Syrie : les mauvais jeux diplomatiques déstabilisent la révolution – par Caroline Donati

Article  •  Publié sur Souria Houria le 3 avril 2013
Courage ou irresponsabilité ? Coup politique ou acte sincère ? Quoi qu’il en soit, la décision du cheikh Mouaz al-Khatib de jeter l’éponge à la tête de la coalition nationale des forces de la Révolution et de l’opposition syrienne a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Sa démission, annoncée dimanche 24 mars, intervenait dans la foulée de l’élection par la coalition d’un chef de gouvernement intérimaire, Ghassan Hitto, et alors que l’opposition s’apprêtait à recevoir le siège de la Syrie à la Ligue arabe.
Les deux hommes ont fini par se rendre ensemble à la réunion de la Ligue arabe, à Doha, mardi 26 mars. Ils forment un brillant tandem. Charismatique et extrêmement populaire en Syrie en raison de son franc-parler, le « cheikh Mouaz » séduit autant les forces révolutionnaires qu’il rassure la petite bourgeoisie syrienne et les interlocuteurs étrangers (voir Syrie: qui est Mouaz al-Khatib, nouveau dirigeant de l’opposition).
Pragmatique et déterminé, impliqué dans les réseaux humanitaires, Ghassan Hitto a les atouts pour rallier le Mouvement révolutionnaire et les grands entrepreneurs syriens, en dépit de ses années d’exil. Né à Damas, ce technocrate pieux, à l’arabe impeccable, a passé toute sa vie aux États-Unis, au Texas, où il était cadre supérieur dans une société de télécommunication jusqu’à l’automne dernier.
Ghassan Hitto et Mouaz al-Khatib à DohaGhassan Hitto et Mouaz al-Khatib à Doha© DR
Il n’empêche, il sera difficile de recoller les morceaux. Le séisme que sa démission a suscité, entraînant une intense couverture médiatique, a mis en images une opposition divisée et manipulée, jetant même l’opprobre sur l’élection de Hitto. Du coup, la victoire politico-diplomatique que constituaient l’élection du premier ministre intérimaire et l’obtention du siège de Bachar al-Assad à la Ligue Arabe, a été de facto occultée.
Dans cette séquence, les États « amis de la Syrie » ont déploré, comme une vieille rengaine, la désunion dans les rangs de l’opposition. Reste que celle-ci est en grande partie la conséquence des pressions contradictoires de ces mêmes États à l’encontre d’opposants affaiblis par le manque de ressources politiques, diplomatiques et matérielles.
Et c’est cette situation intenable que le chef de la coalition entendait dénoncer, en quittant ses fonctions. Il ne s’est d’ailleurs pas privé d’y faire référence devant le parterre des dirigeants arabes à Doha. (Voir son discours, sous l’onglet Prolonger de cet article.)
Dans le discours saluant l’élection de Ghassan Hitto, Mouaz al-Khatib n’avait déjà pas eu de mots assez durs à l’encontre de la communauté internationale « qui a manqué à ses devoirs envers le peuple syrien » et tous ceux qui avancent leur propre agenda faisant de la Syrie un terrain de jeu des rivalités internationales et d’intrigues régionales :
Ce leader dont la sincérité et la justesse ne laissent de marbre personne a mis les pieds dans le plat. « Les épreuves endurées par le peuple syrien (…) n’ont pas suffi à permettre l’adoption d’une résolution internationale autorisant les Syriens à assurer leur auto-défense, a-t-il répété dans sa lettre de démission postée sur sa page Facebook (voir ici). Ceux qui sont prêts à se soumettre reçoivent de l’aide. Ceux qui s’y refusent doivent supporter la faim et les privations. »
Al-Khatib n’a pas caché son agacement devant le comportement de certains opposants, les jeux de clientèles et les dysfonctionnements de la coalition. Néanmoins, son acte ne sanctionnait pas le choix de Hitto, dont il a salué les qualités, et l’« élection démocratique et transparente ». En cause, donc : les pressions extérieures, et non pas tant l’appui du Qatar et de la Turquie, au cœur de la controverse diplomatico-médiatique, que l’intervention intempestive de l’Arabie saoudite.
Selon nos sources au sein de la coalition, Riyad n’a pas fait dans la dentelle pour imposer son candidat au poste de chef du gouvernement provisoire. Malgré la préférence accordée à Ghassan Hitto à l’issue de la présentation de son programme, les relais de l’Arabie saoudite au sein de la coalition nationale syrienne ont sommé les opposants de voter pour leur candidat : le ba’thiste et laïque Moustapha Asa’ad, ancien ministre de l’agriculture sous les Assad. Contrairement aux idées reçues, les Saoudiens n’appuient pas des factions islamistes radicales, des ennemis en puissance de la monarchie saoudienne, mais bien les courants modérés et laïques.
Pourtant, leur consigne a été ignorée puisque le vote a ensuite confirmé Ghassan Hitto, avec 37 voix contre 10 pour son concurrent, et 2 pour un outsider. Sur les 56 personnes présentes (sur les 63 membres de la coalition), 7 ont boycotté les élections, malgré les efforts déployés par la direction collégiale, le cheikh Mouaz mais aussi le communiste Georges Sabra et la militante Souheir al-Atassi.
Clip de candidature de Ghassan Hitto, 16 mars 2013
De quoi mettre en rage l’Arabie saoudite, d’autant que son grand rival, le Qatar, avait fini par appuyer le candidat Hitto, après avoir soutenu en premier lieu Mustapha Asa’ad. Riyad et Doha sont tous deux favorables à la formation d’un gouvernement intérimaire et à son installation en Syrie, dans les territoires contrôlés par les révolutionnaires, sauf qu’il est inconcevable pour les Saoudiens que le premier ministre de cette instance soit soutenu par les Frères musulmans auxquels ils vouent une haine farouche.
La confrérie a en effet appuyé massivement Ghassan Hitto, lâchant son candidat, l’exilé Oussama Qadi. Alors même que Ghassan Hitto n’est pas un des leurs. Bien au contraire, ce technocrate qui pilotait depuis novembre dernier l’ACU (le bras humanitaire de la coalition) a le profil type de l’islamiste libéral. Rompus au jeu politique, les Frères l’ont cependant adoubé en raison de l’appui qu’il avait d’abord reçu de l’influent secrétaire général du Conseil national syrien (CNS), Moustapha Sabagh, proche du Qatar, mais surtout des représentants du mouvement révolutionnaire et de leurs alliés au sein de la coalition. Ces derniers disposent d’une majorité de blocage au sein de la coalition et d’une légitimité révolutionnaire. Ce sont eux qui ont poussé la candidature de Ghassan Hitto, après le retrait de l’ancien premier ministre Riyad Hijab.
Reste que l’appui des Frères et du Qatar a jeté l’opprobre sur l’élection, déclenchant une violente contre-attaque de l’Arabie saoudite et une reculade des Occidentaux.

Peurs occidentales

La télévision saoudienne al-Arabiya a ainsi invité à tour de bras les opposants qui avaient boycotté le vote, et Louay Moqdad, qui dirige une faction pro-saoudienne de l’Armée syrienne libre, annonçait au nom de l’ASL que les combattants ne reconnaissaient pas le premier ministre, faute de consensus… Annonce reprise en boucle par l’ensemble des médias.
Dans le même temps, Selim Idriss, le chef d’état-major reconnu de l’ASL, se refusait à toute déclaration, alors qu’il avait annoncé avant l’élection de Ghassan Hitto sa pleine collaboration avec le futur gouvernement intérimaire… Silence prudent. Car l’Arabie saoudite, avec l’aval américain, est le plus important fournisseur de l’aide militaire aux combattants rebelles. Aux yeux des Occidentaux qui s’alarment de la montée des extrémistes sur le terrain, Selim Idriss, qui a été nommé par 300 officiers et commandants de l’intérieur, en décembre dernier, fait figure de canal fiable.
C’est ce canal modéré, ajouté à « la caution Mouaz al-Khatib », qui a toute la confiance des Occidentaux, qui avait décidé Paris et Londres de livrer des armes à l’opposition et de pousser en faveur d’une levée de l’embargo européen (lire Les Européens se divisent sur l’armement de l’opposition syrienne). L’affaire est cependant loin d’être acquise, comme l’a montré la réunion européenne de Dublin, des 22 et 23 mars derniers, consacrée à cette question. Selon un proche de Mouaz al-Khatib, ce sont ces nouvelles tergiversations qui ont convaincu le leader de quitter ses fonctions.
Vidéo d’activistes de Homs qui tournent en dérision les réticences européennes : « Est-ce que tes mains sont propres ? »
Déjà incommodée par l’élection de Ghassan Hitto, estampillé à tort Frère musulman, la diplomatie française s’est empressée de temporiser son soutien militaire à l’annonce de la démission du cheikh Mouaz.
« Laurent Fabius semble moins allant que François Hollande qui appuie la livraison d’armes. Il semble redouter que les Français ne soient trop seuls avec une coalition affaiblie, explique l’ancien diplomate Ignace Leverrier, auteur du blog un œil sur la Syrie. Cela explique peut-être l’exhortation qu’il a lancée à la coalition à se rassembler et s’élargir. Ce faisant, les Français reprennent les critiques formulées par les intellectuels syriens à l’encontre du CNS et des Frères musulmans sans prendre en considération le poids réel de ces forces et d’autres, ancrées dans la société syrienne mais insuffisamment laïques à leur gré. »
Depuis, le président François Hollande a lui aussi fait marche arrière, et la France se retranche derrière un mot d’ordre : préserver coûte que coûte l’unité de la coalition nationale des forces de la Révolution.
De manière générale, dans les capitales occidentales, l’élection de Ghassan Hitto a été saluée du bout des lèvres. Même si cet exilé a plus les allures d’un Texan que d’un islamiste, sa filiation religieuse et l’appui dont il bénéficie de la part du CNS et des Frères musulmans dérangent les Occidentaux. Car ces derniers, à travers la formation de la coalition, avaient trouvé un moyen de limiter l’influence des Frères en donnant du poids à des personnalités nationales indépendantes et de surcroît laïques. Or, ce sont ces mêmes personnalités nationales de la mouvance laïque qui contestent le candidat Hitto et le projet de gouvernement intérimaire, à l’exception notable de la militante Souheir al-Atassi ou encore de Rima Fleïhan, des comités locaux de coordination.
De gauche à droite : Souheir al-Atassi, Georges Sabra et Ghassan HittoDe gauche à droite : Souheir al-Atassi, Georges Sabra et Ghassan Hitto© DR
« Les Américains se refusent à considérer le CNS comme un interlocuteur alors qu’il représente plus de 40 % des opposants de la coalition, souligne un fin connaisseur du dossier. On ne peut pas construire une alternative avec des personnalités qui n’ont aucune force réelle sur le terrain. » 
En appuyant ces interlocuteurs en qui elles voient des alliés, et en leur donnant des ressources diplomatiques en décalage avec leur poids réel, les puissances créent de nouveaux clivages et compromettent le dialogue existant entre laïques et islamistes (voir sur cette notion l’article de Thomas Pierret ici).
De fait, 70 personnalités s’affirmant de la mouvance laïque, et dont certaines siègent déjà au sein de la coalition, en sont venues à solliciter l’arbitrage de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité, avec l’appui de… l’Arabie saoudite, du moins de ses relais. Dans ce manifeste, elles réclament la formation d’un organe exécutif aux pouvoirs restreints au lieu d’un gouvernement intérimaire, et un rééquilibrage des forces au sein de la coalition par l’inclusion de 25 personnes cooptées au sein du « courant laïque et démocratique ».
Or le renouvellement de l’instance politique de la coalition, après l’élection de Ghassan Hitto, a déjà permis à des laïcs d’avoir la moitié des sièges.
Le cheikh Mouaz al-Khatib a lui-même plaidé pour une ouverture de la coalition à des personnalités laïques, mais à ses yeux, cet élargissement passe aussi par l’intégration de personnalités issues du courant islamique et des représentants civils de brigades aussi influentes que le Liwa al-Islam, le Liwa’ al-Tawhid ou le Front de Libération de Syrie.
Le leader au verbe facile n’a d’ailleurs jamais raté l’occasion de railler les peurs occidentales et ceux qui voient des islamistes derrière tous ceux qui portent une barbe. « On ne peut exclure que ce soit cette orientation qu’entendait critiquer Laurent Fabius en affirmant, lors de son interview sur Europe 1, lundi 25 mars, que “nous ne sommes absolument pas d’accord pour une dérive qui serait une dérive extrémiste” », ajoute Ignace Leverrier.

Etre sur le terrain

Mais il y a plus que « l’allergie » aux Frères musulmans ou « l’obsession islamiste » pour expliquer les réticences occidentales à l’élection de Ghassan Hitto et leur déconvenue suscitée par le geste de Mouaz al-Khatib.
Même si les puissances occidentales en viennent à livrer des armes à l’ASL, elles continuent d’appuyer une solution politique négociée. Il ne s’agit plus d’attendre une chute du régime, mais de rééquilibrer le rapport de force en appuyant militairement les rebelles pour imposer au régime des Assad une solution politique. Dans cette perspective, Washington pensait avoir trouvé un partenaire avec Mouaz al-Khatib qui, en février dernier, avait proposé un dialogue avec le régime pour mettre fin à la tragédie de son peuple.   
« À la différence de Ghassan Hitto qui est sur la ligne d’un gouvernement intérimaire et ne croit pas en des négociations car le régime ne peut faire des concessionsMouaz al-Khatib est en faveur d’une autorité exécutive ou encore d’une instance politique élargie, car former un gouvernement, c’est fermer la porte à des négociations », explique l’opposant Imad Eddine Rachid, membre du groupe politique le Courant national syrien.
D’où l’hostilité américaine à toute idée de gouvernement intérimaire. Washington plaide en faveur d’un gouvernement de transition nationale avec l’implication des Russes dans la ligne de l’accord de Genève de juillet 2012. Ce dernier prévoyait un gouvernement d’union nationale dans l’attente d’un départ de Bachar al-Assad, programmé pour 2014. Autant dire une capitulation pour l’opposition et les forces révolutionnaires. Et même si John Kerry aurait garanti à Mouaz al-Khatib qu’il ne saurait y avoir de négociation sans départ de Bachar al-Assad, la méfiance reste de mise.
En cela, l’élection d’un chef de gouvernement intérimaire (voir la page Facebook du gouvernement provisoire) constitue d’abord une réponse sans équivoque à la voie diplomatique américano-russe ou toute autre tentative d’imposer un compromis. Dans son premier discours de chef de gouvernement, Ghassan Hitto n’a pas manqué d’affirmer qu’il n’y aurait aucune négociation avec le régime des Assad et « qu’aucune puissance ou force au monde ne pourrait imposer des restrictions ou des ultimatums » aux Syriens. Le cheikh Mouaz a lui-même répété à Doha qu’aucun État ne saurait imposer de décision au peuple syrien ni lui dire comment et qui doit gouverner.
Élire un premier ministre visait aussi à arracher à la communauté internationale, et en particulier aux États-Unis, une reconnaissance politique et les ressources afférentes : les promesses d’aides bloquées et la rétrocession des avoirs extérieurs du régime, gelés dans le cadre des sanctions contre le régime de Bachar al-Assad.
De fait, la reconnaissance des États obtenue par la coalition n’est qu’une reconnaissance formelle. « Si nous constituons un gouvernement intérimaire, nous ne sommes plus un corps politique mais un interlocuteur officiel que la communauté internationale peut reconnaître », nous expliquait Monzer Makhous, l’ambassadeur de la coalition à Paris, qui n’a d’ambassadeur que le nom puisque l’ambassade syrienne à Paris est toujours occupée par l’ambassadrice de Bachar al-Assad…
Plus dommageable, l’absence de représentants de la coalition à l’ONU a fait des organisations syriennes gouvernementales les récipiendaires de l’aide humanitaire au détriment des populations des zones libérées (voir ici et ). Une aberration, alors que la coalition n’a reçu que des miettes des 500 millions de dollars d’aide promis par les « Amis du peuple Syrien » en décembre dernier.
« À ce jour, la coalition n’a perçu que 20 millions d’aide du Qatar », assure Sarah Karkour, responsable au bureau médiatique de la coalition. Les 60 millions d’aide américaine promis à la conférence de Rome, fin février, pour appuyer les besoins opérationnels de la Coalition n’ont toujours pas été débloqués. Si aide étatique il y a, elle ne passe pas en tout cas pas par la Coalition.
Autant dire que sans garanties financières, la marge de manœuvre du futur gouvernement de Hitto se trouve réduite, ce que redoutaient d’ailleurs le cheikh al-Khatib et une partie des opposants à la formation d’un gouvernement intérimaire.
De son côté, Paris n’est pas hostile à l’idée d’un gouvernement qui s’établisse en territoire syrien, sous l’autorité de la coalition, « le moment venu » et « si les conditions sont réunies », pour permettre à cette instance d’être opérationnelle. Difficile, si les États-Unis ne suivent pas. Or, ils ne le veulent pas. « Si les États-Unis ne veulent pas reconnaître le gouvernement, c’est surtout parce que cela les engage à lui assurer une protection », reprend le fin connaisseur du dossier. Washington et l’Otan dans la foulée ont une nouvelle fois refusé la demande des opposants de leur fournir la couverture aérienne pour les protéger des tirs de missiles Scud.
Ces manœuvres diplomatiques ne sauraient faire oublier l’essentiel : c’est sur le terrain que se construit l’alternative légitime, avec les forces en présence et les réseaux de la diaspora. « Jusqu’à présent, les conseils locaux ont fait au mieux, l’établissement d’un gouvernement provisoire doit pouvoir les appuyer dans leur tâche et combler le vide entre le peuple et l’opposition », argue un journaliste citoyen d’Alep, interrogé sur Skype.
À miser sur une légitimité extérieure, « l’opposition des hôtels » (en référence aux exilés) perd tout crédit à l’intérieur, source de la légitimité réelle. C’est de leur devoir de s’installer en Syrie, auprès de la population, dans la Révolution, même si les conditions sécuritaires exigent de sortir ponctuellement, écrivait le 24 mars l’intellectuel Yassine al-Hajj Saleh qui vit toujours en clandestinité en Syrie.
Prenant acte du blocage diplomatique, certains opposants ont déjà sauté le pas. Et c’est bien cette nécessité de venir en appui des comités locaux et des populations, au Nord comme ailleurs, qui a poussé les représentants du Mouvement révolutionnaire de la coalition à appuyer la candidature de Ghassan Hitto. Ce dernier a l’expérience des réseaux humanitaires et en a donné l’exemple au sein de l’ACU qu’il a rejoint en novembre dernier. Il a surtout commencé à tisser des liens avec les forces révolutionnaires – civils et militaires –, dont il a rencontré des représentants en Turquie. Son nom n’est pas totalement inconnu en Syrie : l’an dernier, son fils, Obeida Hitto, a lâché ses études tranquilles aux États-Unis pour rejoindre la Révolution, à Deir Ezzor, aux côtés des comités locaux et de l’ASL.
Ghassan Hitto entre en Syrie sous l’escorte du chef de la brigade Liwa al-Tahwid
Ghassan Hitto entre en Syrie sous l’escorte du chef de la brigade Liwa al-Tahwid© DR
C’est d’ailleurs le chef des Liwa al-Tahwid, une brigade influente de la région d’Alep, qui a escorté le premier ministre lors de sa première entrée en Syrie. Alors que la coalition et ses parrains s’entre-déchiraient, Ghassan Hitto se rendait dans le nord d’Alep pour y rencontrer des chefs de l’ASL et des membres du conseil régional d’Alep récemment élus.
Symbolique, cette première visite éclair initiait la série de consultations que l’intéressé entend mener pour former son gouvernement intérimaire, qui doit inclure au moins pour moitié des cadres de l’intérieur et ambitionne de siéger à Alep. Les élections du conseil régional d’Alep, qui se sont déroulées, début mars, avec les représentants de la coalition de la région (voir ici), ont déjà préparé la voie. Ghassan Hitto a personnellement établi des contacts avec le conseil municipal d’Alep. Dans cette nouvelle instance élue, les Frères musulmans n’ont obtenu qu’un siège…

source : http://www.mediapart.fr/journal/international/010413/syrie-les-mauvais-jeux-diplomatiques-destabilisent-la-revolution

date : 02/04/2013