis Group qui a publié en avril dernier un nouveau rapport sur la situation en Syrie. « Il existe des combattants étrangers, par exemple tunisiens ou libyens, mais rien n’indique a ce stade qu’ils soient en grand nombre », complète le chercheur, interrogé par L’Express. « Vu les formes de violence extrêmes que subissent de nombreuses communautes à travers le pays, il est d’ailleurs surprenant que la présence des jihadistes reste assez limitée ». Peter Harling y voit « le reflet d’une modération préponderante au sein de la société syrienne, même en milieu populaire.

Les spécialistes de la Syrie soulignent également que « les services de renseignement de la Syrie ont une longue tradition de coups tordus, y compris d’assassinats et d’attentats à la bombe au Liban, ainsi qiue la manipulation de groupes d’extrême islamistes », complète Ian Black, spécialiste du Proche-Orient au Guardian.

source: http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/interrogations-sur-les-auteurs-des-attentats-en-syrie_1113193.html