Syrie : les observateurs de l’ONU abandonnent les manifestants – par Armin Arefi
REGARDEZ. Deux Jeep des Nations unies ont quitté une manifestation pacifique alors qu’elle subissait des tirs gouvernementaux.
La scène est à couper le souffle. Au troisième jour de leur arrivée en Syrie, les six observateurs de l’ONU décident de se rendre à Erbine, à 7 kilomètres au nord-est de Damas. Leur mission, veiller au respect du cessez-le-feu promis il y a une semaine par Bachar el-Assad à Kofi Annan, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe. Sur place, les agents onusiens sont vite rattrapés par l’implacable réalité. Des terroristes armés ? Des djihadistes surentraînés ? Non, ce sont des centaines de manifestants syriens qui défilent en paix, ceux-là même qui défilent à travers le pays depuis plus d’un an.
Agitant les drapeaux vert et noir de la révolution, ils scandent : « Le peuple veut des armes pour l’Armée syrienne libre », en référence à l’armée de soldats syriens dissidents qui s’est donné pour mission de les protéger des exactions de l’armée. D’autres manifestants brandissent une pancarte sur laquelle il est écrit : « Observez de quelle façon Bachar extermine son peuple. » Les deux Jeep des observateurs, frappées du sigle UN (pour United Nations, NDLR), sont accueillies à bras ouverts. Pour les manifestants, elles sont les garantes de leur sécurité : difficile d’imaginer les forces de sécurité syriennes tirer à bout portant sur les véhicules des Nations unies, vu le scandale international que cela provoquerait.
100 morts depuis le cessez-le-feu
Enhardis par cette protection qu’ils n’attendaient plus, les contestataires frappent des mains, tandis que d’autres en profitent pour coller une affiche à l’arrière de l’un des 4×4. On peut y lire : « Le tueur continue à tuer, les observateurs continuent à observer, et le peuple continue sa révolution. » Or l’euphorie est soudain interrompue par des tirs, soulevant un amas de poussière. L’impensable devient réalité. La foule est prise de panique. « Allah Akbar », crie-t-elle pour surmonter sa peur. Tandis que la majorité fuit, certains tentent de trouver refuge derrière le véhicule de l’ONU. Mais celui-ci accélère. Un manifestant syrien s’interpose alors devant le second véhicule en se cramponnant à son bouclier avant. En vain. La Jeep s’empresse de quitter les lieux, laissant les manifestants totalement esseulés. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), huit personnes ont été blessées lors de ces tirs qu’il attribue aux forces gouvernementales.
Au total, plus de 100 personnes ont péri durant la semaine qui a suivi l’instauration du cessez-le-feu, mais voyant « une chance de progrès », Ban Ki-moon, le chef de l’ONU, a recommandé l’envoi d’une équipe élargie de 300 observateurs dans le pays.
REGARDEZ. Les observateurs de l’ONU abandonnent les manifestants syriens : http://bcove.me/9s5xjlgw