Syrie. Mort du photographe français Olivier Voisin

Article  •  Publié sur Souria Houria le 25 février 2013

Syrie. Mort du photographe français Olivier Voisin

Atteint au bras et à la tête par des éclats d’obus près de la ville syrienne d’Idlib le jeudi 21 février, Olivier Voisin est décédé des suites d’une hémorragie cérébrale à 00h45 dimanche, dans la ville turque de Hatay, l’ancienne Antioche. Il avait rapidement été évacué par les rebelles syriens eux-mêmes vers la Turquie, d’où il devait être rapatrié vers la France. Mais son état de santé n’avait pas permis un transport par avion. Les médecins de la clinique privée où il était soigné ont en outre déclaré n’avoir pas été capables d’endiguer son hémorragie cérébrale.

Né en 1974, Olivier Voisin avait couvert de nombreuses zones de conflit, dont les territoires palestiniens, puis plus récemment la Libye et la guerre civile syrienne, qui a déjà causé plus de 60000 morts ces deux dernières années. Il avait notamment photographié la prise d’Alep par les rebelles syriens en août 2012 pour le journal «Libération».

Il était ensuite retourné plusieurs fois en Syrie au cours de l’année. Olivier Voisin avait brièvement collaboré avec Paris Match en décembre 2012 pour aller passer Noël avec les chrétiens d’Alep, côté gouvernemental. Mais les visas que lui avait accordé le gouvernement syrien, ainsi qu’à notre reporter Alfred de Montesquiou, avaient été annulés au dernier moment sans explications par Damas.

Les tirs d’artillerie « qui tombent toutes les 20 minutes »

Il était ensuite retourné en janvier, en freelance, couvrir l’action des rebelles au nord de la Syrie, collaborant occasionnellement avec l’AFP. Blessé aux abords d’Idlib en fin de semaine, il s’était joint à une unité qui se préparait à attaquer la ville de Hama.

Face à la précarité financière et professionnelle des photographes freelance, Olivier Voisin s’était récemment associé à plusieurs collègues pour fonder une agence de photographie indépendante.

Né en Corée du Sud, Olivier Voisin avait été abandonné très jeune par sa mère naturelle et adopté par une famille française résidant en Bourgogne. Il y a quelques années, il était retourné en Corée à la recherche de sa mère biologique, qu’il avait finalement retrouvée aux Etats-Unis.

Olivier Voisin allait avoir 39 ans le 1er mars prochain. Le 20 février, la veille de ses blessures, il avait écrit une lettre à une amie italienne, Mimosa Martini, évoquant les conditions difficiles du métier de photographe de guerre en Syrie. Il évoquait les tirs d’artillerie, «qui tombent toutes les 20 minutes»: «Le problème (c’est que) j’ai la sensation qu’ils tirent à l’aveugle et ont quand même des canons assez puissants pour couvrir une vingtaine de kilomètres». Olivier Voisin poursuivait en rappelant qu’Alep «vient d’être déclarée la semaine dernière la ville la plus détruite depuis la seconde guerre mondiale, depuis Stalingrad». Il concluait la missive par ces termes: «Aucune drogue (ne) sera aussi puissante que l’adrénaline, qui d’un coup fait jaillir en nous des sensations incroyables, notamment celle de vouloir vivre»…

source: http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Syrie.-Mort-du-photographe-francais-Olivier-Voisin-466939/