Syrie : le Liban n’est plus épargné par la guerre

Article  •  Publié sur Souria Houria le 30 mars 2012

L’armée syrienne a mené, mardi, des incursions dans la région libanaise de Macharii al-Qaa. Sur place, des réfugiés syriens témoignent.

Lundi, l'armée gouvernementale syrienne a mené une incursion dans la zone d'al-Qaa, détruisant plusieurs bâtiments. Steven Wassenaar

 

Le Point.fr – Publié le 29/03/2012 à 15:02 – Modifié le 29/03/2012 à 18:22
Par RAPHAËL BEAUGRAND ET JACQUES DUPLESSY

Le conflit syrien n’épargne plus son voisin. Mardi 27 mars, l’armée syrienne a mené des incursions dans la zone frontalière libanaise, au niveau de la ville d’al-Qaa, détruisant plusieurs bâtiments et faisant plusieurs victimes civiles. Selon Damas, il s’agit d’accrochages avec des éléments de l’Armée syrienne libre. Sauf que, selon les témoignages de réfugiés syriens à al-Qaa, les victimes n’étaient pas que des déserteurs. Des civils auraient également été pris pour cible. Un engrenage peu surprenant au regard des enjeux humanitaires et militaires de cette zone géographique.

« On a entendu des coups de feu au niveau de la frontière. Ils ont commencé à tirer après avoir entendu des villageois qui essayaient de fuir au Liban », explique Anna, une Syrienne réfugiée à al-Qaa depuis octobre 2011. Survenues au moment où le président syrien effectuait une rare apparition publique dans le quartier détruit de Baba Amr à Homs, les incursions en territoire libanais sont une première depuis le début du conflit. « Quatre maisons ont été détruites et il y a eu plusieurs blessés », déplore cette femme qui a fui son pays avec son mari et ses deux filles. « L’armée a bloqué les frontières pour que les blessés ne puissent sortir de Syrie ou pour empêcher le passage des médicaments et du matériel de communication. »

Transfert d’armes

Il faut dire que la zone servirait également au transfert d’armes vers les soldats dissidents. Réfugié quelques kilomètres plus au nord d’al-Qaa dans le village de Wali Khaled, Youssef dément catégoriquement : « Les armes sont celles prises à l’armée syrienne », insiste-t-il. Un discours convenu démenti par d’autres combattants. Dans cette traque aveugle des déserteurs par le régime syrien, quelque 7 000 réfugiés syriens ont réussi à atteindre l’autre côté de la frontière. Un passage au compte-gouttes qu’ils doivent pour la plupart à l’aide de l’Armée syrienne libre. « Surtout ceux en provenance de Homs », précise Youssef.

Un soutien de taille quand on sait qu’il faut plusieurs heures de marche pour traverser la plaine de Bekaa, aujourd’hui investie par les mines. « Les civils syriens se sont approchés de la frontière pour entrer au Liban, mais en ont été empêchés par des bombardements », précise Anna. Un obstacle que d’autres sont parvenus à éviter, mais qui, une fois en territoire libanais, change de visage. « Le Hezbollah (une milice chiite qui soutient le président syrien Bachar el-Assad, NDLR) et ses alliés ont déjà arrêté des militants de l’Armée syrienne libre pour les remettre aux autorités syriennes », dénonce Hassan Al Adra, un responsable politique libanais du Courant du futur, parti de Saad Hariri, qui soutient l’opposition syrienne.

Depuis le début du conflit, les Nations unies estiment à 9 100 le nombre des victimes de la répression des manifestations, des attaques de l’armée sur les villes rebelles et des combats entre les soldats gouvernementaux et les déserteurs de l’Armée syrienne libre.

REGARDEZ. Des réfugiés civils syriens au Liban affirment avoir été pris pour cible par l’armée syrienne 

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