Syrie : la Russie est une « excuse » à l’immobilisme de l’ONU
Pour le chef des Frères musulmans, le blocage de la Russie est « juste une excuse » dont se sert la communauté internationale pour ne pas aider les Syriens.
Le blocage de la Russie est « juste une excuse » dont se sert la communauté internationale pour ne pas aider les Syriens à renverser le président Bachar el-Assad, mais la chute de ce dernier est inéluctable, a affirmé jeudi le chef des Frères musulmans de Syrie. « La Russie est juste une excuse pour les autres puissances mondiales pour ne pas faire tomber le régime » syrien, a déclaré Mohammad Riad al-Shakfa, le chef de la puissante confrérie, qui constitue une influente composante de l’opposition syrienne.
La Russie, allié traditionnel de Damas, n’a cessé de dénoncer la politique d' »ingérence » occidentale et a bloqué jusqu’à présent toute résolution ouvrant la porte à des mesures contraignantes pour le régime syrien au Conseil de sécurité de l’ONU, où elle dispose d’un droit de veto en qualité de membre permanent. Moscou et Pékin ont déjà mis leur veto à trois projets de résolution. Shakfa a réitéré les appels de l’opposition à la communauté internationale pour qu’elle fournisse aux rebelles syriens des missiles antiaériens qui leur permettront de mettre fin aux bombardements incessants de l’aviation syrienne et de missiles antichars de longue portée.
Bilan meurtrier
Il a néanmoins assuré que « le peuple syrien aurait le dessus même sans ceux-ci ». « Le soutien de la communauté internationale accélérerait le départ d’Assad, peut-être même (aurait-il lieu) en moins d’un mois, et de nombreuses vies seraient épargnées dans le même temps », a-t-il estimé, ajoutant que de nouvelles violences contre les civils étaient à attendre d’un régime « qui sait que ses jours sont comptés ».
Mercredi, au moins 305 personnes ont péri dans les violences en Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début du conflit en mars 2011. Ce bilan meurtrier intervient alors que la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à agir. Les Frères musulmans syriens ont été interdits en 1963. Ils ont tenté en 1982 de soulever la population contre le régime, mais ont échoué et l’armée a réprimé durement la révolte. Ils occupent aujourd’hui une place importante au sein du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l’opposition syrienne.