Syrie, Irak: des évènements révélateurs – par Michel Kilo

Article  •  Publié sur Souria Houria le 26 juin 2014

Les évènements en Syrie et en Irak depuis deux mois révèlent les dessous de la réalité au Levant arabe, une réalité résultant d’un régime politique basé sur des configurations pré-sociétales représentées par des confessions renfermées sur elles-mêmes et fossilisées.

Le régime syrien et irakien ont pris l’État en main et remodelé la société à leur image, se transformant en noyau dur d’un régime sectaire dans lequel ils contrôlent les postes de décision. Il n’est donc pas surprenant qu’ils opposent une résistance féroce à la révolution de la liberté menée par de vastes catégories du peuple syrien et aux justes demandes de vastes catégories du peuple irakien.

À l’instar du régime syrien qui a répondu aux demandes de réformes de son peuple par la violence après l’avoir accusé à tort de fondamentalisme, le gouvernement d’Al-Maliki a fait usage, de son côté, de la violence pour répondre aux demandes de traitement égal et de juste répartition des richesses. Ce gouvernement a accusé ceux qui ont formulé ces demandes de fondamentalisme et considéré le fait de les tuer et de détruire leurs villages et leurs villes comme une « guerre contre le terrorisme » malgré les mises en garde répétées des Irakiens, lesquels ont affirmé qu’ils ne se laisseraient pas opprimer en silence.

 

Aujourd’hui, les régimes syrien et irakien mènent deux guerres organisées contre leurs peuples respectifs. Assad offre de l’aide à Maliki qui lui avait fourni une aide militaire et financière, tant directe qu’indirecte, durant trois ans et demi de guerre contre le peuple syrien. Il n’est aussi pas étrange qu’Assad s’allie à Maliki contre ce qu’il qualifie de terrorisme, soit contre le refus des régimes de Damas et de Bagdad par les peuples de Syrie et d’Irak.

Il convient de noter qu’Assad soutient Maliki parce que ce dernier avait contribué à le sauver et à éviter la chute de son régime fin 2012 en envoyant des mercenaires irakiens défendre le régime d’Assad en Syrie.

Loin de faire partie de la révolution pour la liberté, le fondamentalisme est plutôt son exact contraire et aide les deux régimes à s’en débarrasser. Il est temps que les forces de la liberté s’organisent et reprennent l’initiative dans une société en rébellion pour la justice, l’égalité, la dignité humaine, la primauté du droit et un État de citoyenneté hostile à toute forme de violence, de lutte ou de conflit confessionnel ou sectaire. Un tel État traiterait l’être humain en tant qu’entité libre définie selon sa liberté et non selon une quelconque appartenance confessionnelle, sectaire, de classe, etc. Les régimes confessionnels syrien et irakien ont réussi à occulter la révolution de la liberté. Leur succès impose aux partisans de cette révolution de renouer avec ses enjeux et de la transformer en alternative au confessionnalisme et à ses systèmes qui ne résultent qu’en la décadence politique et spirituelle de l’être humain et de la société. Nous devons nous opposer avec détermination à une telle décadence et à ceux qui la combattent sous le couvert d’un confessionnalisme qui ne mène, à son tour, qu’à encore plus de mort, de destruction et de décadence.

Démocrates et laïcs de Syrie et d’Irak, partisans de la liberté, resserrez vos rangs et unifiez-vous. La bataille est loin d’être terminée, elle en est probablement encore à ses débuts !

 

source : http://www.huffingtonpost.fr/michel-kilo/guerre-irak-syrie_b_5525908.html?utm_hp_ref=france

date : 24/06/2014