« Une société qui est dans le déni de ses responsabilités est une société en péril »

Article  •  Publié sur Souria Houria le 10 février 2016

PAR  COLLECTIF

Confluence, lieu d’engagement artistique parisien, consacre la première édition de son festival « Péril(s) » du 11 février au 19 mars à trois thématiques sensibles : la situation en Syrie en donnant la parole à des artistes et des exilés syriens ; l’émergence d’utopies dans le monde du travail malmené par l’offensive néolibérale ; l’état de la société française et de ses inégalités. Au programme : concerts, débats et projections. Autant de formes artistiques et de points de vue permettant d’échanger et réfléchir sur notre situation actuelle.

Péril Jeune !, c’est le nom du festival que Confluences consacre depuis huit ans à la création émergente. L’année 2016 sera celle de tous les Péril(s) pour se consacrer à certains plus particulièrement dans cette première édition : Syrie, travail, société et déni.

Parler de péril(s), c’est dire qu’il y a danger. Danger à ne pas voir le danger là où il se trouve et à ne pas le combattre. Danger de souscrire au fatalisme et d’accepter la guerre, la crise, la catégorisation des individus et la montée des nationalismes. Le péril, c’est nous avant d’être les autres.

Après avoir fait le choix d’accueillir des réfugiés syriens, Confluences a souhaité faire la part belle aux artistes et penseurs syriens, afin qu’ils prennent le temps de s’exprimer sur des années de lutte politique, sur l’exil et ses conséquences, le rapport entre art et politique, la révolution spoliée, des espoirs à construire. Soutenons-les, ils en ont besoin, la culture syrienne doit continuer à se perpétuer. Car malgré les terribles conséquences de la guerre civile qui ravage leur pays, malgré le discours qui tendrait à faire de chaque Syrien un terroriste en puissance, des femmes et des hommes veulent croire encore que la Syrie est un peuple et une nation.

Quelles utopies pour le monde du travail ? Confluences a invité des artistes qui s’interrogeaient sur le monde de l’entreprise et le travail en usine : où en sommes-nous ? Avons-nous d’autres modèles à proposer ? Pouvons-nous échapper aux lois du marché ? Pouvons-nous mettre fin à l’aliénation du travail à la chaîne ? Les usines ne sont-elles pas des bombes à retardement pour notre environnement ?

Parler de notre environnement politique et social en France, c’est aussi la question. Que dire d’une société qui fait état de laissés-pour-compte, sans accorder à tous des conditions de vie décentes ? Y aurait-il des femmes et des hommes de sous-catégorie dont l’ethnie, le sexe, la religion, l’état de santé et la précarité les priveraient des droits octroyés aux autres ? Nationalismes et revival néocolonial remettent ces idées au goût du jour, justifiant la stigmatisation et le massacre des uns pour le bien-être des autres. Une société qui est dans le déni de ses responsabilités est une société en péril.

Enfin, Confluences lui-même est en péril. En dépit de l’obtention d’un plan de redressement judiciaire, les problèmes financiers du lieu persistent. Après des années d’équilibrisme, nous n’en sommes plus à crier au loup, il y a péril en la demeure.

Pour autant, votre présence à tous est très importante. Parlons et débattons ensemble de ce qui fait péril aujourd’hui autour des nombreuses propositions du festival : installations, expositions, films, spectacles, concerts, débats, repas, rencontres, librairie. C’est aussi l’occasion pour Confluences d’inaugurer de nouveaux partenariats avec l’association syrienne Souria Houria, l’association de soutien aux réfugiés syriens Revivre, l’association Sortir du Colonialisme et la revue Orient XXI.

Ariel Cypel et Judith Depaule